Mike Tyson, plus jeune champion du monde des poids lourds de l'histoire, se raconte dans un livre, "La Vérité et rien d’autre", qui vous laisse littéralement KO debout. La boxe vécue par un voyou qui ne cache rien...
Tyson. «J’ai trouvé Hemingway déprimant. Je me suis identifié au personnage principal de Dumas dans le Comte de Monte-Cristo. En lisant Mao et le Che, je suis devenu encore plus anticonformiste.» Quand Mike Tyson évoque son séjour en taule, après le viol de Desiree Washington pour lequel il fut condamné à six ans d’emprisonnement, il ne cache rien. Ni l’insondable sentiment de relégation – «on n’y traite pas les gens comme des êtres humains» –, ni le long chemin d’introspection vers «la vérité», qui, selon lui, fut une bénédiction, car il apprit alors à se plonger dans la pensée des autres, Nietzsche étant devenu son «maître préféré». Les philosophes? Parce qu’«ils sont politiquement incorrects» et «remettent en cause le statu quo». L’ex-boxeur, plus jeune champion des poids lourds de l’histoire (à vingt ans), parle même du viol en question, donne sa version des faits et évoque des détails d’une intimité telle qu’il enfonce les frontières du sordide. Cet épisode l’éloigna des rings pendant trois ans.
mardi 24 décembre 2013
jeudi 19 décembre 2013
Juste lucide: à propos de la brutalité des choix socialistes
La politique autrement, c’est aussi la gauche autrement.
Le besoin de politique autrement. Cette exigence ne s’exprimait-elle pas dans les clameurs d’un certain jour de mai 2012, quand Sarkozy fut chassé du pouvoir? Dix-neuf mois après, l’horizon paraît bouché et le corps constitué de «la gauche» est démembré. Il avait voté pour un virage social, il a été écartelé par les forces libérales. L’heure est grave. Si grave que le début de la précampagne électorale (municipales et européennes) a de quoi nous inquiéter. Les logorrhées nauséeuses actuelles nous éloignent de l’essentiel et ne servent que l’ambiance minable du lepénisme rampant. Où est l’échange, la confrontation, le combat? On voudrait priver les citoyens d’un débat approfondi qu’on ne s’y prendrait pas autrement. L’Humanité souhaite boxer dans une tout autre catégorie, comme nous le démontrons aujourd’hui avec le face-à-face «choc» entre Marie-George Buffet et Henri Guaino...
Le besoin de politique autrement. Cette exigence ne s’exprimait-elle pas dans les clameurs d’un certain jour de mai 2012, quand Sarkozy fut chassé du pouvoir? Dix-neuf mois après, l’horizon paraît bouché et le corps constitué de «la gauche» est démembré. Il avait voté pour un virage social, il a été écartelé par les forces libérales. L’heure est grave. Si grave que le début de la précampagne électorale (municipales et européennes) a de quoi nous inquiéter. Les logorrhées nauséeuses actuelles nous éloignent de l’essentiel et ne servent que l’ambiance minable du lepénisme rampant. Où est l’échange, la confrontation, le combat? On voudrait priver les citoyens d’un débat approfondi qu’on ne s’y prendrait pas autrement. L’Humanité souhaite boxer dans une tout autre catégorie, comme nous le démontrons aujourd’hui avec le face-à-face «choc» entre Marie-George Buffet et Henri Guaino...
mercredi 18 décembre 2013
Déconstruction(s): Derrida et Mandela réunis...
Quand le philosophe, inventeur de la déconstruction, évoquait sa passion du héros de la lutte anti-apartheid.
Mandela. «Sartre est-il encore vivant?» Quand Jacques Derrida rencontra Nelson Mandela à Johannesburg, en 1999, l’ex-prisonnier de Robben Island, qui avait manqué un quart de siècle d’histoire, repensa soudain à ses vieux cours de philosophie française et osa poser la question, innocemment, à son illustre visiteur, sachant que ce dernier lui accorderait volontiers sa clémence pour son ignorance. Madiba avait alors plus de quatre-vingts ans, il venait de se remarier et, selon Derrida lui-même, paraissait heureux comme un jeune homme au seuil d’une nouvelle vie». Une heure avant de discourir avec l’inventeur de la déconstruction, l’ex-premier président démocratiquement élu d’Afrique du Sud avait reçu longuement Yasser Arafat. Derrida avait assisté, stoïque, à la folie protocolaire (hélicoptère, gardes du corps, etc.) et fut très impressionné de voir son interlocuteur «frais, disponible et de belle humeur, comme s’il commençait sa journée, prêt à parler de tout, jouant à se plaindre de ne plus pouvoir décider seul de ses voyages». Mandela avait ajouté: «Plus de liberté de mouvement, je suis en prison, désormais, et voilà mon geôlier», en montrant du doigt son principal collaborateur.
Derrida. Une intuition symbolique: depuis la mort de Mandela, ne sommes-nous pas en mesure de déclarer la (vraie) fin du XXe siècle? Ici même, dans cette chronique, en 2004, le bloc-noteur un peu plus jeune avait déjà suggéré cette idée au lendemain de la disparition de Jacques Derrida, qui avait laissé ceux qui l’aimaient dans un état de sidération.
Texte de Derrida sur Mandela. |
Derrida. Une intuition symbolique: depuis la mort de Mandela, ne sommes-nous pas en mesure de déclarer la (vraie) fin du XXe siècle? Ici même, dans cette chronique, en 2004, le bloc-noteur un peu plus jeune avait déjà suggéré cette idée au lendemain de la disparition de Jacques Derrida, qui avait laissé ceux qui l’aimaient dans un état de sidération.
lundi 16 décembre 2013
Notation(s): l’école dysfonctionne là où l’État s'est retiré
L’école de la République, gratuite et laïque, qui fut longtemps l’une de nos institutions les plus jalousées dans le monde,
ne parvient plus à dépasser les déterminismes sociaux.
Norme. Vous avez sans doute remarqué, depuis quelques jours, la France va encore plus mal. Introspection. Flagellation. Jusqu’à la déraison. À la faveur de la très et trop fameuse enquête Pisa, classement établi par l’OCDE qui mesure les performances des élèves classés par pays, nous serions donc menacés de relégation. Notre Éducation, avec la majuscule qui sied à sa grandeur historique, aurait perdu son excellence et sa réputation universelle. L’heure est au déclassement, au déclinisme. Nous voilà donc entrés dans la norme, soumis aux classements internationaux dictés par des logiques qui, de près ou de loin, n’entendent rien au concept de République et encore moins de service public. Mais tout se note de nos jours. Du triple A pour les États à l’efficacité de la littérature sommée d’aligner les zéros derrière les chiffres de ventes, en passant par notre pouvoir de séduction ou notre capacité à juger en direct n’importe quelle décision gouvernementale par grand vent, la dictature sondagière et la logique de l’évaluation basée sur des critères anglo-saxons ont remplacé la compréhension savante, l’expertise collégiale et même l’esprit du temps-long qui, jadis, inspirait le commissariat au Plan et le CNRS.
Norme. Vous avez sans doute remarqué, depuis quelques jours, la France va encore plus mal. Introspection. Flagellation. Jusqu’à la déraison. À la faveur de la très et trop fameuse enquête Pisa, classement établi par l’OCDE qui mesure les performances des élèves classés par pays, nous serions donc menacés de relégation. Notre Éducation, avec la majuscule qui sied à sa grandeur historique, aurait perdu son excellence et sa réputation universelle. L’heure est au déclassement, au déclinisme. Nous voilà donc entrés dans la norme, soumis aux classements internationaux dictés par des logiques qui, de près ou de loin, n’entendent rien au concept de République et encore moins de service public. Mais tout se note de nos jours. Du triple A pour les États à l’efficacité de la littérature sommée d’aligner les zéros derrière les chiffres de ventes, en passant par notre pouvoir de séduction ou notre capacité à juger en direct n’importe quelle décision gouvernementale par grand vent, la dictature sondagière et la logique de l’évaluation basée sur des critères anglo-saxons ont remplacé la compréhension savante, l’expertise collégiale et même l’esprit du temps-long qui, jadis, inspirait le commissariat au Plan et le CNRS.
samedi 14 décembre 2013
Exhortation(s): quand le pape François parle des classes...
Dans Evangelii Gaudium (la joie de l’Évangile), diffusé mardi 26 novembre, premier texte officiel publié de sa main depuis son élection sur le trône de Pierre, l’évêque de Rome offre une ligne de conduite tous azimuts, façon feuille de route.
François Ier. Être au monde dans ses mutations ne va pas sans soubresauts, ni hésitation. Ici, non pas la chronique de la peur mais contre la peur, quand la solitude se brise par la grâce d’espoirs sollicités. Voici le temps de l’aveu, celui qui doit inciter à l’optimisme malgré les périls en vue et les éventuelles déceptions. Que craindre le plus, en effet: l’effroi prévisible des consciences ou le combat des hommes en tant que potentialité? Bien sûr, gardons-nous toujours d’un enthousiasme trop aveuglé par la puissance symbolique des actes et des mots. Mais, une fois encore, le pape François vient de nous surprendre plutôt agréablement. Pourquoi devrions-nous le taire et tenir à distance des informations assez importantes, qui, en tout orgueil, confortent nos impressions initiales? Dans Evangelii Gaudium (la joie de l’Évangile), diffusé mardi 26 novembre, premier texte officiel publié de sa main depuis son élection sur le trône de Pierre, l’évêque de Rome offre une ligne de conduite tous azimuts, façon feuille de route, qui dépasse de loin les gestes inédits et autres phrases qu’il avait pu distiller çà et là, à la grande stupéfaction des conservateurs de la curie. Dans cette première «exhortation apostolique», qui pourrait faire date, François Ier appelle l’Église à s’ancrer dans la société. Une idée banale, direz-vous. Moins qu’il n’y paraît.
François Ier. Être au monde dans ses mutations ne va pas sans soubresauts, ni hésitation. Ici, non pas la chronique de la peur mais contre la peur, quand la solitude se brise par la grâce d’espoirs sollicités. Voici le temps de l’aveu, celui qui doit inciter à l’optimisme malgré les périls en vue et les éventuelles déceptions. Que craindre le plus, en effet: l’effroi prévisible des consciences ou le combat des hommes en tant que potentialité? Bien sûr, gardons-nous toujours d’un enthousiasme trop aveuglé par la puissance symbolique des actes et des mots. Mais, une fois encore, le pape François vient de nous surprendre plutôt agréablement. Pourquoi devrions-nous le taire et tenir à distance des informations assez importantes, qui, en tout orgueil, confortent nos impressions initiales? Dans Evangelii Gaudium (la joie de l’Évangile), diffusé mardi 26 novembre, premier texte officiel publié de sa main depuis son élection sur le trône de Pierre, l’évêque de Rome offre une ligne de conduite tous azimuts, façon feuille de route, qui dépasse de loin les gestes inédits et autres phrases qu’il avait pu distiller çà et là, à la grande stupéfaction des conservateurs de la curie. Dans cette première «exhortation apostolique», qui pourrait faire date, François Ier appelle l’Église à s’ancrer dans la société. Une idée banale, direz-vous. Moins qu’il n’y paraît.
vendredi 13 décembre 2013
Prostitution: pourquoi l'abolition
Puisqu’elle génère en tant que telle
un système porteur d’une double violence, sociale et sexuelle, la prostitution sera abolie, tôt ou tard.
