Le football français,
héritier de l’immigration. Le documentaire magistral
d’Éric Cantona.
Ouvriers. «L’immigration est un sujet qui me touche. J’ai voulu me servir du football pour regarder l’histoire, bref, raconter l’immigration à travers ce sport.» Éric Cantona parle, posément, il se veut concis et direct – nous l’aimons aussi pour sa franchise, son intelligence et la fermeté de ses convictions. Il n’a rien à vendre, ne souhaite surtout pas se justifier ; il s’en moque d’ailleurs. Ce qu’il veut, avec autant de relatives et d’incidentes que nécessaire, c’est expliquer de fond en comble ce qui lui tient à cœur. Le bloc-noteur doit ainsi l’avouer: le documentaire que l’ex-king de Manchester a réalisé (avec Gilles Perez), intitulé Foot et immigration, 100 ans d’histoire commune, diffusé dimanche dernier sur Canal Plus, fut un tel bonheur qu’il n’est pas inutile d’y revenir pour le promotionner encore et encore et inciter tous ceux qui le peuvent à le visionner, par tous les moyens disponibles, replay et autres. Les quatre-vingt-cinq minutes débutent par une idée simple, que nous pourrions résumer ainsi et décliner à nos enfants: au départ, le football était aristocratique, il fallait dribbler pour aller marquer, seul, un but ; après, les clubs ouvriers sont arrivés et le football est devenu un sport d’équipe et de solidarité ; en France, les fils d’immigrés du football ont perpétué cette tradition. Voilà. L’essentiel est dit.
jeudi 20 novembre 2014
lundi 17 novembre 2014
Un Etat palestinien !
Plus de 130 pays ont déjà reconnu unilatéralement la Palestine comme État, depuis sa proclamation en 1988 par Yasser Arafat. Le 28 novembre, les députés français devront se déterminer clairement.
Tous les commentateurs médiacratiques devraient aujourd’hui lire l’Humanité et bien choisir, dans le ronflement sournois de l’actualité, entre l’écume des choses et l’imagination du monde qui ne renonce pas. Il n’est pas si fréquent d’avoir à tutoyer l’histoire, pour prendre date, cela va de soi, mais aussi et surtout pour la convoquer. Dans nos colonnes, cinq grandes voix israéliennes, parmi 660 autres, dont Élie Barnavi en personne, l’ex-ambassadeur d’Israël en France, exhortent l’Europe, et singulièrement notre pays, à se prononcer «pour» la reconnaissance d’un État palestinien. Il n’y a pas de hasard et nous voulons croire que le moment porte en lui quelque chose d’inédit pouvant arracher aux ténèbres la lumière attendue par tout un peuple. Une lumière capable de nous sortir de cette guerre de Cent Ans, qui n’en est qu’à mi-course et qui a ensanglanté des générations et mis plusieurs fois en péril la paix de toute la région.
Tous les commentateurs médiacratiques devraient aujourd’hui lire l’Humanité et bien choisir, dans le ronflement sournois de l’actualité, entre l’écume des choses et l’imagination du monde qui ne renonce pas. Il n’est pas si fréquent d’avoir à tutoyer l’histoire, pour prendre date, cela va de soi, mais aussi et surtout pour la convoquer. Dans nos colonnes, cinq grandes voix israéliennes, parmi 660 autres, dont Élie Barnavi en personne, l’ex-ambassadeur d’Israël en France, exhortent l’Europe, et singulièrement notre pays, à se prononcer «pour» la reconnaissance d’un État palestinien. Il n’y a pas de hasard et nous voulons croire que le moment porte en lui quelque chose d’inédit pouvant arracher aux ténèbres la lumière attendue par tout un peuple. Une lumière capable de nous sortir de cette guerre de Cent Ans, qui n’en est qu’à mi-course et qui a ensanglanté des générations et mis plusieurs fois en péril la paix de toute la région.
vendredi 14 novembre 2014
Chant(s): la haute ambition de la langue
Zidane comme vous ne l’avez jamais lu,
dans un roman de Philippe Bordas.
Puissance. Ceux qui voient vite sont rares ; ceux qui écrivent plus loin qu’eux-mêmes aussi. Avec son roman "Chant furieux" (Gallimard), Philippe Bordas vise à hauteur des dieux, comme souvent avec lui, et s’il a décidé de célébrer l’un de ceux du football, Zinedine Zidane, il nous livre un monument de prose de près de 500 pages qui touche à l’exception, comme miroir des exploits d’antan du champion du monde 1998. La trame de l’histoire est simple: Mémos, un photographe (tout comme Bordas), suit la star de l’équipe de France durant trois mois, à la demande d’un éditeur. Cent jours en apnée et en chorégraphie footballistique, à la conquête éperdue d’un personnage singulièrement médiatique. Voici le récit romanesque d’une figure en chevalier, à la croisée de destins en apparence dissemblables mais qui deviennent, par la force de la littérature, la Chanson de Roland moderne et épique d’une aventure à perdre le souffle tant la puissance du verbe et des mots dribble tout ce que vous avez déjà lu sur le sujet. Bordas nous avait déjà stupéfié par son génie de la langue, en 2008, avec "Forcenés" (Fayard), dans lequel il livrait à la légende moribonde du cyclisme l’un des plus beaux textes jamais écrits, œuvre de mémoire à nulle autre semblable. L’ambition s’avère encore une fois identique, tant et tant que certains critiques disent avoir ressenti quelque chose d’étouffant dans cette lecture qui ne laisse pas indemne par son exigence et son intensité.
