dimanche 20 mars 2016

Etats-Unis-Cuba: après le réchauffement, stop à l'embargo !

Au fond de nous, la conviction est forte que le revirement des USA à l’égard d’un gouvernement cubain longtemps diabolisé, agressé, est une victoire pour Cuba, et une défaite cuisante pour tous les prédécesseurs d’Obama.
 
Les moments d’histoire projettent toujours les mêmes effets que les soleils de printemps : de la lumière incandescente qui illumine le présent; des ombres portées qui projettent sur l’horizon un halo d’incertitudes. Ainsi en est-il de la visite de Barack Obama à Cuba, tellement attendue et si importante que son caractère historique ne se discute en rien. La présence sur l’île du président américain restera dans le mémorandum diplomatique du début du XXIesiècle comme l’un des actes fondateurs d’un monde que nous voudrions croire différent. Après un demi-siècle de relations tumultueuses, depuis la baie des Cochons et la révolution des Cubains se dressant contre l’empire colonial qui ravalait l’île au rang de vulgaire dépotoir mafieux et de bordel des États-Unis, une page se tourne, et avec elle s’ouvre un nouveau chapitre que nous devons autant à la volonté de Barack Obama qu’à celle de son homologue cubain, Raúl Castro, qui n’aura pas ménagé sa peine pour permettre que l’impossible soit dépassé. Voilà un peu plus d’un an que Cuba et les États-Unis ont amorcé un rapprochement diplomatique, jusqu’à la réouverture de leurs ambassades respectives. Gagnant-gagnant, n’est-ce pas?

Même si au fond de nous la conviction est forte que ce revirement à l’égard d’un gouvernement cubain longtemps diabolisé, agressé, est une victoire pour Cuba, et une défaite cuisante pour tous les prédécesseurs d’Obama, qui, malgré leur toute-puissance, ne seront jamais parvenus à faire plier le peuple cubain et sa volonté d’indépendance. Avisons-nous d’ailleurs d’une curieuse «coïncidence»: il aura fallu attendre la fin de présidence d’un Noir américain et l’élection d’un pape sud-américain pour assister à semblable événement…

Mais, attention, l’essentiel n’est pas encore acquis. Si Obama semble avoir pour ambition louable de rendre les relations américano-cubaines «irréversibles», autrement dit imperméables aux aléas politiques du futur, l’acte symbolique doit se transformer désormais en geste concret. Comment imaginer une «normalisation» totale sans la levée de l’embargo américain, qui, certes, dépend du Congrès? L’enfermement dans ce blocus inhumain, depuis des décennies, a causé tant de dommages au développement, qu’il reste un crime contre le peuple cubain. Maintenant, stop à l’embargo!
 
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 21 mars 2016.] 

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