mercredi 23 septembre 2015

Migrants : les messagers

Fuir une guerre ou la misère absolue, n’est-ce pas, dans les deux cas, être victime d’une impossibilité de vivre sur son sol?
 
Les comptes d’apothicaire sont indignes. Plus encore quand ils concernent des êtres humains… Nous ne tairons pas, encore et maintenant, notre colère devant le drame des migrants et cette réalité qui frappe des centaines de milliers de personnes. Le temps fut long, il a coûté trop de vies, pour qu’enfin l’engagement citoyen fasse plier les États européens et que certains verrous de l’égoïsme commencent à sauter. Des résolutions viennent enfin d’être prises par l’UE, des chiffres sont avancés. Nous savons ces chiffres insuffisants. Et c’est cet insuffisant-là qui taraude tous les artisans de la main tendue et du réveil des consciences. La France, par exemple, pourrait accueillir beaucoup plus et mieux. Prétendre le contraire est un mensonge. En deux ans, 31750 réfugiés seront autorisés à arriver, soit 0,048% de la population, pour un «coût» qui représentera 0,15% des sommes engagées pour la protection sociale.

Sur cette base dérisoire, les Sarkozy et autres Le Pen crient au loup et parlent de «désintégration», d’«invasion», comme si la définition et la clôture des identités étaient la base de l’ordre social républicain. Tous ces faux parleurs, à la limite de la déshumanisation, se servent de la xénophobie pour compenser la désaffiliation néolibérale. Car ce qu’ils oublient de dire, c’est que la protection sociale n’est pas en danger du fait des immigrés mais bien de l’austérité: sur les 50 milliards d’économies que le gouvernement dit «de gauche» souhaite réaliser sur les dépenses publiques d’ici à 2017, 40% seront puisés dans les aides aux plus démunis…
 

lundi 21 septembre 2015

Avec la Grèce: destin commun

Les Grecs restent debout. Ils nous appellent à la lutte. Car cette victoire, essentielle, devrait résonner comme celle de toutes les forces progressistes du continent.
 

L’ampleur de la victoire de Syriza, aussi surprenante soit-elle aux yeux de certains, nous pousse dans le dos. Si les Grecs n’en finissent pas de donner des leçons de maturité démocratique au reste de l’Europe, avec une intelligence des situations que nous pouvons leur envier, ils viennent, avant tout, d’infliger une gifle à l’ensemble des gouvernements européens qui se sont acharnés avec une violence inouïe à déstabiliser le premier gouvernement Tsipras et à imposer de nouvelles mesures d’austérité, des privatisations et des confiscations de souveraineté. Alors qu’ils voulaient sa tête, tous les dirigeants s’empressent de féliciter Alexis Tsipras. Mieux, les sociaux- libéraux – ces vrais faux amis – tentent de s’accaparer cette victoire… On croit rêver! Les Grecs restent debout. Ils nous appellent à la lutte. Car cette victoire, essentielle, devrait résonner comme celle de toutes les forces progressistes du continent.
 

dimanche 20 septembre 2015

Le vrai visage d'Emmanuel Macron

Nous connaissions déjà pas mal le vrai visage d’Emmanuel Macron ; il nous apparaît cette fois de manière encore plus éclatante. Avec lui, le libéral est d’abord et avant tout libéral, même paré d’une étiquette de « socialiste », dont il ne reste manifestement rien.

