jeudi 23 juillet 2009

Contador n’aime pas certaines questions…

Scène assez significative, ce jeudi soir, lors de la conférence de presse du vainqueur de l’étape du jour, et probable futur héros du Tour 2009, Alberto Contador, qui, comme chacun l’aura compris, grimpe, roule et écrase la Grande Boucle.

Avant de raconter la fameuse scène, remettons-nous dans le contexte de cette journée, marquée par la publication, dans les colonnes du quotidien du soir, Le Monde, d’une chronique de l’Américain Greg LeMond, qui, depuis le départ de Monaco, avec un talent certain et un goût prononcé pour la liberté de pensée, s’emploie chaque jour à griffonner de sa plume le cyclisme actuel. Précisons qu'il le fait sans aucun cynisme mais avec une intelligence et un amour du vélo indiscutable…

Ainsi, dans sa dernière livraison, l’Américain ose-t-il s’interroger ouvertement sur les performances d’Alberto Contador. Rien que ça. Prenant comme point de référence sa prestation dans la montée de Verbier, dimanche dernier, LeMond écrit que l’Espagnol y a établi ce jour-là un « record de vitesse », parcourant les 8,5 km de montée (7,5% de pente moyenne) en 20’55’’. LeMond s’est donc gratté la tête et l’assure : « Jamais un coureur du Tour n’avait grimpé aussi vite. (…) Le coureur espagnol aurait eu besoin d’uneVO2max (2) de 99,5 pour produire cet effort. A ma connaissance, c’est un chiffre qui n’a jamais été atteint par aucun athlète, dans aucun sport. »

LeMond se permet ensuite d’ironiser : « C’est un peu comme si une belle Mercedes sortant d’un salon automobile s’alignait sur un circuit de Formule 1 et remportait la course. Il y a quelque chose qui cloche. Il serait intéressant de savoir ce qu’il y a sous le capot… »

Voilà pour le contexte. Lors de la conférence de presse de ce jour de Contador, le journaliste du Monde, justement, Mustapha Kessous, a tenté de poser la question à l’Espagnol : « Greg LeMond met en doute vos performances, que répondez-vous ? » Aucune réponse de Contador, sinon celle-ci : « Question suivante. » Nullement impressionné, notre confrère, attendant de nouveau son tour, demanda au cycliste de répondre à sa question antérieure… Contador, irrité, refusa de répondre.

Juste après, un journaliste étranger prit alors son courage à deux mains et demanda : « Monsieur Contador, quelle est votre VO2max ? » Là, il n’y eut pas d’incident notoire à signaler. Sauf qu’Alberto Contador se leva et quitta la salle de presse, tout simplement. Fin de conférence.

Nous pensions que le cyclisme avait changé et que poser une question, même dérangeante, appelait nécessairement une réponse – quelle qu’elle soit. Contador, gêné, a choisi la fuite. Attitude d’autant plus ridicule que, ce soir, tout le monde ne parle que de ça, chacun cherchant à connaître le chiffre exact de sa VO2max, d’aujourd’hui, d’hier, d’avant-hier, quand il était plus jeune…

A n'en pas douter, la question reviendra en conférence de presse d'ici dimanche soir...

A plus tard…

3 commentaires:

stéphane a dit…

Oui, il est évident que Contador est dopé comme un bourrin, mais je ne suis pas certain que ses suivants le soient moins que lui.

Pour ce qui est de sa domination en montagne et dans les chronos, il rappelle le Charly Gaul de 1958.

Vainqueur de 2 chronos en plaine ( dont le 1er devant Anquetil..), vainqueur du chrono du Ventoux, et écrasant de domination dans la Chartreuse.

De toute façon, j'estime que les cadors du cyclisme tournent encore au dopage sanguin, et Contador est peut-être le vainqueur du Tour le moins "ridicule", parmi ceux-là.

Un Wiggins ou un Armstrong vainqueur du Tour, ça aurait eu l'air de quoi ??

Au moins, Contador est jeune et trés doué. Il est dans le même registre, au milieu de ces années EPO, qu'un Ullrich ou qu'un Pantani.

A tout prendre, je préfère ces coureurs aux Riis, Armstrong et Sastre, voire Indurain..

Loïc a dit…

Voici un lien vers un article très intéressant (et un site remarquable, objectif et plein d'humour) qui justifie pleinement les craintes de Lemond :

http://www.cyclismag.com/article.php?sid=5184

Je suis plutôt d'accord avec Stéphane, sauf en ce qui concerne Sastre, certes chargé lui aussi mais qui, grâce à ses qualités de grimpeur, fait partie selon moi des coureurs qui auraient pu remporter un hypothétique "Tour propre", au contraire effectivement d'Armstrong ou de Riis, dont le potentiel "naturel" est beaucoup trop limité pour viser le général sur trois semaines.
Et tant que j'en suis aux liens, en voici un non moins remarquable, vers un site incroyablement riche et précis :

http://www.cyclisme-dopage.com/

Un grand coup de chapeau en tous cas à Mustapha Kessous pour avoir eu les couilles, dans un environnement hostile, de faire son boulot, tout simplement...

Anonymous a dit…

Si il y a bien un domaine ou Armstrong reste le meilleur, et de loin, c'est en terme de communication et d'aura médiatique.

Contador aurait de bien belles leçons à recevoir du "boss", dans ce domaine.

Armstrong, lui, ne prenait jamais la fuite, il répondait à tout, parfois par l'intox.

Et pourtant, les 6 traces d'EPO du Tour 99, et pourtant, l'affaire de l'actovegin du Tour 2002, et pourtant, l'affaire des corticoides du Tour 99, l'affaire de la "douche" de 30' devant le contrôleur de l'AFLD, etc...En matière de casseroles, Armstrong surpasse même Rasmussen et Di luca, mais il nous a répété qu'il fallait "croire aux miracles" !!!

Contador, lui, s'est fait piéger comme un bleu. Les médias ( notamment américains ) s'en donnent déjà à coeur joie, et ils ne vont pas lacher leur proie comme cela . Pour le plus grand plaisir, certainement, de ce vieux filou de Lance Armstrong..