mardi 5 avril 2016

Panama Papers: Le Pen Connection

Pendant que Marine Le Pen dénonce à s’en époumoner «le pouvoir de nuisance de la finance mondialisée qui joue contre l’intérêt général», les comptables de son parti détournent de l’argent à l’étranger. Mensonges idéologiques. Mensonges financiers. Tout est dit.
 
Et au milieu de la fournaise du Panama Papers, qui éclaire d’un jour nouveau les mécanismes du casse mondial organisé entre puissants, et accessoirement combien cela coûte à nos sociétés maintenues sous l’éteignoir antisocial, voilà donc que nous découvrons –sans grande surprise pour ce qui nous concerne– les noms de quelques amis du clan Le Pen, que le Monde qualifie d’«experts en paradis fiscaux». Et c’est peu dire. Le Consortium international de journalistes d’investigation (ICI) a permis de mettre au jour un système ultra-sophistiqué de dissimulation d’avoirs financiers, organisé dans des centres offshore d’Asie et des Caraïbes «par le premier cercle de fidèles de la présidente du Front national», précise le quotidien du soir, «pour sortir de l’argent de France au moyen de sociétés-écrans et de fausses factures». Les dossiers du cabinet panaméen Mossack Fonseca, qui ne constituent qu’une infime, très infime partie de la réalité de l’évasion fiscale à l’échelle planétaire, apportent également des éléments saisissants sur l’argent personnel de Jean-Marie Le Pen, dont un bout de la fortune aurait été planqué dans une opacité parfaitement ordonnée. Où l’on parle de billets, de titres, de lingots et de pièces d’or. À la faveur de ces révélations mondiales, les masques du conglomérat familial et de ses proches viennent de tomber!
 
Ne soyons pas étonnés. Le double jeu du FN ne concerne pas que les idées. Pendant que Marine Le Pen dénonce à s’en époumoner «le pouvoir de nuisance de la finance mondialisée qui joue contre l’intérêt général», les comptables de son parti détournent de l’argent à l’étranger. Mensonges idéologiques. Mensonges financiers. Tout est dit. Pour la «Le Pen connection», qui s’accommode très bien du capitalisme et du fric, la réconciliation nationale et nationaliste est placée sous l’égide du capital. Rappelons à ces donneurs de leçons xénophobes qu’appartenir à la nation –et n’avoir que ce mot à la bouche– s’apprécie en tout premier lieu par le respect de ses devoirs fiscaux. Ça s’appelle la République. L’extrême droite prête à défier le capital au profit des travailleurs est une fable honteuse. Nous n’avions pas besoin de preuves pour le savoir. En voilà une quand même.
 
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 6 avril 2016.]

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