jeudi 13 août 2020

A bout de souffle

Les semaines passent et la déception, pour ne pas dire l’écoeurement, domine toujours. Un retour de flamme de l’épidémie de Covid-19 serait d’autant plus problématique que les personnels hospitaliers se disent à bout de souffle, épuisés, démoralisés. 

Ils voulaient réinventer la pyramide des soins, de l’hôpital aux Ehpad, retrouver la dignité d’une fonction essentielle à la vie de la nation, avec des moyens en personnels réévalués, de vraies revalorisations, bref, de quoi entrer enfin dans le XXIe siècle en tenant compte du cataclysme révélé par la pandémie. Mais pour les soignants, le «nouveau monde» ressemble furieusement à celui d’avant. Certes, le fameux et décevant «Ségur de la Santé» est passé par là, et souvenons-nous que des grandes revendications des soignants, seule celle des salaires trouva un tout petit début de satisfaction. Cet épisode nous rappelle néanmoins une simple vérité: ce qui peut paraître impensable à un instant donné peut devenir la réalité le lendemain. La crise du coronavirus a montré que les lignes pouvaient bouger, que les consciences s’aiguisaient à la mesure des enjeux. Ils tiennent en quelques mots: la santé n’a pas de prix.

Les semaines passent et la déception, pour ne pas dire l’écoeurement, domine toujours. Un retour de flamme de l’épidémie de Covid-19 serait d’autant plus problématique que les personnels hospitaliers se disent à bout de souffle, épuisés, démoralisés. Si le manque d’effectifs reste l’une des problématiques évidentes pour gérer un nouveau drame, les incertitudes sur la disponibilité du matériel persistent elles aussi. A tel point qu’un collectif, constitué cette semaine autour de 80000 membres avec l’appui d’une douzaine de syndicats et de parlementaires communistes et insoumis, réclame un deuxième «Ségur de la santé» et «une réouverture rapide des négociations».

Un peu de mémoire. Il y a quelques mois, en pleine catastrophe sanitaire et après une année et demie de mouvement social dans les hôpitaux, les citoyens applaudissaient nos «héros» depuis leurs fenêtres, lâchant des larmes d’émotion à l’épreuve de l’humanité réelle. Aujourd’hui, les soignants concernés crient toujours leur colère et se préparent à de grandes mobilisations. «On nous a vite oubliés», s’étonnent-ils. A l’image du triste spectacle offert par nos gouvernants. 

[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 14 août 2020.]

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