Madame 49.3 a voulu apparaître ouverte au dialogue, affirmant que l’âge légal à 65 ans n’était «pas un totem».
Un pas en arrière sur l’assurance-chômage, dans le contexte explosif de la contre-réforme des retraites… En opérant une sorte de recul tactique, qui en dit long sur le sentiment d’inquiétude du gouvernement en ce début janvier, Élisabeth Borne ne manque pas de toupet. Transmis à la veille de Noël aux partenaires sociaux, le projet de décret sur la nouvelle réforme de l’assurance-chômage, qui ouvrait la piste à une scandaleuse réduction de la durée d’indemnisation de 40% si le taux de chômage passait sous les 6%, est donc retiré temporairement. Un premier recul. Mais, attention aux faux-semblants. «Nous remettrons ce sujet dans la concertation sur les futures règles de l’assurance-chômage», prévue fin 2023, s’est empressée d’ajouter la première ministre, pour laquelle il s’agit d’une «bonne règle d’indemnisation». Même pas honte.
La ficelle est
un peu grosse. Alors qu’elle s’apprêtait à recevoir une dernière fois les
représentants syndicaux, avant la présentation officielle du projet sur les
retraites le 10 janvier, Madame 49.3 a voulu apparaître ouverte au dialogue,
affirmant que l’âge légal à 65 ans n’était «pas un totem». Cet esprit «d’ouverture» façon enfumage et mascarade, qui s’apparente
à un exercice de com assez désespéré, ne trompe personne. Car l’hostilité des
organisations de salariés reste totale, sachant qu’Emmanuel Macron, lors de ses
vœux, a été très clair. «Nous ne nous
faisons pas d’illusions», assure Laurent Berger, le
secrétaire général de la CFDT, qui annonce une «opposition résolue». «On y va,
histoire de savoir si, quand on va descendre dans la rue, on sera juste très en
colère ou très très en colère», ironise Pascale
Coton, vice-présidente de la CFTC. L’ultime tête-à-tête avec Mme Borne
permettra justement d’évoquer la «mobilisation massive qui se prépare pour faire échouer l’exécutif», prévient pour sa part Catherine Perret, secrétaire confédérale CGT.
Le bras de fer promet d’être tendu. D’autant que l’éloge du dialogue et de la concertation par Élisabeth Borne a quelque chose de pathétique. Ne vient-elle pas d’utiliser le 49.3 à dix reprises, insultant la représentation nationale et l’opinion publique? Question simple: s’engage-t-elle à ne pas recourir au passage en force sur les retraites? Chacun connaît la réponse…
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 4 janvier 2023.]
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