Dans l’exercice de sa fonction à la tête de l’économie française et d’une des administrations les plus régaliennes qui soient, Emmanuel Macron possède une double particularité. Primo, il se prend pour ce qu’il n’est pas: un ministre de gauche. Secundo, il nous prend pour ce que nous ne sommes pas: des imbéciles. Dans les deux cas, même si tout est affaire de regard et d’oreille, le spectacle affligeant de sa soi-disant «libre-parole» a quelque chose de bestial. Emmanuel Macron se plaît à danser sur le fumier de l’époque, où il puise l’essentiel de ce qu’il considère comme du «courage politique», mais qui, admettons-le, ressemble à s’y méprendre à de la vanité sitôt dissoute dans l’acide financier. Voilà donc l’homme «moderne», libéral et idéologiquement compatible avec le capitalisme, qu’il affirmait vouloir, il y a quelques mois, «façonner à l’image de nos ambitions». Après ses critiques sur les 35 heures, fin août, c’est sur le statut des fonctionnaires que ledit ministre «de gauche» cogne à tour de bras. Lors d’un débat organisé par le think tank En temps réel, M. Macron a donc remis en cause le statut des agents de la fonction publique, qui, selon lui, ne serait «plus adapté au monde tel qu’il va» et «surtout plus justifiable»…

jeudi 17 septembre 2015

Ebranlement(s): un géant nommé Torreton

L’inoubliable prestation de Philippe Torreton au stand des Amis, à la Fête de l’Humanité, un vendredi 11 septembre 2015...

Poésie. Magie des poètes et des artistes, capables de pousser l’homme en tant qu’homme dans ses derniers retranchements, de l’arraisonner comme on aborde un bateau en sabordant tout ce que l’on présupposait, avant. Dans le registre un peu fou de nos humanités, puisant sans relâche dans le creuset de nos imaginations, histoire de s’inventer un nouveau monde arraché à nos mélancolies, il n’y a pas mieux qu’une création culturelle, puisque «l’homme de culture doit être un inventeur d’âmes», confessait Aimé Césaire. Vendredi dernier, au stand des Amis de l’Humanité, au cœur d’une Fête 2015 qui a rehaussé chacun de ses participants au-delà de lui-même, l’acteur Philippe Torreton a touché cet impossible qui transforme toute quête en magnificence concrète. Plaisir rare et souverain d’avoir à l’écrire : dans le bouleversant spectacle Mec !, l’homme à la trentaine de films cinématographiques, à la quarantaine de pièces de théâtre et à la vingtaine de téléfilms ou documentaires est parvenu à révéler – oui, révéler – toute la poésie des textes du regretté chanteur Allain Leprest. Avec son prodigieux percussionniste, Edward Perraud, nous avons vu un Philippe Torreton au sommet de ce qu’un interprète sur des planches peut offrir en partage, ruisselant de bonheur et de gravité, presque au vertige de l’instinctuel et du réfléchi, quand l’intelligence du jeu et la compréhension des mots touchent au sublime. Croyez-en l’expérience d’un des modestes animateurs de ce stand des Amis, lieu improbable où l’on ne répugne jamais à l’audace de la création malgré l’environnement bruyant: ce vendredi 11 septembre fut une date charnière dans une histoire déjà si riche. Ceux qui y étaient en témoigneront longtemps encore, des sanglots dans la voix et leurs prunelles d’yeux éclairées, depuis, comme des phares. Des phares dans la nuit.
 
Chemin. Nous connaissions, nous aimions Allain Leprest. Bizarrement, comme si le chanteur en question avait quelque peu étouffé l’auteur majeur, nous connaissions moins le poète… Un tragédien du théâtre apparaît, les deux pieds plantés, droit derrière un micro, et les phrases de Leprest, pourtant familières, prennent soudain un sens nouveau, un chemin inconnu, se frayant une grandeur dans le fourmillement des arts.

mercredi 16 septembre 2015

Peuple de gauche

L’immense succès de la Fête de l’Humanité – n’en déplaisent aux médias dominants – a permis de cristalliser l’ampleur des débats en cours et, sait-on jamais, d’accélérer la conscience d’un tournant politique.
 
