L’ancien résistant communiste s’est éteint à l’âge de quatre-vingt-onze ans. Il fut journaliste « sportif » à Ce soir et à Miroir Sprint, puis créateur du mythique Miroir du cyclisme.
Durant toute la deuxième moitié du XXe siècle, il avait côtoyé les plus grands noms de l’histoire du sport avec une passion, un engagement et une volonté de transmission qui forçaient le respect – jusqu’à devenir lui-même une figure incontournable du journalisme qui s’y rapportait directement, et, de loin en loin, de toute la presse d’après-guerre. Témoin d’une époque bénie faite d’exploits et peuplée d’authentiques héros aux incarnations populaires, Maurice Vidal nous a quittés, le 6 janvier, à l’âge de quatre-vingt-onze ans, au début d’un nouveau siècle dont il nous disait ne plus comprendre «ni les codes ni les valeurs» et «encore moins ce penchant vulgaire et irrationnel pour la profusion de fric», qui, ajoutait-il, «finira par tuer l’essence même du sport».
Résistant communiste, dirigeant à l’Union de la jeunesse républicaine de France (UJRF), l’ex-Jeunesse communiste, il fut longtemps difficile pour ne pas dire impossible de dissocier chez lui le combat politique de ses activités professionnelles. D’abord journaliste au quotidien sportif Sports, créé par le PCF en 1946 pour concurrencer le groupe l’Équipe, autorisé à reparaître malgré ses agissements durant l’Occupation, Maurice Vidal débuta aux côtés de Jacques Marchand ou de Pierre Chany, avec lequel il devint un chroniqueur du Tour de France acharné et avisé, avant de rejoindre la rédaction de Ce soir, dirigé par Louis Aragon, puis le Libération d’avant Sartre, dans les années 1960.
Mais ceux qui connaissent sa carrière le savent : c’est à la tête de Miroir Sprint puis de Miroir du cyclisme, dont il fut le créateur, que Maurice Vidal transforma son amour du sport en œuvre journalistique collective et art de vivre. Cette revue mythique quasi déifiée par les spécialistes de la Petite Reine – toutes générations confondues puisque les anciens numéros s’arrachent encore sous le manteau – fut hélas sacrifiée au début des années 1990, au moment même où le cyclisme quittait sans le savoir l’âge d’or… Avec Émile Besson, et les regrettés Albel Michéa, Roland Passevant, Pierre Chany et quelques autres, tous des résistants, Maurice Vidal fut l’un des pionniers du journalisme dit «sportif», mais qui, chacun l’aura compris, était bien plus que du journalisme… Nous sommes leurs héritiers.
(A plus tard...)
2 commentaires:
Bien, ton article sur Maurice Vidal, publié dans l'Huma. Dommage de n'avoir pas repris un de ses éditos percutant de quelque Miroir de derrière les fagots. Ton article cite d'autres journalistes du même tonneau. Mais ils avaient matière avec des champions qui ne faisaient pas la course (pour le vélo) en attendant ce que va dire dans l'oreillette son directeur sportif. Je t'invite à regarder les notices de ces journalistes sur l'encyclopédie en ligne W. Elles sont faites et probablement perfectibles. C.H.
Merci, Monsieur Ducoin, pour ce bel hommage à un grand journaliste. Inutile de vous dire que je ne suis pas étonné que cette mort soit passée inaperçue dans les autres journaux... qui n'ont pas écrit dessus une seule ligne!
Jean-Louis. R
Enregistrer un commentaire