Faites le test. Si vous croisez l’un des signataires du «manifeste des 343 salauds» – comment mieux nommer ces gens-là d’ailleurs? –, posez-lui cette simple question: «Aimeriez-vous que votre fille soit prostituée et se fasse chevaucher vingt à trente fois par jour?» Vous constaterez alors que l’impudeur intellectuelle de ces courageux de salon ne franchit jamais le seuil de l’indécence contre eux-mêmes. Curieux, cette forme de courage pseudo-romantico-libertaire mâtiné de consumérisme qui consiste à imposer aux autres une réalité qu’on ne veut pas voir chez soi… Après des semaines de débat où la mauvaise foi aura cohabité avec l’inacceptable, jusqu’à cette sordide pétition publiée dans Causeur, la revue ultra-réac d’Élisabeth Lévy, démolissons sans crainte certains arguments hypocrites et imbéciles qui insultent notre intelligence.
Faites le test. Si vous croisez l’un des signataires du «manifeste des 343 salauds» – comment mieux nommer ces gens-là d’ailleurs? –, posez-lui cette simple question: «Aimeriez-vous que votre fille soit prostituée et se fasse chevaucher vingt à trente fois par jour?» Vous constaterez alors que l’impudeur intellectuelle de ces courageux de salon ne franchit jamais le seuil de l’indécence contre eux-mêmes. Curieux, cette forme de courage pseudo-romantico-libertaire mâtiné de consumérisme qui consiste à imposer aux autres une réalité qu’on ne veut pas voir chez soi… Après des semaines de débat où la mauvaise foi aura cohabité avec l’inacceptable, jusqu’à cette sordide pétition publiée dans Causeur, la revue ultra-réac d’Élisabeth Lévy, démolissons sans crainte certains arguments hypocrites et imbéciles qui insultent notre intelligence.
jeudi 12 décembre 2013
Footballeur(s): du comportement des Bleus...
Que se cache-t-il derrière une victoire? Qu'un nouvel état d’esprit est peut-être le meilleur garant contre le divorce entre les citoyens et ceux qui doivent mouiller le maillot...
Bleus. Une éthique de vie, ça ne se monnaye pas, ça s’apprend et se partage. Laissons de côté les qualificatifs qui, forcément imparfaits à l’heure de l’étrangeté sportive, ne feraient que réduire la portée d’un moment plus important qu’il n’y paraît. Certains continuent de s’en désoler, d’autres montrent leur joie sincère : les Bleus de France représenteront donc le Coq en juin prochain au Brésil. Franchement, l’un des creusets mythiques du football mondial pouvait-il accueillir la fête du ballon rond, en un temps de reconnaissance des pays dits « émergents », sans l’un des représentants les plus fondamentaux? De Coubertin (inventeur des Jeux modernes) à Jules Rimet (créateur du Mondial), la France est en effet la mère du sport en tant que genre universel. Mieux, elle reste la langue maternelle de l’expression de l’émancipation internationaliste par la pratique sportive censée véhiculer des valeurs d’amitié entre les peuples… De bien grands mots, direz-vous. Rappelons-nous simplement que, par son universalité, le foot ressemble à un monde en expansion qui crée des personnages et des événements à la démesure de notre époque.
Bleus. Une éthique de vie, ça ne se monnaye pas, ça s’apprend et se partage. Laissons de côté les qualificatifs qui, forcément imparfaits à l’heure de l’étrangeté sportive, ne feraient que réduire la portée d’un moment plus important qu’il n’y paraît. Certains continuent de s’en désoler, d’autres montrent leur joie sincère : les Bleus de France représenteront donc le Coq en juin prochain au Brésil. Franchement, l’un des creusets mythiques du football mondial pouvait-il accueillir la fête du ballon rond, en un temps de reconnaissance des pays dits « émergents », sans l’un des représentants les plus fondamentaux? De Coubertin (inventeur des Jeux modernes) à Jules Rimet (créateur du Mondial), la France est en effet la mère du sport en tant que genre universel. Mieux, elle reste la langue maternelle de l’expression de l’émancipation internationaliste par la pratique sportive censée véhiculer des valeurs d’amitié entre les peuples… De bien grands mots, direz-vous. Rappelons-nous simplement que, par son universalité, le foot ressemble à un monde en expansion qui crée des personnages et des événements à la démesure de notre époque.
mercredi 11 décembre 2013
1995, à l'Ellis Park: Nelson et François
Il y a dix-huit ans, l’Afrique du Sud organisait la Coupe du monde de rugby et remportait l’épreuve. Bien plus que du sport… Revoici l'un de mes articles de l'époque...
Johannesburg (Afrique du Sud), envoyé spécial.
L’Ellis Park est un drôle de royaume-liberté à l’heure où, plongeant dans le demi-clos, la nuit tombe sur Johannesburg, cité des lumières retrouvées. C’est une nuit belle comme une symbolique du jour. Une nuit qui se lève. Là, face à face sous les projecteurs crus, se regardant comme jamais ils n’auraient pu le faire auparavant, deux hommes se congratulent, ajoutent quelques mots à leurs larmes contenues, se livrent une poignée de main longue, intense, pleine d’espoir. C’est l’émotion du siècle à venir qui tue la honte d’un autre. Changement.
Nelson Mandela, le président. François Pienaar, le capitaine. Et toute l’Afrique du Sud en eux, comme un rêve impossible. Le premier — « l’un des plus grands personnages de l’histoire de l’Homme », comme nous le disait récemment le joueur français Laurent Cabannes —, avec ses yeux des grands jours pleins de reconnaissance sage, témoin d’un passé de luttes, du triomphe sur l’immonde. Le second, descendant d’une nation de Blancs qui ne voulait rien céder et qui, fils spirituel d’une destinée plus forte que la haine, s’en vient aujourd’hui honorer le premier citoyen de l’état, un Noir.
Johannesburg (Afrique du Sud), envoyé spécial.
L’Ellis Park est un drôle de royaume-liberté à l’heure où, plongeant dans le demi-clos, la nuit tombe sur Johannesburg, cité des lumières retrouvées. C’est une nuit belle comme une symbolique du jour. Une nuit qui se lève. Là, face à face sous les projecteurs crus, se regardant comme jamais ils n’auraient pu le faire auparavant, deux hommes se congratulent, ajoutent quelques mots à leurs larmes contenues, se livrent une poignée de main longue, intense, pleine d’espoir. C’est l’émotion du siècle à venir qui tue la honte d’un autre. Changement.
Nelson Mandela, le président. François Pienaar, le capitaine. Et toute l’Afrique du Sud en eux, comme un rêve impossible. Le premier — « l’un des plus grands personnages de l’histoire de l’Homme », comme nous le disait récemment le joueur français Laurent Cabannes —, avec ses yeux des grands jours pleins de reconnaissance sage, témoin d’un passé de luttes, du triomphe sur l’immonde. Le second, descendant d’une nation de Blancs qui ne voulait rien céder et qui, fils spirituel d’une destinée plus forte que la haine, s’en vient aujourd’hui honorer le premier citoyen de l’état, un Noir.
mardi 10 décembre 2013
Mandela: pourquoi nous serons vigilants
Nous exaspère aujourd’hui l’idée que, dans le flot de paroles, parfois
illégitimes, certains opportunistes de la dernière heure tentent de
domestiquer sa pensée pour mieux la vider de son sens.
Parce que «l’après» s’ouvre toujours sur un continent à découvrir, les heures qui suivent le surgissement d’un événement planétaire sont souvent les plus instructives pour le cheminement de l’esprit humain. Quatre jours que Nelson Mandela s’en est allé, et déjà une information rare – donc précieuse – s’impose à tous par l’éclat de sa vérité. Madiba nous unit dans la mort comme, jadis, il nous avait unis dans la vie. Sa beauté politique et morale réussit l’impossible. L’ampleur de l’émotion qui continue de parcourir les peuples (nous parlons bien là des peuples, pas de certains dirigeants ou de people convertis sur le tard) ne dit rien d’autre que l’espérance sincère des citoyens du monde en l’avènement d’une humanité meilleure. Un peu comme si le vieux rêve de Jaurès était universellement honoré par les échos collectifs qui se répondent soudain de pays en pays, dans toutes les langues et au nom des convictions de résistance, d’égalité et d’émancipation. N’en refusons pas l’augure. Autour de la figure d’un homme et de ses multiples combats qui furent toujours nôtres, voici l’apparition nouvelle d’une internationale de l’espoir. «Par l’exemple, ou l’exemplaire, Nelson Mandela», disait Jacques Derrida…
Parce que «l’après» s’ouvre toujours sur un continent à découvrir, les heures qui suivent le surgissement d’un événement planétaire sont souvent les plus instructives pour le cheminement de l’esprit humain. Quatre jours que Nelson Mandela s’en est allé, et déjà une information rare – donc précieuse – s’impose à tous par l’éclat de sa vérité. Madiba nous unit dans la mort comme, jadis, il nous avait unis dans la vie. Sa beauté politique et morale réussit l’impossible. L’ampleur de l’émotion qui continue de parcourir les peuples (nous parlons bien là des peuples, pas de certains dirigeants ou de people convertis sur le tard) ne dit rien d’autre que l’espérance sincère des citoyens du monde en l’avènement d’une humanité meilleure. Un peu comme si le vieux rêve de Jaurès était universellement honoré par les échos collectifs qui se répondent soudain de pays en pays, dans toutes les langues et au nom des convictions de résistance, d’égalité et d’émancipation. N’en refusons pas l’augure. Autour de la figure d’un homme et de ses multiples combats qui furent toujours nôtres, voici l’apparition nouvelle d’une internationale de l’espoir. «Par l’exemple, ou l’exemplaire, Nelson Mandela», disait Jacques Derrida…
vendredi 22 novembre 2013
Prix Jules Rimet: "Un grand honneur"
Voici l'interview que j'ai donnée au site consacré au prix littéraire Jules Rimet, que j'ai reçu le 14 novembre dernier pour mon roman "Go Lance !".
Que représente pour vous ce prix Jules Rimet?