L’intégration sociale bientôt privée de logements?
Les HLM sont en danger, face aux tentatives de privatisation et de marchandisation.
L’entreprise de démolition est là, sous nos yeux, et nombreux s’amusent encore à détourner leur regard, non par simple esprit de pudeur, ce serait au moins pardonnable, mais par goût cynique des commodités d’usage. La réalité devrait pourtant s’imposer à tous, révélant ce qu’il y a de plus cru à voir et à constater: jamais dans notre histoire récente, disons depuis plus d’une génération, la France n’a connu une telle crise du logement. Année après année, les indicateurs, quels qu’ils soient, continuent d’afficher le rouge vif. Tous les organismes référents, toutes les associations concernées n’en finissent plus de tirer les signaux d’alarme. Près de quatre millions de personnes sont actuellement mal logées dans notre pays, parmi lesquelles 800 000 enfants. À ces premiers chiffres essentiels, ajoutons en deux autres vertigineux : près de deux millions de nos concitoyens se trouvent en situation d’impayés ; sept millions sont officiellement en situation de «réelle fragilité», pour reprendre la terminologie consacrée…
dimanche 9 novembre 2014
Gauche: du bon usage d’une catastrophe?
Une seule solution d'urgence: engager un processus permettant d’en finir avec Valls...
Inutile de se revendiquer prophète de légende pour noyer le malheur passé ou futur par l’étalement dans le temps du mystère et de la cruauté en politique, qui, souvent, cassent le cœur des hommes. Chacun sait exactement ce qu’il est en train d’advenir de notre pays, et singulièrement de la gauche, si l’on ne change rien. Nous parlons là de cette gauche vraiment de gauche que souhaiteraient voir disparaître Hollande et Valls mais à laquelle des millions de Français n’ont pas renoncé. Pour une raison simple. Ces citoyens, qui savent encore se hisser plus haut que l’horizon, n’ont pas disparu depuis deux ans et demi. Ils sont juste meurtris, sidérés, écœurés et/ou découragés par les politiques qui ont tourné le dos à la gauche ferme sur ses principes en pariant sur sa décomposition, non sa recomposition. La République elle-même, atteinte dans le primat universel de son projet collectif, se délite plus vite que jamais, aspirée elle aussi par la machine à broyer l’espérance et les alternatives crédibles.
vendredi 7 novembre 2014
Non-lecture(s): quand une ministre nous afflige...
Adieu
la Culture,
Fleur Pellerin n’a pas lu
un livre depuis deux ans.
Temps. Fleur Pellerin n’a donc «pas le temps» de lire. Sous-entendu: «À quoi bon lire quand on manque de temps.» Ou pire: «Aucune place pour le livre dans un agenda surchargé.» Bienvenu chez les énarques en politique, capables de répliques spontanées d’autant plus sincères (sic) qu’ils ne voient jamais où est le problème et pourquoi certains de leurs comportements ou propos «disent» quelque-chose de pourri au royaume de notre époque. Avez-vous lu le dernier
Modiano? Bah, non… Quel est le livre du prix Nobel que vous avez préféré? Euh… Et le coup de grâce: je n’ai pas ouvert un livre depuis deux ans… Pensez-donc, avec toutes ces responsabilités, il faudrait en plus se disperser en énergie dans la littérature, dans les récits, dans les essais? N’y pensez même pas, chassez définitivement les paroles frémissantes, le souffle puissant, la carcasse immense, celle du poète ou du romancier qui donnent de la matière et de la chair aux mots, des ailes à l’esprit, toujours en avance d’un horizon, jamais à court d’invention, donc d’espoir. Pas le temps, cela ne se discute pas ; pas le temps, cela ne se négocie plus ; pas le temps, d’ailleurs à quoi bon en perdre.
Songes. Frères de livres, séchez vos larmes. C’était bel et bien la ministre de la Culture qui avouait ainsi ne pas avoir lu un livre depuis deux ans, préambule surréaliste à la semaine des principaux prix littéraires distribués dans ce pays si singulier, la France. Vous vous souvenez, la France?
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