Sur les ruines encore fumantes d’un monarchisme toujours revanchard et des derniers feux de l’empire, dans un pays exténué par le siège des Prussiens et humilié par la défaite de Sedan et l’armistice, le temps était à se battre pour bâtir une société nouvelle. Le samedi 18 mars 1871, avant le jour, dix régiments s’ébranlent et vont, comme en témoigne une affiche hâtivement placardée, mettre hors d’état de nuire «des hommes malintentionnés… qui se sont constitués les maîtres de Paris… par ordre d’un comité occulte». Cette tentative par le gouvernement de reprendre les canons que détenait la garde nationale parisienne – qui aurait pu n’être qu’un incident comme un autre – déclenche chez le peuple parisien une révolte dont le processus sera unique dans l’histoire de France.
Dans un hors-série exceptionnel, déjà disponible en kiosque, une quinzaine d’historiens et de spécialistes de la période ont pris la plume pour nous raconter au jour le jour ces soixante-douze jours de la Commune de Paris et analyser comment le paysage politique et symbolique français s’est profondément et durablement métamorphosé. Les communards, femmes et hommes, dans les conditions de leur époque, sont en effet parvenus à mettre en place une démocratie populaire et participative approfondie, tout en jetant les bases d’une république sociale véritable. Épris de justice pour tous, malgré la pression des versaillais, les communards ont inventé une citoyenneté qui repoussa loin les frontières de l’imagination des républicains d’alors, allant jusqu’à écrire les premiers éléments d’un Code du travail, voire, bien avant la célèbre loi de 1905, réaliser la séparation de l’Église catholique, force politique réactionnaire, et de l’État, lequel, pour eux, ne pouvait être que laïque, totalement laïque…
Fière de son autarcie, arc-boutée sur son intransigeance citoyenne et visionnaire, la Commune inventa un monde trop vaste pour son périmètre mais développa une audace pour les générations futures que ne manqueront pas d’exalter les artistes et les écrivains, tandis que son écrasement par les troupes versaillaises de Thiers lors du bain de sang connu sous le nom de Semaine sanglante ne fera que renforcer sa légitime mythologie. Malgré sa défaite, la Commune de Paris, son exemple comme son idéal ont laissé une empreinte indélébile dans l’histoire et exercé une véritable fascination sur tous les révolutionnaires du XXe siècle qui, de près, de loin, ont toujours eu l’espoir qu’ils en continuaient l’œuvre. Pour tous ceux qui rêvent aujourd’hui d’insurrections, de révolutions et d’authentiques démocraties populaires et républicaines, la Commune reste une source d’inspiration inépuisable. Comme chacun a pu le remarquer, les volontés de changer la société ne gisent plus au pied du mur des Fédérés…
LE SOMMAIRE DU HORS-SERIE
LA COMMUNE AU JOUR LE JOUR-Des origines à la Semaine Sanglante, l’Insurrection au jour le jour: par Georges Beisson, Yves Lenoir, Claudine Rey, Jean-Louis Robert, Daniel Spassky, historiens, journalistes, membres des Amis de la Commune.
– La Commune de Paris… en province : par Marc César, historien.
– La Commune par ceux qui l’ont vécue et le retour des déportés : par Laure Godineau, historienne.
– Portraits : Auguste Blanqui, Charles Delescluze, Léo Frankel, Nathalie Lemel, Louise Michel, Adolph Thiers, édouard Vaillant, Eugène Varlin, Gustave Courbet…
POURQUOI LA COMMUNE EST VIVANTE
– La démocratie populaire et participative : par Jean-Louis Robert, historien.
– La République sociale : par Yves Lenoir, journaliste.
– La séparation de l’église et de l’état : par Jean-Paul Scot, historien.
– Les femmes à l’avant-garde : par Claudine Rey, historienne.
– L’accès aux droits et l’affirmation humaniste : par Jean-Louis Robert, historien.
LA COMMUNE DANS L’HISTOIRE
– 1848-1871 : qu’y a-t-il de commun ? : par Michèle Riot-Sarcey et Jacques Rougerie, historiens.
– La « lecture » de Marx : par Jean-Emmanuel Ducoin, journaliste et écrivain.
– La « lecture » de Jaurès : par Gilles Candar, historien.
– L’histoire au XXe siècle de la « montée au Mur »: par Danielle Tartakowsky, historienne.
– Entretien avec Anicet Le Pors, ancien ministre et conseiller d’état.
– Les Amis de la Commune : comment perpétuer une mémoire vivante ?
LA COMMUNE ET LA CULTURE
– De la littérature à la chanson, de la peinture à la poésie... par Maurice Ulrich, journaliste.
– Entretien avec Jean Vautrin, écrivain.
– Extraits de textes et de chansons de l’époque.
Déjà disponible en kiosques ou sur la boutique de notre site internet : Boutique-l'Humanité
(A plus tard...)
5 commentaires:
Merci à JED et à l'Huma de nous rappeller la Commune de Paris.Mais,assez de parisianisme. Il ne faudrait pas oublier que d'autres villes ont eu leur Commune, Lyon, Marseille, Narbonne, pour ne citer que les plus illustres. Mais il faudrait auusi rappeller qu'en France, on ne trouve que très peu ou pas du tout de rue Vallès, Courbet, Dombrovski, Michel, etc..., mais partout il y a des rues Adolph Thiers, rues qu'il serait temps de débaptiser.
Oui, Pluton, tu as bien raison : il y eut également la province, ô combien (Lyon, Marseille, Le Creusot, Narbonne, Toulouse, Saint-Etienne, etc.). C'est la raison pour laquelle figure dans ce hors-série un très bel article de l'historien Marc César spécifiquement sur cette question...
Merci de ton soutien chaleureux.
JED
Félicitations pour votre excellent hors-série sur la Commune.
Les contributions scientifiques sont de grandes qualités, tout comme la galerie de portraits qui accompagne les pages consacrées aux grandes heures de ces "soixante-douze jours qui bouleversèrent la France".
Cerise sur le gâteau, une interview de Jean Vautrin illustrée par des extraits du Cri du peuple.
Initiative certes d'actualité mais au combien salutaire par les temps qui courent...
Bravo, bravo et bravo à l'Huma et à DUCOIN pour avoir réussi un si beau numéro - vraiment tout à l'honneur de l'Huma. VIVE LA COMMUNE !!!
J'ai lu et dévoré ce hors série exceptionnel. ET là, il est vraiment exceptionnel, c'est la première fois qu'on lit quelque chose d'aussi important sur la Commune. POur la mémoire des Communards et des révolutionnaires, un grand et profond MERCI à toute l'équipe de l'Huma pour ce beau cadeau de mémoire.
Merci JED - MERCI !
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