Singulier «après-Fête». Mélange de rêveries concrètes et de profondes envies d’en découdre avec la matière politique dans ce qu’elle a de plus noble, comme si nous étions tous, déjà, les dépositaires d’une gigantesque chaîne d’union de centaines de milliers de mains, gonflés par un souffle porteur, poussés dans le dos, en quelque sorte… Ce ne sont pas que des mots. Dans un contexte de désarroi dramatique du peuple de gauche, sidéré et exaspéré par la politique de Hollande-Valls, l’immense succès de la Fête de l’Humanité – n’en déplaisent aux médias dominants – a permis de cristalliser l’ampleur des débats en cours et, sait-on jamais, d’accélérer la conscience d’un tournant politique. Face au chantier d’une refondation de la «gauche alternative» et de la gauche tout court, le temps passe et presse. Des forces immenses dans le pays «cherchent la nouvelle voie», comme le soulignait Pierre Laurent lors de son discours. Ouvrir cette nouvelle voie est désormais une urgence absolue. 

vendredi 11 septembre 2015

Romanlutionnaire(s): adhérons à la Brigade du rire !

Attention: le nouveau roman de Gérard Mordillat atteint des sommets.
 
Personnages. Le roman – «cette clef des portes closes», comme disait Aragon – s’avère quelquefois une ouverture à fantasmes d’autant plus essentielle à emprunter qu’elle ouvre sur une certaine idée du monde et offre toutes les possibilités de ne pas s’en contenter, de s’en affranchir et, pour le dire sommairement, de vouloir déjà le transformer. Rares sont les écrivains qui osent, à ce point, manier toutes les révoltes de notre ici-et-maintenant pour convertir la fiction en réel supposé. Et pas n’importe lequel. Dans son nouveau roman, la "Brigade du rire" (516 pages, Albin Michel), Gérard Mordillat réussit non seulement le tour de force de renouveler sa veine «sociale», mais aussi, et surtout, de vous embarquer dans une fresque à la fois drolatique et féroce qui n’épargne ni les puissants ni ceux qui prêchent la bonne parole libérale à longueur d’antenne. Les personnages centraux du livre ont deux traits communs. Primo: ils sont tous d’anciens copains qui jouaient, au temps béni de leur jeunesse, dans une équipe de handball, ce qui les souda pour la vie autour de valeurs de solidarité et de noblesse d’âme assez simples mais essentielles. Secundo: malgré les affres de l’existence et les nombreuses blessures nées des désillusions, ils ont tous préservé plus ou moins l’essentiel de leurs idées sans jamais les remiser à la cave avec leurs vieux sacs de sport. Leurs révoltes paraissent intactes. Ils ont juste vieilli. Et leur écœurement vis-à-vis de la toute-puissance financière n’a fait que grandir, jusqu’à atteindre un point d’incandescence. Ceci expliquant cela.
 
Révolutionnaire. Comme souvent avec Mordillat (Vive la sociale, les Vivants et les morts, etc.), vous n’oublierez jamais les personnages de ce roman, qui, sur un coup de tête moins spontané qu’il n’y paraît, vont créer la Brigade du rire.

lundi 7 septembre 2015

A Claude Cabanes...

J'ai hésité durant des jours et des jours, mais, plusieurs amis proches m'ont finalement convaincu de mettre en ligne sur mon blog le texte que j'ai écrit et lu lors de l'hommage rendu à Claude Cabanes, mercredi 2 septembre dernier, au Père Lachaise, après Patrick Le Hyaric et Pierre Laurent. Voici ce texte dans son intégralité :

" Y a-t-il sur moi d’autre vêtement que ce lambeau de rage et de stupeur? Depuis quelques jours et quelques nuits, je me demandais en vain d’où me viendrait encore la force, ici et maintenant, d’élever la voix. Je voudrais croire, je l’espère du moins, que je la reçois, cette force qui autrement me manquerait, de Claude lui-même.