Jean-Emmanuel Ducoin. Un grand honneur. J’ai déjà reçu des prix journalistiques dans ma vie, mais recevoir un prix littéraire dépasse de loin toutes les émotions que je pouvais imaginer. Au moins pour trois raisons. La première raison, c’est évidemment cette forme de reconnaissance d’un genre littéraire devenu rare en France, le roman-docu, et je remercie vivement les membres du jury d’avoir osé défendre cette littérature-là, à la manière d’un roman-américain. J’ai donc l’impression que ce travail a été récompensé en grande partie en raison de la structure même de ce roman, qui s’attache à faire comprendre une réalité dans toutes les complexités d’un personnage. « Le roman, cette clef des portes closes », disait Aragon. C’est exactement ce qui a guidé mon écriture, ouvrir la porte secrète d’un certain Lance Armstrong, que tout le monde croit connaître, mais qui, en réalité, est un homme plus complexe qu’imaginé. Les avis sur mon livre sont souvent contradictoires : certains disent que je suis impitoyable avec Armstrong, d’autres affirment au contraire que je suis en totale empathie. Ce n’est en vérité ni l’un ni l’autre, juste le récit d’une ambition démesurée, d’un rêve américain qui était trop beau pour être vrai. C’est d’ailleurs le propre du roman : chacun fait sa propre histoire…
La remise du prix. |
Jean-Emmanuel Ducoin. Un grand honneur. J’ai déjà reçu des prix journalistiques dans ma vie, mais recevoir un prix littéraire dépasse de loin toutes les émotions que je pouvais imaginer. Au moins pour trois raisons. La première raison, c’est évidemment cette forme de reconnaissance d’un genre littéraire devenu rare en France, le roman-docu, et je remercie vivement les membres du jury d’avoir osé défendre cette littérature-là, à la manière d’un roman-américain. J’ai donc l’impression que ce travail a été récompensé en grande partie en raison de la structure même de ce roman, qui s’attache à faire comprendre une réalité dans toutes les complexités d’un personnage. « Le roman, cette clef des portes closes », disait Aragon. C’est exactement ce qui a guidé mon écriture, ouvrir la porte secrète d’un certain Lance Armstrong, que tout le monde croit connaître, mais qui, en réalité, est un homme plus complexe qu’imaginé. Les avis sur mon livre sont souvent contradictoires : certains disent que je suis impitoyable avec Armstrong, d’autres affirment au contraire que je suis en totale empathie. Ce n’est en vérité ni l’un ni l’autre, juste le récit d’une ambition démesurée, d’un rêve américain qui était trop beau pour être vrai. C’est d’ailleurs le propre du roman : chacun fait sa propre histoire…
mardi 19 novembre 2013
Le prix Jules Rimet pour Go Lance !
Mon roman "Go Lance!", publié chez Fayard en juin dernier, a obtenu, jeudi 14 novembre, au premier tour de scrutin, le prix littéraire Jules Rimet.
La remise du prix par Denis Jeambar et Renaud Leblond. |
Par Renaud Leblond, président de l'association Jules Rimet Sport et Culture:
«Le prix Jules Rimet se propose de célébrer la littérature sportive, française ou
étrangère, sous toutes ses formes: roman, chronique, nouvelle, document.
Créé par l'association Jules Rimet Sport et Culture, avec le soutien de la
Fondation Jean-Luc Lagardère et de Nes&Cité, il est doté de 5000 euros.
Après la victoire de Paul Fournel en 2012 (Anquetil tout seul,
Seuil), le jury présidé par Denis Jeambar s'est réuni le 14 novembre au stade
Bauer, à Saint-Ouen (là où évolue le Red Star Football Club depuis plus d'un
siècle) pour désigner le nouveau lauréat: Jean-Emmanuel Ducoin, auteur de
Go Lance! (Fayard), le "roman vrai" de Lance Armstrong. De Jules
Rimet - fondateur du Red Star Football Club et père de la Coupe du monde de
football - ce prix emprunte le nom et son double credo: le sport doit favoriser
l'intégration sociale et ouvrir sur la culture. Tout en consacrant le
travail d'un auteur, le prix Jules Rimet s'accompagne ainsi, chaque année, d'un
programme d'ateliers d'écriture pour les jeunes des clubs de football.
''Travailler le corps, éveiller l'esprit'', disait Jules Rimet...»
Les jeunes du Red Star m'offre un maillot du club. |
Par Denis Jeambar, président du
jury du Prix Jules Rimet:
«Ils ont lu. Oui, ils ont lu puis, à la fois
intimidés et fiers, ils sont venus offrir un maillot de leur équipe du Red Star
à Jean-Emmanuel Ducoin, lauréat 2013 du prix Jules Rimet pour ''Go Lance!'',
paru aux éditions Fayard. Des gamins qui ne pensent qu’au football mais qui
découvrent, comme le disait Flaubert, que pour vivre, il faut lire. Le prix
Jules Rimet n’en est qu’à sa deuxième édition mais il a déjà atteint son double
but: il célèbre le mariage de la littérature et du sport et démontre
concrètement avec ses ateliers d’écriture, au Red Star à Saint Ouen et à
l’Olympique lyonnais à Lyon cette année, la dimension sociale de la culture. La
plus belle illustration en est cette confidence sans fard faite par Bafétimbi
Gomis, la star de l’OL, aux jeunes footballeurs lyonnais pleins de rêves dans
les yeux: ''J’en avais marre de signer des autographes en faisant des fautes
d’orthographe. J’avais un sentiment de honte. Je ne pouvais pas me mentir à
moi-même. J’ai donc commencé à lire et j’ai repris les études.''
lundi 18 novembre 2013
Inégalités: ça suffit !
Nous vivons une époque d’involution et de contre-révolution
conservatrice, mais ce triste épisode de notre histoire contemporaine
n’est pas fatal.
Les Français ont au moins une constance dans leur colère qui pourrait nous inciter à une forme d’optimisme, fût-il modeste par les temps qui courent. Qu’on se le dise, ils ne supportent plus les inégalités, quelles qu’elles soient ! Notre sondage exclusif réalisé par l’institut CSA ne laisse aucune place au doute: 84% d’entre eux pensent que «la lutte contre les inégalités» devrait être «prioritaire» ; 90% affirment que «si rien n’est fait» ces inégalités se développeront dans les prochaines années ; et pas moins de 81 % déclarent que «les gouvernements peuvent s’ils le veulent» les réduire... Encore un sondage, diront certains. Attention, pour une fois, de ne pas sous-estimer les résultats de cette enquête singulière. Car dans ce moment si particulier de notre vivre ensemble, où nihilisme et égoïsme semblent dominer les comportements d’une humanité fragmentée, l’aspiration réévaluée à l’égalité n’est franchement pas anodine. Elle est même, avouons-le, plutôt réjouissante.
Nos concitoyens sont donc 84% à vouloir «réformer en profondeur» la société française. Ce n’est pas rien. Mais cette volonté affirmée suffit-elle, pour autant, à ouvrir de nouveaux horizons de résistances et de créativités politiques, en somme, est-elle assez dense, concrète et intellectualisée pour se transformer en conscience de classe émergeant sur un nouveau rapport de forces?
Les Français ont au moins une constance dans leur colère qui pourrait nous inciter à une forme d’optimisme, fût-il modeste par les temps qui courent. Qu’on se le dise, ils ne supportent plus les inégalités, quelles qu’elles soient ! Notre sondage exclusif réalisé par l’institut CSA ne laisse aucune place au doute: 84% d’entre eux pensent que «la lutte contre les inégalités» devrait être «prioritaire» ; 90% affirment que «si rien n’est fait» ces inégalités se développeront dans les prochaines années ; et pas moins de 81 % déclarent que «les gouvernements peuvent s’ils le veulent» les réduire... Encore un sondage, diront certains. Attention, pour une fois, de ne pas sous-estimer les résultats de cette enquête singulière. Car dans ce moment si particulier de notre vivre ensemble, où nihilisme et égoïsme semblent dominer les comportements d’une humanité fragmentée, l’aspiration réévaluée à l’égalité n’est franchement pas anodine. Elle est même, avouons-le, plutôt réjouissante.
Nos concitoyens sont donc 84% à vouloir «réformer en profondeur» la société française. Ce n’est pas rien. Mais cette volonté affirmée suffit-elle, pour autant, à ouvrir de nouveaux horizons de résistances et de créativités politiques, en somme, est-elle assez dense, concrète et intellectualisée pour se transformer en conscience de classe émergeant sur un nouveau rapport de forces?
vendredi 15 novembre 2013
Pétainisme(s): l'involution c'est maintenant
Ne plaisantons pas avec notre lucidité, elle est notre
meilleure protectrice à l’heure où les bruits de verre brisé du racisme
et de la haine ordinaire agressent la République en son cœur même.
Actes. Toujours, jamais, encore... Pas de bonne catharsis sans la crainte d’une montée préparatoire aux extrêmes, comme s’il fallait régulièrement apercevoir la silhouette de Satan pour se convaincre que le temps presse et qu’il fait chaud dehors. La mise en abyme du trauma majeur n’a pas que des désavantages (incendie de Rome en 64, peste noire, nazisme, explosion nucléaire, nine eleven), au moins permet-elle une froide prise de conscience même si la brûlure s’avère déjà profonde sur le corps collectif. Mais d’où vient donc ce salaire de la peur – parfois bonne conseillère – perçu tardivement puisque sonner le tocsin ne garantit plus, hélas, une bonne écoute? Pour Marc Bloch, qui n’avait pas le culte des traditions figées, l’histoire n’était pas l’étude du passé, mais de «l’homme dans sa durée». L’historien ne disqualifiait pas l’ici et maintenant pour l’autrefois, mais unissait les actes du passé à ceux du présent. En France, en ce moment, le climat de putréfaction politique, social et éthique atteint un tel degré d’incandescence qu’il n’est pas stupide ni déplacé de se demander si une sorte «de point de difficile retour» (pour ne pas dire de non-retour) n’a pas été franchi, à partir duquel toute mollesse serait vouée à l’échec… Écrire ces mots, qui dilatent notre colère, aurait de quoi heurter notre intelligence, s’ils ne nous aidaient pas, comme disait Gracq en 1940, à «triompher de l’angoissant par l’inouï».
Dégoût. Ne plaisantons pas avec notre lucidité, elle est notre meilleure protectrice à l’heure où les bruits de verre brisé du racisme et de la haine ordinaire agressent la République en son cœur même. Longtemps tapie dans l’ombre ou non, cette xénophobie rampante mais assourdissante ne sort pas de nulle part, inventée du jour au lendemain par on ne sait quel maléfice. Fruit d’une lente agonie morale et médiacratique, le «tout-semble-permis» donc «tout-est-possible» nous revient en pleine figure à la faveur d’une crise sans équivalent depuis notre âge d’homme.
