Geert Leinders, du temps où il officiait chez Rabobank. |
La machine à gagner du Team Sky, qui a tout emporté sur son passage – ou presque – durant le dernier Tour de France, a logiquement attiré les suspicions. De la performance collective des principaux coureurs de l’équipe anglaise, à la débauche de watts constatée dans plusieurs étapes clefs en montagne par quelques spécialistes, le doute persiste sur la nature de la préparation «scientifique» de Bradley Wiggins et de ses équipiers. D’autant qu’une question reste pour l’heure sans réponse, malgré nos sollicitations durant trois semaines : pour Dave Brailsford, le manager de Sky, s’est-il alloué les services d’un médecin au passé pour le moins sulfureux?
Depuis le départ de Liège et jusqu’au Good Save The Queen entonné sur les Champs-Elysées par le premier vainqueur Britannique du Tour, l’ombre d’un homme a en effet plané au-dessus des hommes en noir. Ce personnage obscur s’appelle Geert Leinders, belge de nationalité, médecin de profession, sulfureux de réputation et plutôt discret dans le milieu… Car voyez-vous, Leinders travaillait pour Rabobank au moment des affaires Rasmussen et Dekker, qui, il y a quelques années, laissèrent peu de doutes sur ce qui se tramait dans les coulisses de l’équipe néerlandaise...
Il se trouve que ce gentil toubib collabore avec l’équipe de Wiggins depuis 2010 et qu’il ne serait pas pour rien dans les programmes de surentraînement endurés par les coureurs, qui, selon certains témoins, s’apparenteraient à des séances de pur stakhanovisme. Lors d’une conférence de presse, Wiggins refusa d’ailleurs de répondre à une question concernant Leinders. Sinon, il aurait fallu qu’il nous explique comment il avait réussi à perdre 12 kilos pour devenir le plus grimpeur des rouleurs…
Geert Leinders n’était pas présent sur le Tour de France cette année. Mais les dirigeants de l’équipe, gênés aux entournures, nous ont confirmé qu’il travaillait bien 80 jours par an avec Sky. La vérité nous oblige à reconnaître qu’il n’a jamais été personnellement entendu devant le tribunal lorsque, en 2007, Michael Rasmussen, alors maillot jaune du Tour, fut expulsé de la Grande Boucle pour violation au système de localisation. Mais Leinders était bel et bien le médecin de Rabobank et il l’était toujours deux ans plus tard, lorsque Thomas Dekker, autre leader des Rabo, fut contrôlé positif à l’EPO… Ne tournons pas autour du pot. Quant Rabobank, en 2009, suite à ces scandales, décida de pratiquer «la tolérance zéro» vis-à-vis du dopage, que croyez-vous que fit notre Geert Leinders face à cette nouvelle feuille de route? Il décida de quitter l’équipe… comme par hasard.
Dave Brailsford, manager de Sky. |
Les interrogations continuent de se bousculer. Pourquoi mener des enquêtes sur un médecin deux ans après l’avoir engagé? Comment les dirigeants de Sky pouvaient-ils ne pas connaître le passé de Leinders chez Rabobank, puisque, nous, nous le savions? Enfin, que dire du choix de Ténériffe, prisé de certains médecins, comme haut lieu de la préparation physique du Team Sky? Comme on le dit dans ces cas-là: à suivre…
Inquiétant, très inquiétant...
RépondreSupprimerCette victoire est quand même entachée, quoi qu'on puisse penser du talent des uns ou des autres...
RépondreSupprimerPeut-on être surpris ?? Quand une équipe crée à grands coups de millions déclare d'emblée qu'elle veut remporter le Tour dans les 4 ans qui viennent, on peut être certain qu'ils vont se donner TOUS les moyens pour y parvenir..
RépondreSupprimerCe qui est plus terrible pour le cyclisme, c'est la mort d'un geste qui fit énormément pour sa légende: le geste du grimpeur.
Il n'y avait rien de plus naturel qu'un grimpeur de race qui s'envolait sur les pentes. C'était la position en danseuse, les changements de braquets permanents, exercices délivrés par des athlètes légers issus de pays montagneux et qui avaient "bouffé" de l'escalade depuis leur enfance.
Certains grimpeurs étaient dotés ( vie en haute-altitude, fabrication naturelle de globules rouges ) d'une résistance physique exceptionnelle, et faisaient régner la terreur sur les cols européens: les Colombiens ( Herrera, Parra, Corredor, Pacho Rodriguez, Rincon ). Suite à la généralisation de l'EPO dans les pelotons, ceux-ci ont disparu, peu à peu..
Un espoir cependant: la révélation Pinot, un grimpeur né. Et la possible arrivée de Nairo Quintana, coureur possédant des données physiologiques hors-normes, et dont la vie à 3000 mètres d'altitude laisse deviner qu'il ne sera pas en dette d'oxygène , sur un Izoard ou un Tourmalet. Autre détail important: pour aller à l'école, le petit Quintana prenait son vélo le matin, avant d'escalader une montée de 8 km..