Le miroir de notre temps incite à la prudence, sinon à la crainte. Devant nous se dresse donc la droite, dont le programme délirant, s’il était appliqué dans les départements, ne vise qu’à hacher menu les politiques solidaires et ôter la chair même des prérogatives sociales de cet échelon territorial aimé par nos concitoyens. Le retour de cette droite triomphante, plus dure, conservatrice et ultralibérale que jamais, a de quoi effrayer. Souvenons-nous! Qu’était le palais de l’Élysée du temps de la mainmise sarkozyste, sinon l’espèce de QG glauque et vulgaire d’une mafia politique dirigée par un cabinet noir pour lequel tous les coups étaient permis? Trois ans après son départ du pouvoir, Sarkozy singe encore la victime salie et vaincue par la seule haine de ses adversaires. La thèse a pourtant fait long feu.
Durant des années, entre les choix antisociaux réactionnaires et les dérives les plus infâmes, comme le maudit ministère de l’Identité et de l’Immigration, nous avions eu le temps de mesurer l’ampleur du mal. Le petit bonapartiste des copains et des coquins a abîmé la République, propageant sans scrupule la porosité de ses idées avec celles du FN, jouant souvent les « porte-parole » des Le Pen… Alors que nous votons pour l’avenir de nos départements, là où la noblesse de la politique croise les aspirations sociales du peuple, la question, prenons-la pour telle, n’est pas de tergiverser. Faire barrage à la droite et son extrême est un impératif absolu, sauf à revendiquer une terre brûlée qui rajouterait du drame aux drames. La droite ose se pavaner, alors qu’elle a gonflé les voiles du lepénisme et du poujadisme ambiant et qu’elle reste, aujourd’hui encore, l’illustration emblématique des dérives monarchiques et oligarchiques de la Ve. Ces dérives-là prennent parfois toutes les formes de l’aliénation, même tout en bas dans nos territoires, déjà assez abîmés comme cela. Ce n’est pas en abandonnant les décisions politiques locales à la droite que la gauche alternative – en pleine construction d’une gauche nouvelle – gagnera du terrain et bousculera l’hégémonie d’un Parti socialiste lui-même englué dans son social-libéralisme… dépourvu de social.
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 26 mars 2015.]
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