Actes. Toujours, jamais, encore... Pas de bonne catharsis sans la crainte d’une montée préparatoire aux extrêmes, comme s’il fallait régulièrement apercevoir la silhouette de Satan pour se convaincre que le temps presse et qu’il fait chaud dehors. La mise en abyme du trauma majeur n’a pas que des désavantages (incendie de Rome en 64, peste noire, nazisme, explosion nucléaire, nine eleven), au moins permet-elle une froide prise de conscience même si la brûlure s’avère déjà profonde sur le corps collectif. Mais d’où vient donc ce salaire de la peur – parfois bonne conseillère – perçu tardivement puisque sonner le tocsin ne garantit plus, hélas, une bonne écoute? Pour Marc Bloch, qui n’avait pas le culte des traditions figées, l’histoire n’était pas l’étude du passé, mais de «l’homme dans sa durée». L’historien ne disqualifiait pas l’ici et maintenant pour l’autrefois, mais unissait les actes du passé à ceux du présent. En France, en ce moment, le climat de putréfaction politique, social et éthique atteint un tel degré d’incandescence qu’il n’est pas stupide ni déplacé de se demander si une sorte «de point de difficile retour» (pour ne pas dire de non-retour) n’a pas été franchi, à partir duquel toute mollesse serait vouée à l’échec… Écrire ces mots, qui dilatent notre colère, aurait de quoi heurter notre intelligence, s’ils ne nous aidaient pas, comme disait Gracq en 1940, à «triompher de l’angoissant par l’inouï».
Dégoût. Ne plaisantons pas avec notre lucidité, elle est notre meilleure protectrice à l’heure où les bruits de verre brisé du racisme et de la haine ordinaire agressent la République en son cœur même. Longtemps tapie dans l’ombre ou non, cette xénophobie rampante mais assourdissante ne sort pas de nulle part, inventée du jour au lendemain par on ne sait quel maléfice. Fruit d’une lente agonie morale et médiacratique, le «tout-semble-permis» donc «tout-est-possible» nous revient en pleine figure à la faveur d’une crise sans équivalent depuis notre âge d’homme.
vendredi 8 novembre 2013
Souveraineté(s): avec la gauche, c'est le peuple!
Ne nous laissons plus voler par le Front nationaliste les concepts de nation et de souveraineté. Car de droite ou de gauche, la définition n'est pas la même...
Paresse. Ainsi vivons-nous le temps des manipulations, doublé d’une immense fatigue collective. Il ne se passe plus
un jour sans que l’odieuse litanie du Front nationaliste de Fifille-la-voilà nous soit déversée par les médias dominants,
tous complices actifs ou passifs, assez complaisants en tous les cas pour qu’une odeur de décadence philosophique finisse par nous piquer les narines. Trop de raisons président à ce qu’il faut bien appeler désormais une «contamination des esprits». De
la novlangue aux dérives idéologiques banalisées, tant de digues ont été rompues ces dernières années que toute résolution
de chemin arrière nécessitera un temps-long, douloureux
et expiatoire : il est plus difficile de reconstruire une porte que
de l’enfoncer. L’affaire est sérieuse. Il suffit de se promener
en France pour prendre la mesure d’une véritable libération de la parole xénophobe et nihiliste (les deux s’accommodent bien) comme manifestation compulsive d’une forme nouvelle de désillusion sociale et politique. Chaque événement d’actualité nous y ramène invariablement, à la fois par paresse intellectuelle et laxisme théorique, mais aussi par soumission
à la communication politique imposée par la médiacratie
des éditocrates, jamais les derniers pour rabâcher les banalités d’usage. L’extrême droite laissée en héritage par Papa-nous-voilà aurait «changé» jusqu’à devenir «fréquentable». Mieux, le FN aurait tous les traits d’un «parti comme les autres». Cruelle vérité: la soi-disant transgression de Fifille-la-voilà nourrit autant les médias en quête d’audience que le mal lui-même.
Nation. À ce propos. L’importance de vos réactions à la suite du bloc-notes du 18 octobre dernier, déjà consacré à la menace du Front nationaliste, et l’ampleur de vos interrogations autour de la question «de la nation» évoquée ce jour-là méritent un match retour (et probablement plus dans les semaines qui viennent). À vos yeux, non seulement reparler de la nation n’est pas un sujet tabou, mais il serait même redevenu primordial, comme s’il fallait compenser subitement des années de non-dits à l’intérieur même de la gauche-de-transformation. À une condition bien sûr: se (re)mettre d’accord sur la notion même de nation.
La bataille de Valmy. |
Nation. À ce propos. L’importance de vos réactions à la suite du bloc-notes du 18 octobre dernier, déjà consacré à la menace du Front nationaliste, et l’ampleur de vos interrogations autour de la question «de la nation» évoquée ce jour-là méritent un match retour (et probablement plus dans les semaines qui viennent). À vos yeux, non seulement reparler de la nation n’est pas un sujet tabou, mais il serait même redevenu primordial, comme s’il fallait compenser subitement des années de non-dits à l’intérieur même de la gauche-de-transformation. À une condition bien sûr: se (re)mettre d’accord sur la notion même de nation.
jeudi 7 novembre 2013
Politique économique: et ils sont contents !
"Il n’y a pas aujourd’hui
de volonté
de bouleverser
le système",
selon Pierre Moscovici, ministre de l'Economie. Tout est dit.
Et ils sont contents! Alors que Bruxelles vient, une fois encore, de réclamer à la France davantage d’économies et des «réformes urgentes» pour libéraliser un peu plus le «marché du travail», deux de nos ministres ont réagi en harmonie, presque avec enthousiasme. Le ministre de l’Économie, Pierre Moscovici, a d’abord réaffirmé «l’engagement» de réduire les déficits, «persuadé» qu’il y aura «un terrain d’entente» avec la Commission dans les prochaines semaines. Puis son ministre du Budget, Bernard Cazeneuve, a surenchéri: «S’il est nécessaire de faire plus d’économies, nous le ferons.» L’affaire concertée – et consternante – ressemble à s’y méprendre à une célèbre scène du Barbier de Séville, de Beaumarchais. Le comte demande: «Qui t’a donné une philosophie aussi gaie?» Figaro répond: «L’habitude du malheur. Je me presse de rire de tout de peur d’être obligé d’en pleurer.»
Les prévisions et les recommandations de Bruxelles s’inscrivent dans un nouveau périmètre de surveillance budgétaire. L’exécutif européen possède désormais un droit de regard sur les budgets des États de l’Union. Il rendra même son «verdict» le 15 novembre. Ceci explique en partie la réaction docile de nos ministres, mais en partie seulement! Car la doctrine économique du triumvirat Hollande-Ayrault-Moscovici est non seulement rompue à l’exercice austéritaire mais adaptable en tous points.
Et ils sont contents! Alors que Bruxelles vient, une fois encore, de réclamer à la France davantage d’économies et des «réformes urgentes» pour libéraliser un peu plus le «marché du travail», deux de nos ministres ont réagi en harmonie, presque avec enthousiasme. Le ministre de l’Économie, Pierre Moscovici, a d’abord réaffirmé «l’engagement» de réduire les déficits, «persuadé» qu’il y aura «un terrain d’entente» avec la Commission dans les prochaines semaines. Puis son ministre du Budget, Bernard Cazeneuve, a surenchéri: «S’il est nécessaire de faire plus d’économies, nous le ferons.» L’affaire concertée – et consternante – ressemble à s’y méprendre à une célèbre scène du Barbier de Séville, de Beaumarchais. Le comte demande: «Qui t’a donné une philosophie aussi gaie?» Figaro répond: «L’habitude du malheur. Je me presse de rire de tout de peur d’être obligé d’en pleurer.»
Les prévisions et les recommandations de Bruxelles s’inscrivent dans un nouveau périmètre de surveillance budgétaire. L’exécutif européen possède désormais un droit de regard sur les budgets des États de l’Union. Il rendra même son «verdict» le 15 novembre. Ceci explique en partie la réaction docile de nos ministres, mais en partie seulement! Car la doctrine économique du triumvirat Hollande-Ayrault-Moscovici est non seulement rompue à l’exercice austéritaire mais adaptable en tous points.
dimanche 27 octobre 2013
Image(s): apprendre à voir, par Régis Debray
Dans son dernier livre, "Le stupéfiant image", le philosophe et médiologue nous invite à un apprentissage du regard. Pour mieux comprendre l'histoire, la politique, l'art...
Debray. En ces temps d’images subies à profusion, sans filtre ni raison, ni exégèse sauf celle non dite de la domination du monde-marchand comme valeur suprême, il n’était pas inutile de tenter de « réconcilier nos manières de dire avec nos manières de voir » (dixit) en nous plongeant dans le dernier livre de Régis Debray, "Le stupéfiant image" (Gallimard), un recueil d’articles, de conférences et autres préfaces écrits par le philosophe et médiologue ces dernières décennies. Le trait commun à tous ces textes? L’apprentissage du regard comme exercice d’élévation intellectuelle. «Etre sensible aux images ne va pas sans perte», prévient l’auteur, avant de nous inviter à réfléchir aux éventuelles passerelles entre les origines de l’art et les traditions visuelles contemporaines. De la grotte Chauvet au cinéma, de l’apparence désincarnée de nos billets en euros à l’icône Gérard Philipe, en passant par les artistes d’ici-et-maintenant que sont Matta, Ernest Pignon-Ernest ou Gérard Fromanger, le philosophe détaille son propre parcours initiatique afin de réinitialiser des «images initiatrices défraîchies, mais vivaces», dont nous restons les débiteurs et qu’«il nous faut honorer, comme on honore une belle femme, un grand ancien et une rock-star, tout cela mêlé». Comment y parvenir? «En retournant Godard, qui veut des images claires sur des idées confuses.»
Debray. En ces temps d’images subies à profusion, sans filtre ni raison, ni exégèse sauf celle non dite de la domination du monde-marchand comme valeur suprême, il n’était pas inutile de tenter de « réconcilier nos manières de dire avec nos manières de voir » (dixit) en nous plongeant dans le dernier livre de Régis Debray, "Le stupéfiant image" (Gallimard), un recueil d’articles, de conférences et autres préfaces écrits par le philosophe et médiologue ces dernières décennies. Le trait commun à tous ces textes? L’apprentissage du regard comme exercice d’élévation intellectuelle. «Etre sensible aux images ne va pas sans perte», prévient l’auteur, avant de nous inviter à réfléchir aux éventuelles passerelles entre les origines de l’art et les traditions visuelles contemporaines. De la grotte Chauvet au cinéma, de l’apparence désincarnée de nos billets en euros à l’icône Gérard Philipe, en passant par les artistes d’ici-et-maintenant que sont Matta, Ernest Pignon-Ernest ou Gérard Fromanger, le philosophe détaille son propre parcours initiatique afin de réinitialiser des «images initiatrices défraîchies, mais vivaces», dont nous restons les débiteurs et qu’«il nous faut honorer, comme on honore une belle femme, un grand ancien et une rock-star, tout cela mêlé». Comment y parvenir? «En retournant Godard, qui veut des images claires sur des idées confuses.»
jeudi 24 octobre 2013
Citoyen(s): face à la menace du Front nationaliste
N’avons-nous pas un peu trop délaissée la question de la nation, au point de nous apercevoir, un beau matin, qu’on nous avait volé
le bonnet phrygien?
