George Hincapie, ancien équipier de luxe de Lance Armstrong. |
Un jour à ne pas sortir un cycliste ambitieux. De gros nuages lourds pour un sprint tellement attendu, à Saint-Quentin, que nous aurions aimé nous en passer. Une fois l’échappée du jour reprise dans les ultimes hectomètres (Ladagnous, Ghyselinck, Simon, Urtasun Perez), nous avons donc assisté sans émotion à la nouvelle victoire de l’Allemand André Greipel (Lotto), déjà vainqueur la veille, à Rouen. Le Britannique Mark Cavendish (Sky), seulement quatrième, a temporairement rendu les armes de la revanche.
Un jour à ne pas jeter un oeil dans les rétros. Sur les routes du Tour, heureusement, la mémoire reste un invariant et la possibilité même de l’oubli, vigilants que nous sommes, a été dérobée à son imperfection. Lance Armstrong en sait quelque-chose.
Mi-juin, le septuple vainqueur avait été rattrapé par l’Agence américaine antidopage (USADA), qui affirmait détenir les preuves que le Texan fut un terrifiant tricheur durant ses longues années de gloire et de triomphes. Nous nous doutions qu’une suite devait survenir. Elle a pris la forme, hier, d’un coup de tonnerre sur le village-départ planté sur les bords de Seine empierrés de Rouen.
Un jour à ne pas lire la presse. Selon le journal néerlandais De Telegraaf, quatre coureurs présents sur le Tour – non des moindres – auraient reconnus s’être dopés du temps où ils étaient équipiers d’Armstrong, accusant leur ex-boss (de ce que l’on sait) et témoignant contre lui. Les « preuves » détenus par l’USADA seraient telles que les cyclistes concernés n’avaient « d’autre choix que de collaborer ». Un « accord » serait d’ailleurs intervenu avec les Américains George Hincapie (BMC), Levi Leipheimer (Omega Pharma), Christian Vande Velde et David Zabriskie (tous deux Garmin) pour aménager leur peine (1). La négociation comme arme de justice sportive…
Un jour à ne pas regarder le ciel. Hier pourtant, beaucoup se promenaient le nez en l’air. Hincapie affirmait n’avoir reçu « aucune notification ». Jonathan Vaughters, directeur sportif de Garmin, lui-même cité dans l'article, jurait ses grands dieux qu’aucun de ses coureurs n’avait été « suspendu ». Quant à Leipheimer, plus courageux que jamais, il évoquait « des spéculations », affirmant n’avoir « rien à dire sur cette histoire »… L’affaire devient sérieuse pour Armstrong. La semaine dernière, l’agence antidopage américaine l’a officiellement mis en accusation, en compagnie de cinq autres collaborateurs, dont son ancien directeur sportif belge Johan Bruyneel (patron de l’équipe RadioShack, absent sur le Tour) et son ex-préparateur italien Michele Ferrari. L’USADA mentionne « au moins dix témoins », sans donner leur nom, indiquant que l’Américain serait entendu d’ici le 22 novembre pour répondre de prises de substances interdites (transfusions sanguines, testostérone, cortisone, hormone de croissance, etc.) et d’incitation au dopage...
C’était le jour de l’affaire Armstrong. Un jour à ne pas réveiller un passionné de vélo.
(1) Ces quatre coureurs pourraient être suspendus six mois, mais seulement en fin d’année...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire