mardi 11 juin 2019

Urgence !

Encouragés par la colère des services d’urgences qui a poussé la sinistre de la Santé, Agnès Buzyn, à de minables premières annonces la semaine dernière, les personnels hospitaliers étaient donc mobilisés, mardi 11 juin, à l’appel de quatre syndicats.

En France, parce qu’il s’agit d’un des piliers des services publics jalousés par le monde entier, quand l’hôpital craque, tout craque… Une chose est certaine au moins. Face au manque criant de moyens et face à la détresse de ceux qui sauvent des vies, personne, ni les citoyens, premiers concernés, ni le gouvernement ne pourra dire «nous ne savions pas». Des années que la situation empire. Et déjà trois mois de grève des soignants des urgences, aides-soignants et infirmières. Leur métier, l’un des plus nobles qui soit, ils le pratiquent en général par vocation, dans l’intérêt général. Leur sacerdoce volontaire se double désormais d’un ras-le-bol généralisé. Ils n’en peuvent plus, tout simplement. Ils veulent exercer leurs tâches dans des conditions normales, dignes, et juste pouvoir – oui, pouvoir – être à la hauteur de ce que la société attend d’eux.

Encouragés par la colère des services d’urgences qui a poussé la sinistre de la Santé, Agnès Buzyn, à de minables premières annonces la semaine dernière, les personnels hospitaliers étaient donc mobilisés, mardi 11 juin, à l’appel de quatre syndicats, jour du vote de l’inique loi santé au Sénat. Une centaine d’établissements sont désormais en lutte. Mme Buzyn redoute l’hémorragie. Elle a raison. N’avouait-elle pas, l’autre jour: «Les urgences sont en détresse, je le sais.» En 2018, Emmanuel Macron avait pourtant exigé près d’un milliard d’euros d’économies pour les hôpitaux publics. Les fermetures se succèdent, les bras manquent, les moyens s’amenuisent. Combien de décès, de drames évités de justesse, de démissions et de coups de gueule faudra-t-il encore pour rompre avec cette logique d’austérité mortifère?

Les paroles et les actes, parlons-en. Car, pendant ce temps-là, Emmanuel Macron était en visite à Genève, où il a osé dénoncer devant l’Organisation internationale du travail (OIT) ce qu’il appelle les dérives d’un «capitalisme devenu fou» qui, selon lui, privilégie les ajustements économiques au reste. On croit rêver. Rappelons à notre président que les graves risques sanitaires encourus par les patients et sur les conditions de travail des personnels hospitaliers figurent en toutes lettres dans les recommandations édifiantes des agences régionales de santé: «Accroître leur performance afin de maîtriser leurs dépenses.» La santé n’a pas de prix: devoir encore écrire cette phrase, en France et en 2019, nous arrache les tripes…

[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 12 juin 2019.]

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