Piège. L’idée est en vogue. Au prétexte que «trente ans de diabolisation» n’ont rien changé et qu’il convient de constater «l’impasse de l’antifascisme contemporain» qui n’aurait plus lieu d’être, il faudrait «traiter normalement» le Front nationaliste de Fifille-la-voilà. Comme pris de panique après la victoire dans le canton de Brignoles, chacun y va de son commentaire pour dire la gravité de la situation – ne la sous-estimons pas – et réfléchir à une stratégie face au piège tendu par l’héritière de Papa-nous-voilà. Un piège qui tient en trois phases, qu’il n’est pas inutile de rappeler sommairement pour en comprendre à la fois la simplicité et, si l’on peut dire, l’efficacité. Primo. Dans sa volonté de revendiquer une «conception gaullienne de la politique» (dixit), la patronne de l’extrême droite tente de transformer le FN en un parti populiste, comme beaucoup prospèrent un peu partout en Europe, avec pour conception «l’État fort» et à terme une prise de pouvoir. Secundo. Elle explique à qui veut l’entendre qu’elle s’est écartée du credo libéral au profit d’un réquisitoire attrape-tout contre la mondialisation et l’Europe de Bruxelles, coupables d’austérité sociale, et contre lesquelles il n’y aurait que deux solutions, la sortie de la zone euro et la fermeture des frontières. Tertio. Le procès de l’immigration, renforcé par les accusations récurrentes de menace islamique, est désormais placé sous le symbole de la laïcité, qu’elle cite à tout va.
Choix. Entendons-nous bien. En apparence, le Front nationaliste joue le jeu de la démocratie électorale par temps de démagogues. Et pourtant. Si Fifille-la-voilà refuse l’étiquette d’extrême droite, et plus encore celle de fasciste, elle prépare l’opinion à accepter un processus de solutions qui tournent le dos à la démocratie et visent à rompre le pacte républicain – du moins ce qu’il en reste.
Piège. L’idée est en vogue. Au prétexte que «trente ans de diabolisation» n’ont rien changé et qu’il convient de constater «l’impasse de l’antifascisme contemporain» qui n’aurait plus lieu d’être, il faudrait «traiter normalement» le Front nationaliste de Fifille-la-voilà. Comme pris de panique après la victoire dans le canton de Brignoles, chacun y va de son commentaire pour dire la gravité de la situation – ne la sous-estimons pas – et réfléchir à une stratégie face au piège tendu par l’héritière de Papa-nous-voilà. Un piège qui tient en trois phases, qu’il n’est pas inutile de rappeler sommairement pour en comprendre à la fois la simplicité et, si l’on peut dire, l’efficacité. Primo. Dans sa volonté de revendiquer une «conception gaullienne de la politique» (dixit), la patronne de l’extrême droite tente de transformer le FN en un parti populiste, comme beaucoup prospèrent un peu partout en Europe, avec pour conception «l’État fort» et à terme une prise de pouvoir. Secundo. Elle explique à qui veut l’entendre qu’elle s’est écartée du credo libéral au profit d’un réquisitoire attrape-tout contre la mondialisation et l’Europe de Bruxelles, coupables d’austérité sociale, et contre lesquelles il n’y aurait que deux solutions, la sortie de la zone euro et la fermeture des frontières. Tertio. Le procès de l’immigration, renforcé par les accusations récurrentes de menace islamique, est désormais placé sous le symbole de la laïcité, qu’elle cite à tout va.
Choix. Entendons-nous bien. En apparence, le Front nationaliste joue le jeu de la démocratie électorale par temps de démagogues. Et pourtant. Si Fifille-la-voilà refuse l’étiquette d’extrême droite, et plus encore celle de fasciste, elle prépare l’opinion à accepter un processus de solutions qui tournent le dos à la démocratie et visent à rompre le pacte républicain – du moins ce qu’il en reste.
mardi 22 octobre 2013
Albert Bourlon, une certaine idée du cyclisme
L’ancien coureur s’est éteint à l’âge de 96
ans. Ce communiste de toujours, compagnon de route de Vietto, détient
aujourd’hui encore le record de la plus longue échappée dans le Tour.
Victime de l’étirement du temps, le nom d’Albert Bourlon n’était plus familier du grand public, sans doute même des lecteurs de l’Humanité. Et pourtant. En apprenant le décès du Berrichon, en fin de semaine dernière, le mot «légende» a immédiatement arraisonné notre esprit, comme l’évidence d’avoir entretenu avec lui, par-delà le XXe siècle, une sorte de camaraderie si fraternelle qu’elle aurait pu s’apparenter à une paternité cycliste totalement assumée. Et à plus d’un titre. Mort à 96 ans, doyen des cyclistes ayant participé à la Grande Boucle, Albert Bourlon avait retroussé la légende sportive dans le Tour 1947, un 11 juillet, entre Carcassonne et Luchon, après une victoire d’étape et un exploit en solitaire qui restera à jamais écrit en lettres d’or dans le grand livre des Illustres. Avec son maillot de l’équipe du Centre-Ouest sur le dos, ce natif de Sancergues, dans le Cher, avait profité d’une prime proche du départ de l’étape pour filer sans sommation et franchir la ligne d’arrivée, 253 kilomètres plus loin, seul au monde. Personne n’a fait mieux depuis. Au terme de sa fugue, Albert avait lancé aux commissaires de l’épreuve: «Vous m’avez vu cette fois?» Deux jours plus tôt, il avait été oublié dans le classement de l’étape et il avait dû porter réclamation. Cette fois, il avait même eu le temps de se doucher avant d’accueillir le peloton en héros (1). La poésie cycliste navigue décidément sur nos arrières, quelque part entre la mémoire et l’épaisseur du passé…
Victime de l’étirement du temps, le nom d’Albert Bourlon n’était plus familier du grand public, sans doute même des lecteurs de l’Humanité. Et pourtant. En apprenant le décès du Berrichon, en fin de semaine dernière, le mot «légende» a immédiatement arraisonné notre esprit, comme l’évidence d’avoir entretenu avec lui, par-delà le XXe siècle, une sorte de camaraderie si fraternelle qu’elle aurait pu s’apparenter à une paternité cycliste totalement assumée. Et à plus d’un titre. Mort à 96 ans, doyen des cyclistes ayant participé à la Grande Boucle, Albert Bourlon avait retroussé la légende sportive dans le Tour 1947, un 11 juillet, entre Carcassonne et Luchon, après une victoire d’étape et un exploit en solitaire qui restera à jamais écrit en lettres d’or dans le grand livre des Illustres. Avec son maillot de l’équipe du Centre-Ouest sur le dos, ce natif de Sancergues, dans le Cher, avait profité d’une prime proche du départ de l’étape pour filer sans sommation et franchir la ligne d’arrivée, 253 kilomètres plus loin, seul au monde. Personne n’a fait mieux depuis. Au terme de sa fugue, Albert avait lancé aux commissaires de l’épreuve: «Vous m’avez vu cette fois?» Deux jours plus tôt, il avait été oublié dans le classement de l’étape et il avait dû porter réclamation. Cette fois, il avait même eu le temps de se doucher avant d’accueillir le peloton en héros (1). La poésie cycliste navigue décidément sur nos arrières, quelque part entre la mémoire et l’épaisseur du passé…
jeudi 17 octobre 2013
Manuel Valls: le trop déjà trop...
Besson et Hortefeux ont trouvé leur successeur en indignité. Il s’appelle Manuel Valls. Mais que fait-il encore place Beauvau?
Les heures de grandes trahisons en disent toujours autant sur ceux qui les assument que sur le moment où elles sont commises. Un jour sans doute, dans les futurs manuels de science politique, des historiens s’interrogeront pour savoir comment des élus socialistes et ministres socialistes soutenus par un président socialiste ont pu à ce point mépriser les plus démunis à l’instar des plus droitistes sarkozystes et se revendiquer encore de Jaurès, la main sur le cœur et l’écharpe rouge en bandoulière… En politique il n’y a jamais de hasard. Les conditions d’expulsion de Leonarda, cette collégienne rom du Doubs soustraite de force à une sortie scolaire, ont quelque chose d’ignoble qui illustre, mieux que toute considération philosophique, la pourriture du climat actuel et l’état de détérioration du minimum de valeurs requises pour se prétendre acteur – et défenseur qui plus est – du Pacte républicain en tant qu’idéal majuscule.
Les heures de grandes trahisons en disent toujours autant sur ceux qui les assument que sur le moment où elles sont commises. Un jour sans doute, dans les futurs manuels de science politique, des historiens s’interrogeront pour savoir comment des élus socialistes et ministres socialistes soutenus par un président socialiste ont pu à ce point mépriser les plus démunis à l’instar des plus droitistes sarkozystes et se revendiquer encore de Jaurès, la main sur le cœur et l’écharpe rouge en bandoulière… En politique il n’y a jamais de hasard. Les conditions d’expulsion de Leonarda, cette collégienne rom du Doubs soustraite de force à une sortie scolaire, ont quelque chose d’ignoble qui illustre, mieux que toute considération philosophique, la pourriture du climat actuel et l’état de détérioration du minimum de valeurs requises pour se prétendre acteur – et défenseur qui plus est – du Pacte républicain en tant qu’idéal majuscule.
vendredi 11 octobre 2013
Théâtre(s): Chéreau ou La solitude des champs de coton...
Comment rendre le choc (et le bonheur absolu) que fut la vision d'une représentation de cette pièce, en 1995?
Chéreau. C’était en 1995, au cœur de l’hiver. Le futur bloc-noteur débarquait tout juste de Roissy, valise en main,
la tête ailleurs, avec cette curieuse impression de ne pas avoir quitté New York. La veille encore, par moins quinze degrés,
en compagnie d’un ami, nous avions arpenté la 44e Rue en long et en large, avant d’oser pousser la porte de l’Actors Studio munis de notre carte de presse tricolore, tremblant de froid et d’émotion. Il faut dire qu’en ce temps-là nous fréquentions assidûment les arcanes des principaux théâtres de la couronne parisienne. De Chaillot au Français, du TNP aux Amandiers, la passion (vécue comme une forme collective d’initiation personnelle) consistait alors à traquer les moindres gestes des Antoine Vitez, Roger Planchon, Gérard Desarthe ou Dominique Blanc (tant d’autres), à ne rien manquer des productions scéniques, quitte à éteindre les derniers feux de notre formation classique, passant des heures à se disputer la légitimité d’en parler entre nous. Dans cette espèce d’entêtement qui nous lie aux textes et à leurs représentations vivantes, chaque nouvelle mise en scène de Patrice Chéreau se fêtait avant l’heure, dates de rigueur cochées dans le calendrier bien à l’avance ; rien
au monde, pas même une demi-journée d’avion dans la vue,
ne nous aurait empêchés de manquer une représentation.
Voilà comment le chronicœur se retrouva un soir d’hiver à Ivry-sur-Seine, à la Manufacture des œillets, pour assister à l’un des chocs théâtraux de son existence – et c’est peu dire.
Dealer. Chéreau reprenait "Dans la solitude des champs de coton", de Bernard-Marie Koltès, pièce qu’il avait montée en 1987, avec Laurent Malet et Isaac de Bankolé. Une forme d’hommage à l’auteur disparu pour lequel il vouait une véritable passion.
1995: Patrice Chéreau et Pascal Greggory. |
Dealer. Chéreau reprenait "Dans la solitude des champs de coton", de Bernard-Marie Koltès, pièce qu’il avait montée en 1987, avec Laurent Malet et Isaac de Bankolé. Une forme d’hommage à l’auteur disparu pour lequel il vouait une véritable passion.
vendredi 4 octobre 2013
Honneur(s): quand certains maîtres nous font honte...
Marcel Gauchet tente de nous expliquer la "stratégie" de Normal Ier. Plantu passe les bornes. Drôle de semaine...
Singer. Vous avez remarqué? Le bombement de torse devient donc la chose du monde la mieux répandue. À qui parlera le plus et souvent le plus fort (c’est mécanique). L’éloge du silence –en gage au moins de réflexion avant action– devrait être décrété comme sauf-conduit de l’époque, mais qu’y pouvons-nous, quand plus personne ou presque ne croit ni ne pense à la chute comme possibilité, acceptant comme acquise la liquidation du mea culpa en tant que mode d’existence quotidienne par laquelle tout se vaut et tout se perd à la mesure du vertigineux présentisme. Narcissisme autorisé à tous les étages. Bien-être autocentré. Paroles en vrac quasi mythifiées. Experts en surpuissance fantasmée... Avant de singer ce que nous ne sommes pas, chacun devrait se rappeler la prophétie de Régis Debray: «Tout grand homme meurt deux fois, une fois comme homme, une fois comme grand.»
Maître. Où l’on reparle de la «cohérence» de la politique de Normal Ier. Cette fois, pour y voir plus clair (sic), Marcel Gauchet a été interrogé par Marianne. La lecture attentive de cet entretien nous en dit long sur la période que nous traversons. Pour le philosophe et historien, directeur d’études à l’EHESS et patron de la revue le Débat, il est une vérité bonne à dire: «Sur le fond, je serais tenté de penser que le chef de l’État sait où il est contraint d’aller, mais qu’il a d’autant moins envie de nous le dire qu’il ne trouve pas cette direction exaltante et qu’il essaie de sauver ce qui peut l’être à l’intérieur de cette ligne imposée.» Vous suivez le raisonnement?
Singer. Vous avez remarqué? Le bombement de torse devient donc la chose du monde la mieux répandue. À qui parlera le plus et souvent le plus fort (c’est mécanique). L’éloge du silence –en gage au moins de réflexion avant action– devrait être décrété comme sauf-conduit de l’époque, mais qu’y pouvons-nous, quand plus personne ou presque ne croit ni ne pense à la chute comme possibilité, acceptant comme acquise la liquidation du mea culpa en tant que mode d’existence quotidienne par laquelle tout se vaut et tout se perd à la mesure du vertigineux présentisme. Narcissisme autorisé à tous les étages. Bien-être autocentré. Paroles en vrac quasi mythifiées. Experts en surpuissance fantasmée... Avant de singer ce que nous ne sommes pas, chacun devrait se rappeler la prophétie de Régis Debray: «Tout grand homme meurt deux fois, une fois comme homme, une fois comme grand.»
Maître. Où l’on reparle de la «cohérence» de la politique de Normal Ier. Cette fois, pour y voir plus clair (sic), Marcel Gauchet a été interrogé par Marianne. La lecture attentive de cet entretien nous en dit long sur la période que nous traversons. Pour le philosophe et historien, directeur d’études à l’EHESS et patron de la revue le Débat, il est une vérité bonne à dire: «Sur le fond, je serais tenté de penser que le chef de l’État sait où il est contraint d’aller, mais qu’il a d’autant moins envie de nous le dire qu’il ne trouve pas cette direction exaltante et qu’il essaie de sauver ce qui peut l’être à l’intérieur de cette ligne imposée.» Vous suivez le raisonnement?
mercredi 2 octobre 2013
Nos territoires ne sont pas à vendre!
L’objectif de « métropole intégrée » du gouvernement Ayrault s’inscrit dans la continuité du sarkozysme.
Dans l’agenda de nos effrois, les catastrophes institutionnelles prévisibles passent souvent au second rang. Grave erreur: elles donnent toujours lieu à maints retours d’expérience – regardez le quinquennat, par exemple – et il n’est jamais trop tard pour mettre en garde les citoyens face à des dangers tels qu’ils pourraient atteindre la République en son cœur. Prenons donc la mesure de ce à quoi tente de nous préparer le gouvernement avec son projet de loi dit «d’affirmation des métropoles», voté en juillet dernier à l’Assemblée nationale et qui arrive en débat à partir d’aujourd’hui au Sénat. Ce texte, adopté il y a deux mois avec les seules voix du groupe socialiste, est non seulement le fruit d’un putsch parlementaire, mais il constitue aussi un véritable big-bang institutionnel souhaité en son temps par… Sarkozy en personne!
Dans l’agenda de nos effrois, les catastrophes institutionnelles prévisibles passent souvent au second rang. Grave erreur: elles donnent toujours lieu à maints retours d’expérience – regardez le quinquennat, par exemple – et il n’est jamais trop tard pour mettre en garde les citoyens face à des dangers tels qu’ils pourraient atteindre la République en son cœur. Prenons donc la mesure de ce à quoi tente de nous préparer le gouvernement avec son projet de loi dit «d’affirmation des métropoles», voté en juillet dernier à l’Assemblée nationale et qui arrive en débat à partir d’aujourd’hui au Sénat. Ce texte, adopté il y a deux mois avec les seules voix du groupe socialiste, est non seulement le fruit d’un putsch parlementaire, mais il constitue aussi un véritable big-bang institutionnel souhaité en son temps par… Sarkozy en personne!
vendredi 27 septembre 2013
Chrétien(s): François annonce-t-il des changements considérables?
Le pape s'est exprimé longuement, la semaine dernière. Il faut lire pour comprendre l'ampleur (possible) de ses propos...
François. «Si quelqu’un a la réponse à toutes les questions, c’est la preuve que Dieu n’est pas avec lui, que c’est un faux prophète qui utilise la religion à son profit. Les grands guides du peuple de Dieu (…) ont toujours laissé un espace au doute.» Qui n’a pas lu attentivement le long entretien accordé la semaine dernière par le pape François Ier aux revues intellectuelles jésuites européennes et américaines ne peut comprendre – donc évaluer à sa juste mesure – la portée théorique des mots utilisés et leur probable répercussion. L’échange fleuve que le pape argentin a accordé à son confrère jésuite (les temps changent au Vatican!), Antonio Spadaro, survient six mois après son élection. «Six mois déjà», diraient certains, comme pris par l’incroyable tourbillon insufflé par le successeur de Benoît XVI. «Six mois seulement», affirmeraient d’autres, avec l’impression à la fois trompeuse et réelle qu’un vent nouveau souffle sur l’Église. François lui-même ne le cache pas: «La première réforme doit être celle de la manière d’être.» Et il insiste: «Nombreux sont ceux qui pensent que les changements et les réformes peuvent advenir dans un temps bref. Je crois au contraire qu’il y a toujours besoin de temps pour poser les bases d’un changement vrai et efficace. Ce temps est celui du discernement. Parfois, au contraire, le discernement demande de faire tout de suite ce que l’on pensait faire plus tard. C’est ce qui m’est arrivé ces derniers mois.» Sous l’aube blanche de l’évêque de Rome sommeille un dialecticien hors norme qui n’a pas fini de nous étonner. La preuve: «Je suis un pécheur. C’est la définition la plus juste… Ce n’est pas une manière de parler, un genre littéraire. Je suis un pécheur. Si, je peux peut-être dire que je suis un peu rusé, que je sais manœuvrer, mais il est vrai que je suis aussi un peu ingénu.»
Pagaille. Tant de choses ont été écrites sur ce pape si singulier que le bloc-noteur éprouve comme de la gêne à vouloir encore forcer les portes de la compréhension. Mais l’événement est tellement important que ce serait initiation mal placée de ne pas le porter à la connaissance de tous.
François. «Si quelqu’un a la réponse à toutes les questions, c’est la preuve que Dieu n’est pas avec lui, que c’est un faux prophète qui utilise la religion à son profit. Les grands guides du peuple de Dieu (…) ont toujours laissé un espace au doute.» Qui n’a pas lu attentivement le long entretien accordé la semaine dernière par le pape François Ier aux revues intellectuelles jésuites européennes et américaines ne peut comprendre – donc évaluer à sa juste mesure – la portée théorique des mots utilisés et leur probable répercussion. L’échange fleuve que le pape argentin a accordé à son confrère jésuite (les temps changent au Vatican!), Antonio Spadaro, survient six mois après son élection. «Six mois déjà», diraient certains, comme pris par l’incroyable tourbillon insufflé par le successeur de Benoît XVI. «Six mois seulement», affirmeraient d’autres, avec l’impression à la fois trompeuse et réelle qu’un vent nouveau souffle sur l’Église. François lui-même ne le cache pas: «La première réforme doit être celle de la manière d’être.» Et il insiste: «Nombreux sont ceux qui pensent que les changements et les réformes peuvent advenir dans un temps bref. Je crois au contraire qu’il y a toujours besoin de temps pour poser les bases d’un changement vrai et efficace. Ce temps est celui du discernement. Parfois, au contraire, le discernement demande de faire tout de suite ce que l’on pensait faire plus tard. C’est ce qui m’est arrivé ces derniers mois.» Sous l’aube blanche de l’évêque de Rome sommeille un dialecticien hors norme qui n’a pas fini de nous étonner. La preuve: «Je suis un pécheur. C’est la définition la plus juste… Ce n’est pas une manière de parler, un genre littéraire. Je suis un pécheur. Si, je peux peut-être dire que je suis un peu rusé, que je sais manœuvrer, mais il est vrai que je suis aussi un peu ingénu.»
