Idéal. Mais quel est, comme disait Jaurès, «l’idéal supérieur» qui éloignerait le nihilisme tout en chassant le «parlementarisme mesquin, absorbé par des besognes incohérentes ou égaré dans de misérables intrigues»? Comment le nommer, sinon «société nouvelle», proclamée de tout temps par les traditions socialistes et/ou communistes, portant en elles le plus noble effort de combat des nécessiteux et des travailleurs, et l’une des plus essentielles contributions de pensée depuis des siècles? En ces temps de tempêtes, ici-et-maintenant, comment revivifier l’idéal marxiste de propriété sociale des moyens de production, donnant un fondement réel, concret, à la liberté de tous harmonisée aux activités collectives, en le mariant avec la flamme républicaine, celle par laquelle la nation se constitue en tant qu’idéal commun?
Mélenchon. Que les lecteurs pardonnent la vivacité trop solennelle de ces mots. Voyez-vous, le bloc-noteur se trouve parfois, trop rarement, porté par un enthousiasme qu’il ne saurait cacher, faute de trahir la cause à laquelle nous nous assignons tous, nous autres héritiers de l’Idée: le progrès de l’humanité. En l’espèce, le candidat à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, suscite en nous un optimisme qui dépasse de beaucoup le strict cadre des seuls partisans engagés du Front de gauche. Favorisant dans un même mouvement la mobilisation des militants de toutes les organisations de la coalition du Front (tous plus enclins, rappelons-le au passage, à défendre des idées qu’à jouer les supporters d’un guide suprême) et la diffusion par capillarité dans le corps social d’un discours commun de très haute ampleur, parvenant à la fusion entre l’idéal communiste-marxien et l’idéal républicain, Mélenchon est devenu ce que certains souhaitaient et ce que d’autres n’imaginaient pas: un accélérateur de dynamisme. Et c’est peu dire.
Le succès en librairie du «programme partagé» intitulé l’Humain d’abord illustre à sa manière le vaste champ d’appropriation des idées. Pour la première fois depuis longtemps – 1981? –, se sent concernée la part de notre peuple qui ne participait plus à un jeu politique devenu pour elle insignifiant.
Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, secrétaire national du PCF. |
Consciences. Pour tenir le fil de la continuité, le Front de gauche ne vise qu’un objectif: réveiller les consciences citoyennes! Et puis redonner de la dignité à tous les citoyens, les inviter à devenir eux-mêmes des acteurs d’idées et d’arguments, des propagateurs d’idéal, pour nous laver des souillures d’années de mise au rebut et d’humiliations, pour nous élever et regarder au-delà de l’horizon et voir monter dans nos cœurs et dans nos yeux l’invitation au plus-loin encore… Dites-le autour de vous: les moments «d’éducation populaire» servis par un orateur hors normes comme Mélenchon n’irritent que ceux qui méprisent le peuple. «Nous sommes une assemblée, proclame-t-il. Et parce que nous sommes un collectif, nous sommes une assemblée d’intellectuels. Tous les jours nous devons apprendre… comme moi-même je dois apprendre de vous.» Alors nous nous écoutons, nous nous enrichissons mutuellement. Puis nous allons répandre les idées acquises… Conclusion? Nous assistons avec émerveillement au retour du voyage initiatique en politique, pour que, toutes générations aux regards confondus, resurgisse en nous l’émotion d’être ce que nous sommes, de le crier, sans plus céder un mètre de terrain à qui que ce soit.
[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 17 février 2012.]
(A plus tard...)
3 commentaires:
Franchement, merci pour cette mise en mots de ce que je ressens depuis des semaines sans arriver à le formuler. Mélenchon accélérateur de dyanisme : la meilleure formule que j'ai lue concernant Mélenchon.
Magistrale. Et tout en contrôle.
J-L Mélenchon: "Prenez la parole! Ne la réclamez jamais, ne suppliez pas qu’on vous la donne".
Étrange injonction dont Mélenchon se fait le propagateur. En effet, il somme, il supplie les précaires (precare: supplier) ou les passants que nous sommes entre naissance et mort, de ne pas supplier le pouvoir (On) pour qu'il leur concède la parole, cette parole nécessaire pour formuler et lui adresser les prières, les suppliques, les revendications.
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