lundi 23 juillet 2012

Tour : connaissez-vous le docteur de l’équipe Sky?

Geert Leinders était absent de l’épreuve cette année, mais il travaille 80 jours par an avec la formation du vainqueur Bradley Wiggins. Leinders n’est pas un inconnu. Il était le toubib de Rabobank…

Geert Leinders, du temps
où il officiait chez Rabobank.

Depuis Paris.
La machine à gagner du Team Sky, qui a tout emporté sur son passage – ou presque – durant le dernier Tour de France, a logiquement attiré les suspicions. De la performance collective des principaux coureurs de l’équipe anglaise, à la débauche de watts constatée dans plusieurs étapes clefs en montagne par quelques spécialistes, le doute persiste sur la nature de la préparation «scientifique» de Bradley Wiggins et de ses équipiers. D’autant qu’une question reste pour l’heure sans réponse, malgré nos sollicitations durant trois semaines : pour Dave Brailsford, le manager de Sky, s’est-il alloué les services d’un médecin au passé pour le moins sulfureux?

Depuis le départ de Liège et jusqu’au Good Save The Queen entonné sur les Champs-Elysées par le premier vainqueur Britannique du Tour, l’ombre d’un homme a en effet plané au-dessus des hommes en noir. Ce personnage obscur s’appelle Geert Leinders, belge de nationalité, médecin de profession, sulfureux de réputation et plutôt discret dans le milieu… Car voyez-vous, Leinders travaillait pour Rabobank au moment des affaires Rasmussen et Dekker, qui, il y a quelques années, laissèrent peu de doutes sur ce qui se tramait dans les coulisses de l’équipe néerlandaise...

Il se trouve que ce gentil toubib collabore avec l’équipe de Wiggins depuis 2010 et qu’il ne serait pas pour rien dans les programmes de surentraînement endurés par les coureurs, qui, selon certains témoins, s’apparenteraient à des séances de pur stakhanovisme. Lors d’une conférence de presse, Wiggins refusa d’ailleurs de répondre à une question concernant Leinders. Sinon, il aurait fallu qu’il nous explique comment il avait réussi à perdre 12 kilos pour devenir le plus grimpeur des rouleurs…

Geert Leinders n’était pas présent sur le Tour de France cette année. Mais les dirigeants de l’équipe, gênés aux entournures, nous ont confirmé qu’il travaillait bien 80 jours par an avec Sky. La vérité nous oblige à reconnaître qu’il n’a jamais été personnellement entendu devant le tribunal lorsque, en 2007, Michael Rasmussen, alors maillot jaune du Tour, fut expulsé de la Grande Boucle pour violation au système de localisation. Mais Leinders était bel et bien le médecin de Rabobank et il l’était toujours deux ans plus tard, lorsque Thomas Dekker, autre leader des Rabo, fut contrôlé positif à l’EPO… Ne tournons pas autour du pot. Quant Rabobank, en 2009, suite à ces scandales, décida de pratiquer «la tolérance zéro» vis-à-vis du dopage, que croyez-vous que fit notre Geert Leinders face à cette nouvelle feuille de route? Il décida de quitter l’équipe… comme par hasard.
Dave Brailsford, manager de Sky.
Vous vous doutez bien que nous avons tenté d’interroger Dave Brailsford, le manager de Sky, durant le Tour. Celui-ci a fini par répondre de manière allusive, dans les colonnes du Times: «Il y a un risque de réputation. Nous avons eu des discussions avec lui et une fois que nous aurons établi les faits, nous allons prendre les mesures appropriées.» Officiellement, l’équipe britannique mènerait des «investigations» sur le passé de Leinders. Mais Dave Brailsford reste mesuré: «Je n’ai rien vu et les médecins à temps plein non plus. Il n’a rien fait de mal ici. Il ne s’agit pas de dopage. Nous poussons les types à leurs limites, donc nous devons nous occuper d’eux. Il s’agit de la pratique médicale.» Vous avez bien lu: «Nous poussons les types à leurs limites.» Et: «Donc nous devons nous occuper d’eux.» Et Brailsford ajoute, comme si de rien n'était: «C’est un brillant médecin, qui nous a donné beaucoup de conseils. Nous sommes entièrement convaincus de son intégrité.»

Les interrogations continuent de se bousculer. Pourquoi mener des enquêtes sur un médecin deux ans après l’avoir engagé? Comment les dirigeants de Sky pouvaient-ils ne pas connaître le passé de Leinders chez Rabobank, puisque, nous, nous le savions? Enfin, que dire du choix de Ténériffe, prisé de certains médecins, comme haut lieu de la préparation physique du Team Sky? Comme on le dit dans ces cas-là: à suivre…

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Inquiétant, très inquiétant...

Anonyme a dit…

Cette victoire est quand même entachée, quoi qu'on puisse penser du talent des uns ou des autres...

Anonyme a dit…

Peut-on être surpris ?? Quand une équipe crée à grands coups de millions déclare d'emblée qu'elle veut remporter le Tour dans les 4 ans qui viennent, on peut être certain qu'ils vont se donner TOUS les moyens pour y parvenir..

Ce qui est plus terrible pour le cyclisme, c'est la mort d'un geste qui fit énormément pour sa légende: le geste du grimpeur.


Il n'y avait rien de plus naturel qu'un grimpeur de race qui s'envolait sur les pentes. C'était la position en danseuse, les changements de braquets permanents, exercices délivrés par des athlètes légers issus de pays montagneux et qui avaient "bouffé" de l'escalade depuis leur enfance.

Certains grimpeurs étaient dotés ( vie en haute-altitude, fabrication naturelle de globules rouges ) d'une résistance physique exceptionnelle, et faisaient régner la terreur sur les cols européens: les Colombiens ( Herrera, Parra, Corredor, Pacho Rodriguez, Rincon ). Suite à la généralisation de l'EPO dans les pelotons, ceux-ci ont disparu, peu à peu..

Un espoir cependant: la révélation Pinot, un grimpeur né. Et la possible arrivée de Nairo Quintana, coureur possédant des données physiologiques hors-normes, et dont la vie à 3000 mètres d'altitude laisse deviner qu'il ne sera pas en dette d'oxygène , sur un Izoard ou un Tourmalet. Autre détail important: pour aller à l'école, le petit Quintana prenait son vélo le matin, avant d'escalader une montée de 8 km..