Or, l’abstention reste un piège mortel qui se retourne toujours contre ceux qui éprouvent le plus un besoin de changement économique et social.
«Il faut réveiller l’électorat de gauche.» Ainsi parle Claude Bartolone, tête de liste socialiste en Île-de-France. Sans vouloir pousser la polémique jusqu’à l’absurde alors que le moment se prêterait plutôt au sérieux et à la gravité, à moins de quatre jours d’un scrutin périlleux, nous pourrions quand même lui rétorquer: mais qu’ont donc réalisé le chef de l’État et son gouvernement pour ne pas étouffer la gauche elle-même? Nous connaissons, hélas, la réponse: rien. Au contraire, l’exécutif a mis en œuvre une politique libérale empruntant souvent des recettes à la droite. Appeler aujourd’hui les électeurs de gauche à la responsabilité après avoir trahi à peu près tous les espoirs de 2012, il y aurait de quoi en rire si nous avions le temps de nous amuser…
Qui a semé un peu plus le désespoir depuis trois ans? Souvenons-nous: près de 55% des électeurs de gauche s’étaient abstenus lors des élections départementales, en mars dernier, avec le résultat que l’on sait. Or, l’abstention reste un piège mortel qui se retourne toujours contre ceux qui éprouvent le plus un besoin de changement économique et social. La fatalité et la résignation sont l’arme du système, hier comme aujourd’hui. D’autant que l’échelon régional n’est pas une mince affaire. N’acceptons pas que la démocratie territoriale, déjà frappée par l’affaiblissement de l’État, soit kidnappée par ceux que le mot «égalité» fait vomir!
Le défi auquel sont confrontés désormais tous les républicains progressistes est devenu abyssal, poignant à bien des égards, mais fort heureusement incontournable en tant qu’exigence historique. Ce défi tient en quelques mots : le chantier d’une nouvelle République qui instaure – vraiment – l’esprit et la règle d’une société soudée autour d’institutions sociales solides et inaliénables, autour de services publics puissants et modernes. Autant de conditions pour éviter le délitement social qui, ces dernières années, a ruiné pierre après pierre le pacte républicain. Voter pour les listes du Front de Gauche et de ses partenaires, c’est voter pour un pacte social d’égalité et de solidarité en faveur des collectivités locales et régionales. Il n’est pas trop tard.
[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 3 décembre 2015.]
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