Pagaille. Tant de choses ont été écrites sur ce pape si singulier que le bloc-noteur éprouve comme de la gêne à vouloir encore forcer les portes de la compréhension. Mais l’événement est tellement important que ce serait initiation mal placée de ne pas le porter à la connaissance de tous.
mercredi 25 septembre 2013
Coût du capital: brisons le tabou !
N’écoutez plus ceux qui ne parlent que de «coût du travail» en oubliant le coût prohibitif du capital!
Au fond, c’est toujours un peu la même histoire. Dès que nous voulons parler du «Capital» non comme un traité d’économie politique sacralisé par une caste d’intouchables, mais bien comme une critique virulente de «l’économie politique» telle qu’elle nous est imposée, nous sommes sommairement renvoyés à Marx – ce qui nous convient bien, reconnaissons-le –, comme s’il s’agissait au mieux d’un débat d’arrière-garde, au pire d’une trahison envers la modernité «libre» et «non faussée»… Nous connaissons par cœur la récitation du mantra néo-social-libéral. La France va mal? C’est «à cause du coût du travail trop élevé» et du manque de «compétitivité», ânonnent les serviteurs de la galaxie médiacratique, tous d’accord sur l’essentiel. Rien à discuter, rien à voir! Ces braves gens vont quand même devoir déchanter: nous ne lâcherons pas le morceau, l’affaire est trop sérieuse. Quand brisera-t-on le tabou du coût du capital?
Au fond, c’est toujours un peu la même histoire. Dès que nous voulons parler du «Capital» non comme un traité d’économie politique sacralisé par une caste d’intouchables, mais bien comme une critique virulente de «l’économie politique» telle qu’elle nous est imposée, nous sommes sommairement renvoyés à Marx – ce qui nous convient bien, reconnaissons-le –, comme s’il s’agissait au mieux d’un débat d’arrière-garde, au pire d’une trahison envers la modernité «libre» et «non faussée»… Nous connaissons par cœur la récitation du mantra néo-social-libéral. La France va mal? C’est «à cause du coût du travail trop élevé» et du manque de «compétitivité», ânonnent les serviteurs de la galaxie médiacratique, tous d’accord sur l’essentiel. Rien à discuter, rien à voir! Ces braves gens vont quand même devoir déchanter: nous ne lâcherons pas le morceau, l’affaire est trop sérieuse. Quand brisera-t-on le tabou du coût du capital?
vendredi 20 septembre 2013
Prolongation(s): choses vues à la Fête de l'Humanité...
Quand l'irruption de la fraternité et du partage continue de nous exalter. Et quand la jeunesse prend les choses en main...
Paradigmes. La Fête de l’Humanité, comme une évidence. L’après-événement s’étire en nous comme les ombres de la fatigue au long cours qui nous a remis en présence les uns des autres, l’espérance et nous, la politique et nous. Entre la lumière grisâtre et les couleurs chatoyantes des mots, l’apparent décalage n’était qu’illusion. La Fête fut grave et belle ; la Fête fut d’allégresses et d’intelligences accumulées. Pourquoi le taire ? La Fête en sa grandeur humaine reste longtemps en nous, comme exemple vivant d’un espace collectif qui nous dépasse et nous unit. Vigueur revisitée. Telle une adolescence retrouvée qui nous serait commune et donnerait encore des bouffées de jeunesse. Résistances, idées, colères, révoltes, fidélités, ambitions : nous avons tous en nous quelque chose de la Fête. Nous pourrions retourner tous les paradigmes, nous parviendrions à la même conclusion. Il s’agit bien d’un trésor national érigé par le Peuple de la Fête lui-même, héros d’une socialisation unique en son genre. Le contempler agrandit nos souffles. Nous rêvons la Fête. Mais la Fête nous rêve aussi.Jeunesse. L’irruption de la fraternité et du partage a toujours quelque chose d’exaltant, de jouissif. Ainsi donc, la Fête a «déposé de l’espoir sur la fin de nos étés», comme l’écrivait dans nos colonnes l’ami Pierre-Louis Basse.
jeudi 19 septembre 2013
Irresponsables !
Nos concitoyens ont-ils voté en 2012 pour un mensonge fiscal et la casse
des retraites?
Ça devait passer comme une lettre à La Poste. Seulement voilà, le président du groupe des députés du Front de gauche à l’Assemblée nationale a tenu bon. Le gouvernement avait prévu un temps limité pour l’examen du projet de loi sur la « réforme » des retraites, autrement dit qu’un minimum de débat ait lieu devant la représentation nationale. Déterminé «à mener une bataille», André Chassaigne a annoncé qu’il s’y opposerait, conformément au règlement qui permet à un président de groupe d’interdire qu’un «temps programmé» soit fixé arbitrairement sur un texte. Tout un symbole. L’exécutif voulait réduire à la portion congrue la durée des séances consacrées à l’examen d’un projet de loi aussi fondamental. Comme si la contestation et les idées alternatives étaient déjà jugées nulles et non avenues, alors que les Français ont au contraire besoin d’un débat public et contradictoire. Une méthode expéditive pour un texte indigne d’un gouvernement dit «de gauche». Un joli résumé, n’est-ce pas?
Ça devait passer comme une lettre à La Poste. Seulement voilà, le président du groupe des députés du Front de gauche à l’Assemblée nationale a tenu bon. Le gouvernement avait prévu un temps limité pour l’examen du projet de loi sur la « réforme » des retraites, autrement dit qu’un minimum de débat ait lieu devant la représentation nationale. Déterminé «à mener une bataille», André Chassaigne a annoncé qu’il s’y opposerait, conformément au règlement qui permet à un président de groupe d’interdire qu’un «temps programmé» soit fixé arbitrairement sur un texte. Tout un symbole. L’exécutif voulait réduire à la portion congrue la durée des séances consacrées à l’examen d’un projet de loi aussi fondamental. Comme si la contestation et les idées alternatives étaient déjà jugées nulles et non avenues, alors que les Français ont au contraire besoin d’un débat public et contradictoire. Une méthode expéditive pour un texte indigne d’un gouvernement dit «de gauche». Un joli résumé, n’est-ce pas?
mardi 17 septembre 2013
Coût(s): et si l'on parlait enfin du capital?
Une étude démontre que ce surcoût du capital, réparti dans les
intérêts et les dividendes offerts aux actionnaires, en 2011,
représentait en France, pour l’ensemble des sociétés non financières,
94,7 milliards d’euros. Soit un surcoût du capital de 50%!
Compétitivité. Pour ce qu’on nous en dit dans les coulisses, François Ier assumerait assez bien son statut de «président des patrons», comme le titrait en début de semaine un quotidien dit «de gauche» d’ordinaire peu versé dans la critique du social-libéralisme à la française. Ainsi, pouvait-on lire dans Libération: «D’aides en ristournes, le chef de l’État a mis peu à peu en œuvre une politique de l’offre, globalement injuste et éloignée de son programme à gauche.» Ou encore ceci: «La page d’un socialisme de la demande, visant à favoriser le pouvoir d’achat via une hausse de la dépense publique en période de ralentissement économique, est tournée.» Sans blague? Keynes serait «l’oublié de l’Élysée». Il était temps de s’en apercevoir, non? En leur Palais, lorsqu’ils vont encore à la rencontre de ceux qui s’intéressent à eux et à leurs motivations profondes (sic), les conseillers du monarque-élu chargés de penser l’économie n’ont d’ailleurs plus qu’un mot en bouche qu’ils ânonnent du matin au soir: «Compétitivité.» L’opération de lobbying fonctionne tellement bien qu’un autre grand quotidien national, lui aussi dit «de gauche », titrait l’autre jour: «Compétitivité: la France perd encore du terrain». Sans beaucoup de précaution, le Monde (vous aviez deviné) relayait à sa une un document produit durant le Forum de Davos, pour lequel, comme chacun le sait, la finance ne règne jamais assez et n’est jamais assez libre de ses actes. Dans ce classement fantaisiste la France apparaît en effet au 23e rang, derrière le Qatar ou l’Arabie saoudite. Vaste plaisanterie…
Capital. Les éminences grises ont-ils lu l’étude publiée mi-août par le Bureau of Labour Statistics des États-Unis? Nous y découvrons que le «coût» horaire du travail était de 35,67 dollars par heure dans le secteur manufacturier en 2012 aux États-Unis, inférieur aux 45,79 dollars d’Allemagne et aux 39,81 dollars de France. Vous avez bien lu.
Compétitivité. Pour ce qu’on nous en dit dans les coulisses, François Ier assumerait assez bien son statut de «président des patrons», comme le titrait en début de semaine un quotidien dit «de gauche» d’ordinaire peu versé dans la critique du social-libéralisme à la française. Ainsi, pouvait-on lire dans Libération: «D’aides en ristournes, le chef de l’État a mis peu à peu en œuvre une politique de l’offre, globalement injuste et éloignée de son programme à gauche.» Ou encore ceci: «La page d’un socialisme de la demande, visant à favoriser le pouvoir d’achat via une hausse de la dépense publique en période de ralentissement économique, est tournée.» Sans blague? Keynes serait «l’oublié de l’Élysée». Il était temps de s’en apercevoir, non? En leur Palais, lorsqu’ils vont encore à la rencontre de ceux qui s’intéressent à eux et à leurs motivations profondes (sic), les conseillers du monarque-élu chargés de penser l’économie n’ont d’ailleurs plus qu’un mot en bouche qu’ils ânonnent du matin au soir: «Compétitivité.» L’opération de lobbying fonctionne tellement bien qu’un autre grand quotidien national, lui aussi dit «de gauche », titrait l’autre jour: «Compétitivité: la France perd encore du terrain». Sans beaucoup de précaution, le Monde (vous aviez deviné) relayait à sa une un document produit durant le Forum de Davos, pour lequel, comme chacun le sait, la finance ne règne jamais assez et n’est jamais assez libre de ses actes. Dans ce classement fantaisiste la France apparaît en effet au 23e rang, derrière le Qatar ou l’Arabie saoudite. Vaste plaisanterie…
Capital. Les éminences grises ont-ils lu l’étude publiée mi-août par le Bureau of Labour Statistics des États-Unis? Nous y découvrons que le «coût» horaire du travail était de 35,67 dollars par heure dans le secteur manufacturier en 2012 aux États-Unis, inférieur aux 45,79 dollars d’Allemagne et aux 39,81 dollars de France. Vous avez bien lu.
lundi 9 septembre 2013
Syrie: délire guerrier
Le droit international ne se fonde pas sur la force et les capacités militaires de ceux qui peuvent les engager partout sur la planète !