D’avance je le savais confusément, je serai incapable aujourd’hui de parler, de trouver, comme on dit, les mots. Claude m’aurait pardonné. Alors pardonnez-moi de lire, donc, et de lire non pas ce que je crois devoir dire – sait-on jamais ce qu’il faut dire en un tel moment? – mais juste de quoi ne pas laisser le silence l’emporter sur tout, juste, par fragments, ce que j’ai pu arracher au silence au fond duquel je serais, comme vous sans doute, tenté de m’enfermer. Claude est à la fois trop absent et trop proche: en moi, en dedans de moi. Je n’ai pas le cœur de raconter, ni de prononcer un éloge, il y aurait trop à dire et ce n’est pas le moment. Mais le silence en lui-même, pour ce qu’il ne dit pas ou laisse croire, est aussi insupportable. Je n’en supporte pas l’idée, comme si en moi Claude n’en supportait pas l’idée. 

Soit. Dire. Parler. Comment parler de l’homme et de l’ami sans trahir ni l’un ni l’autre. Car vous savez tout de lui, vous sa famille, vous ses proches, vous qui l’avez aimé et qui êtes ici, vous savez tout de cet hidalgo de la pensée, de ce séducteur des idées, de cet intellectuel – qu’est-ce qu’un intellectuel? – de cet intellectuel de l’engagement. Vous savez tout de ce vrai-faux dandy du journalisme. Vous savez tout de cet amoureux transi des Lettres, de la littérature, des arts, de la politique, du bon goût.

dimanche 6 septembre 2015

Migrants : protection citoyenne !

Même tardifs, tous les sursauts authentiquement civiques et humanistes sont les bienvenus. Voilà ce à quoi, semble-t-il, nous assistons concernant le sort des migrants: à un possible basculement des opinions publiques.

Pour capter une part de la réalité d’un moment et chasser les ombres qui hantent bien des esprits humains, il faut que le courage de l’intelligence et de la raison surmonte les épreuves de la peur. Dès lors, ces ombres peuvent éclairer comme en plein jour. Qu’on le veuille ou non, quoi qu’on en pense, le cliché du petit corps sans vie échoué sur une plage turque, tel un vulgaire détritus, a livré en mondovision tous les éléments émotionnels qui sortent de la banalisation, comme si, hélas, il fallait une photographie, celle-là plus que toute autre, pour que l’horreur devenue précisément banale et quotidienne ne soit plus perçue comme telle et que certaines lâchetés collectives s’effacent derrière la gêne, elle-même à la mesure de l’effroi provoqué par une forme de passivité devenue insoutenable.


Même iconique, une photo ne change pas le monde. Mais par la puissance d’un déclic qui arraisonne tout cerveau humain normalement constitué, une photo, comme l’histoire nous l’a souvent prouvé, modifie en revanche les consciences des hommes, quelquefois en masse. Après, ce sont ces mêmes hommes qui changent le monde…  

vendredi 4 septembre 2015

Etre(s)-Vivant(s): le journalisme sans Claude Cabanes

La mort de l'ancien directeur de la rédaction, ou l’héritage de notre singularité, à nous journalistes de l'Humanité.
 
Claude Cabanes, en 1999.
Histoire. «Pour que les médias reviennent à la vie, ils n’ont pas d’autres choix que de redevenir des êtres vivants.» Ainsi parlait, en 2012, un philosophe japonais, Uchida Tatsuru, sans savoir qu’un jour ses mots jetés à la face d’une profession elle aussi mondialisée seraient empruntés, dans son intégrité géniale, par un bloc-noteur français noyé de chagrin, qui, l’autre matin, lors d’un hommage solennel rendu à Claude Cabanes au Père-Lachaise, se demandait s’il portait sur lui d’autre vêtement qu’un lambeau de rage et de stupeur. À chaque mort d’une des grandes figures de l’Humanité – et l’ancien directeur de notre rédaction en était une, bien au-delà des couloirs de son journal où il passa plus de quarante ans –, nous convoquons l’Histoire, pour ce qu’elle nous a enseigné, le parcours personnel du défunt, pour ce qu’il nous a transmis, et une part confusément obscure de ce présent déjà distancé qui porte en lui un futur dont on ne sait, par définition, ce qu’il sera. Claude Cabanes venait d’un autre monde: le nôtre. Lisez bien «le nôtre» au sens familier du terme. Car avec Claude, mais également avec ceux qui l’ont précédé et ceux qui lui ont succédé, nous mangions à la même table, nous partagions les mêmes colères, les mêmes outrances, les mêmes révoltes, les mêmes remords et d’identiques hontes, sinon d’anciens aveuglements, et quelquefois, admettons-le, nous mêlions nos mêmes délires quand rôde sans cesse ce possible imminent, nos mêmes orgueils aussi, et surtout, car notre âme de militants est en jeu, nos mêmes fiertés d’être ce que nous sommes. Les lecteurs qui l’ont aimé pour sa flamboyance et son verbe peuvent en témoigner, nous partagions ce monde-là et cette même Histoire – et c’est par là que tout commence toujours.
 
