Ce lundi, la justice britannique rendra publique une décision qui marquera l’histoire : décidera-t-elle d’extrader le fondateur de WikiLeaks vers les États-Unis, après onze années de traque et de situation de détention?
Un interminable calvaire… Sous écrou à la prison de Belmarsh depuis le 11 avril 2019, soit 633 jours, Julian Assange connaîtra, ce lundi, les conclusions du procès houleux qui lui a été infligé durant des semaines au tribunal Old Bailey de Londres. Face au monde, la justice britannique rendra publique une décision qui marquera l’histoire : décidera-t-elle d’extrader le fondateur de WikiLeaks vers les États-Unis, après onze années de traque et de situation de détention?
Tous les défenseurs de la liberté d’informer retiennent leur souffle. Et pour cause. La décision pourrait en effet sceller le sort d’un homme qui a rendu possible la divulgation d’informations d’intérêt général les plus massives de notre siècle. Soit la fin des batailles juridiques menées contre un journaliste frappé d’arbitraire. Soit le début d’un scandale international d’une ampleur inédite. Ce 4 janvier deviendrait une date sombre de notre temps si, d’aventure, Washington – indéfectible promoteur du «monde libre», comme l’affirment les crédules – parvenait à réussir cet « enlèvement » prémédité digne d’une persécution politique, puis à récupérer Julian Assange sur son sol et à le juger pour « espionnage ». Ce dernier risquerait alors 175 ans de prison…
Chacun a bien compris l’enjeu. «L’affaire Assange» dépasse l’individu lui-même. Elle concerne l’avenir du droit d’information, y compris contre les États, les puissants, les grandes entreprises, etc., alors que, à ce jour, pas une chancellerie occidentale – à commencer par la France – ne s’est indignée de l’injustice vécue par le journaliste. Plus symbolique encore, pas une seule ne lui a proposé l’asile politique. Ne soyons pas dupes. Les moyens déployés par les États-Unis pour extrader Assange s’avèrent sans précédent et visent à faire un exemple de cruauté pour tous ceux qui songeraient à divulguer des informations en lien avec la sécurité nationale.
Julian Assange doit être libéré. Il en va de nos libertés d’agir pour le bien commun, comme de l’indispensable protection des lanceurs d’alerte au XXIe siècle!
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 4 janvier 2021.]
1 commentaire:
C'est fait, pas d'extradition . Maintenant ... pour sa liberté.
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