Combats. La mort imminente, la mort impossible, et la mort déjà passée: voilà trois certitudes apparemment incompatibles mais dont l’implacable vérité nous fait don de la première provocation à penser à notre propre possibilité d’un aujourd’hui. Disons un certain aujourd’hui, aussi avéré qu’il a pris acte. Disparaître sans mourir, c’est assez commun. Mourir sans disparaître, ce n’est pas donné à n’importe qui.

jeudi 3 septembre 2015

Claude Cabanes: les mots pour le dire

Tous le savaient communiste, journaliste, l'un n'allant pas sans l'autre, d'aucuns l'ont dit dandy parce qu'il portait haut l'élégance et le verbe, signatures d'un  rhéteur et d'un bretteur tout entier dans le combat contre le désordre du monde. Polémiste de haute volée, ce natif de Toulouse à l'accent rocailleux avait un cœur de romantique révolutionnaire. Hommage au frère, à l'ami.

Quand le miroir du temps s’érige en juge de paix, perturbant les rêveries plus ou moins contemplatives de nos nuits estivales, certains étés s’avèrent quelquefois sordides. Celui de 2015 restera tristement gravé dans la mémoire de l’Humanité, qui vient de perdre l’une des figures les plus importantes de son histoire contemporaine. C’était un mardi. Le 25 août. Ce soir-là, comme un lointain souvenir, la chaleur semblait se dissiper définitivement, tandis que la lumière du jour s’évanouissait dans le ciel parisien chargé d’humidité. L’été n’était déjà plus vraiment l’été. Claude Cabanes venait de s’éteindre, terrassé par un cancer, à l’âge de 79 ans. Mourir au mois d’août, pour un homme du Sud, quelle singularité, quelle ironie – à moins que ce ne soit la marque d’une inégalable élégance.

Le voilà donc, le choc de la disparition. Comme si une longue et intense course personnelle s’interrompait dans la brutalité d’une évidence nommée pudiquement «longue maladie», mais que lui-même, dans toutes nos discussions depuis des mois, appelait par son nom et son seul nom, «cancer», avec un variante bien à lui, «ce cancer en moi», comme on aurait dit un «être étranger», une «saloperie» ou une «fin de vie». Attendre l’annonce terrible, que nous savions inéluctable depuis mi-août, fut difficile. Frayeur de la sonnerie du téléphone portable, du moindre SMS. Imaginer malgré tout lui parler encore, encore une fois, comme ce fut le cas le 5 août, puis le 7 août, l’entendre dire: «Tu sais, mon petit Jean-Emmanuel, je crois que là, ça va être bien difficile pour moi…» Avant de passer à autre chose, d’évoquer, par exemple, ses éternelles craintes sur la situation politique: «Je suis très inquiet sur ce qui va vous arriver, car dorénavant je ne dis plus ‘’nous’’, car je sais ce qui m’attend.» Puis de parler et parler et parler de sa célèbre voix presque éteinte par le mal, dans un ultime enthousiasme, étincelant, du dernier livre qu’il venait péniblement d’achever. Parler tel un «passeur». Comme il le faisait toujours.
Ne plus attendre, maintenant, est bien pire.