C'est parfois dans les coulisses des sommets internationaux que nous sommes fondés à apprécier l’universalité de ceux qui nous gouvernent. Jugez-en plutôt. À peine sortis d’un G20 qui entérina l’isolement des États-Unis et de la France sur le dossier syrien, à quoi se sont prêtés François Hollande et Laurent Fabius lors de la rencontre entre les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne, samedi, à Vilnius? À la construction d’un simulacre de consensus entre pays européens, doublée d’une tentative d’enfumage des opinions publiques qui restera dans les annales des tours de passe-passe diplomatiques. Alors qu’une réunion sur le processus de paix israélo-palestinien s’éternisait à l’initiative de Catherine Ashton, celle-ci profita du départ de plusieurs dignitaires des pays membres – assurés qu’il n’y aurait pas de vote sur la question syrienne – pour affirmer que le «consensus» des présents suffisait afin d’exiger «une réponse forte» à l’attaque chimique du 20 août à Damas.
La plupart des commentateurs relaient depuis l’idée d’un triomphe français et américain ; l’Europe parlerait d’une seule voix pour agir en Syrie ; Angela Merkel elle-même aurait fini par adhérer à cette idée… Attention à la supercherie, car la réalité mérite d’être nuancée.
John Kerry et Laurent Fabius, à Paris. |
La plupart des commentateurs relaient depuis l’idée d’un triomphe français et américain ; l’Europe parlerait d’une seule voix pour agir en Syrie ; Angela Merkel elle-même aurait fini par adhérer à cette idée… Attention à la supercherie, car la réalité mérite d’être nuancée.
vendredi 6 septembre 2013
Ordre(s): la rentrée, la Syrie, et l'esprit va-t-en guerre...
Ne nous étonnons pas de l’attitude en apparence assez déroutante de notre François Ier en son Palais élyséen, qui, en moins de dix ans, aura donc tout bazardé par-dessus bord...
Rentrée. L’autre jour, dans le petit matin frais, l’air et la lumière de la proche banlieue parisienne formaient un curieux et inimitable mélange de paisible quiétude – comme le dernier répit acceptable avant de remonter dans le «train fou» de l’actualité et avant, surtout, que ne se succèdent les nuits enflammées, épuisées de questions parfois sans réponse. Curieuse «rentrée», ne trouvez-vous pas? Probable que nul poète ne trouverait grâce à l’époque, sauf à discourir des marges de la société, perdant de vue l’essentiel. D’ailleurs il en est ainsi ces temps-ci: alors que nous ne devrions nous préoccuper que de la casse des retraites, de la financiarisation toujours galopante, du chômage de masse, du pouvoir d’achat, de la précarité, de l’atomisation sociale et de la ruine de nos services publics, sans oublier de cette espèce de crise morale et de ses névroses collectives transformées en huis clos idéologiques, de quoi parle-t-on du matin au soir? D’une intervention militaire en Syrie. Nous pensions que les soulèvements du monde arabe avaient rendu obsolète la lecture du monde en termes de choc des civilisations. Naïfs que nous sommes.
Girondins. Commençons d’abord – contrairement à beaucoup d’autres – par ne pas nous étonner de l’attitude en apparence assez déroutante de notre François Ier en son Palais élyséen, qui, en moins de dix ans, aura donc tout bazardé par-dessus bord, y compris ce qu’il affirmait en 2003 lors de l’intervention américaine en Irak alors qu’il était encore premier secrétaire du Parti socialiste. Dénonçant à l’époque l’archaïsme de nos institutions, il préconisait que «l’emploi hors du territoire national des forces françaises soit soumis à une consultation préalable du Parlement».
mercredi 4 septembre 2013
Syrie : le défi démocratique de François Hollande
L’étape du vote parlementaire, de bon sens, devrait être un préalable…
Dans la vie politique des grandes démocraties républicaines supposées, il est des moments où les pulsions devraient s’effacer devant la raison ; non pas la raison d’État (encore que) mais bien la raison de l’esprit qui commande de regarder très au-dessus des racolages à la petite semaine. Alors qu’il avance en terrain miné depuis le vote du Parlement britannique et la décision de Barack Obama d’attendre la consultation du Congrès américain, François Hollande a-t-il pris conscience qu’on ne plaisantait pas avec la guerre, quelle qu’elle soit? Il n’y a pas de hasard. En moins de vingt-quatre heures, nous avons pu observer deux signes évidents de fébrilité du côté de l’Élysée.
Primo: le chef de l’État, accessoirement chef des armées, a décidé d’envoyer Jean-Marc Ayrault en première ligne, lundi soir, pour détailler aux responsables de la représentation nationale les «éléments de preuves» qui accusent, selon le gouvernement français, Bachar Al Assad dans l’attaque au gaz du 21 août dernier à Damas. Secundo: un vote du Parlement pour autoriser une éventuelle intervention militaire en Syrie ne serait finalement «pas un sujet tabou pour François Hollande», mais un peu plus tard, si l’on en croit le ministre des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies. Ce qu’il faut bien considérer comme un changement de pied marque-t-il un aveu de faiblesse du chef de l’État? N’est-il dicté que par les circonstance?
Dans la vie politique des grandes démocraties républicaines supposées, il est des moments où les pulsions devraient s’effacer devant la raison ; non pas la raison d’État (encore que) mais bien la raison de l’esprit qui commande de regarder très au-dessus des racolages à la petite semaine. Alors qu’il avance en terrain miné depuis le vote du Parlement britannique et la décision de Barack Obama d’attendre la consultation du Congrès américain, François Hollande a-t-il pris conscience qu’on ne plaisantait pas avec la guerre, quelle qu’elle soit? Il n’y a pas de hasard. En moins de vingt-quatre heures, nous avons pu observer deux signes évidents de fébrilité du côté de l’Élysée.
Primo: le chef de l’État, accessoirement chef des armées, a décidé d’envoyer Jean-Marc Ayrault en première ligne, lundi soir, pour détailler aux responsables de la représentation nationale les «éléments de preuves» qui accusent, selon le gouvernement français, Bachar Al Assad dans l’attaque au gaz du 21 août dernier à Damas. Secundo: un vote du Parlement pour autoriser une éventuelle intervention militaire en Syrie ne serait finalement «pas un sujet tabou pour François Hollande», mais un peu plus tard, si l’on en croit le ministre des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies. Ce qu’il faut bien considérer comme un changement de pied marque-t-il un aveu de faiblesse du chef de l’État? N’est-il dicté que par les circonstance?
lundi 29 juillet 2013
Banlieues : pour un choc de dignité
Le problème des quartiers populaires n’est pas l’islam mais la crise sociale. Combien de fois faudra-t-il l’écrire pour que cette élémentaire vérité pénètre les esprits et les coeurs?
Ne sous-estimons jamais la difficulté qui est la nôtre de braver l’opinion dominante dans une démocratie d’opinion aussi conditionnée par les discours formatés des éditocrates sélectifs. Depuis plusieurs jours, des commentaires nauséeux voudraient ainsi nous inciter à croire que la France aurait sombré dans un «climat avancé de libanisation» ; ici, on détrousserait les cadavres dans les wagons ; là, on imposerait le niqab en refusant les prérogatives de la police républicaine. Pour un peu, nous ne serions plus capables de distinguer le vrai du faux et le sens des priorité, au point d’imaginer qu’un bout de chiffon – loin d’être innocent – serait à l’origine de tous les maux, en particulier ceux de Trappes…
Un élu de la banlieue parisienne vient nous rappeler à nos devoirs élémentaires de compréhension de la réalité. Il s’appelle Alain Hajjaj. Il est maire de La Verrière, ville limitrophe de Trappes, et vice-président de la Communauté d’Agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines. A ce double titre, il vient d’adresser une lettre ouverte au premier ministre Jean-Marc Ayrault pour réagir aux événements qui ont embrasé Trappes.
"Une" de l'Humanité du 26 juillet 2013. |
Un élu de la banlieue parisienne vient nous rappeler à nos devoirs élémentaires de compréhension de la réalité. Il s’appelle Alain Hajjaj. Il est maire de La Verrière, ville limitrophe de Trappes, et vice-président de la Communauté d’Agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines. A ce double titre, il vient d’adresser une lettre ouverte au premier ministre Jean-Marc Ayrault pour réagir aux événements qui ont embrasé Trappes.
vendredi 26 juillet 2013
Universités: à propos de dérives...
L’égalité républicaine,
dont l’égalité
des chances,
ne se négocie pas.
À l’université comme ailleurs!
Au cœur de l’été, l’affaire aurait pu passer presque inaperçue. Il s’agit pourtant de ce qu’il faut bien appeler «les dérives de l’université». Des dizaines de milliers d’élèves sont concernés et consternés. L’Unef a en effet révélé hier des chiffres et des statistiques qui donnent carrément froid dans le dos malgré la chaleur environnante. Selon le syndicat étudiant, pas moins de vingt-sept universités en France pratiquent «une sélection illégale des étudiants après le bac» et vingt-quatre d’entre elles «persistent à imposer des frais d’inscription illégaux». Le verbe est à la hauteur de l’indignation. Il y a de quoi.
Au cœur de l’été, l’affaire aurait pu passer presque inaperçue. Il s’agit pourtant de ce qu’il faut bien appeler «les dérives de l’université». Des dizaines de milliers d’élèves sont concernés et consternés. L’Unef a en effet révélé hier des chiffres et des statistiques qui donnent carrément froid dans le dos malgré la chaleur environnante. Selon le syndicat étudiant, pas moins de vingt-sept universités en France pratiquent «une sélection illégale des étudiants après le bac» et vingt-quatre d’entre elles «persistent à imposer des frais d’inscription illégaux». Le verbe est à la hauteur de l’indignation. Il y a de quoi.
mardi 23 juillet 2013
La République du Tour existe, je l'ai rencontrée !
La Grande Boucle? Un monde en réduction qui crée des personnages à sa démesure. Un bout de l'Histoire de la France républicaine...
Vous qui pénétrez dans notre coeur, ne faites pas attention au désordre. Depuis quelques années, nous avons en effet toutes les raisons de nous détourner du Tour de France, penser qu'il n'est plus qu'une scène désarmée, le tertre piétiné d'une humanité de contrebande, le spectacle devenu vulgaire et uniformisé d'un concours d'idoles artificielles et de pureté originelle assassinée. Si l’écrivain Philippe Bordas n’a sans doute pas tort quand il affirme que «le cyclisme, en tant que genre est décédé», car ce qui se donne encore en spectacle «n’est que farce, artefact à la mesure d’un monde faussé par la pollution, la génétique et le bio-pouvoir», le Tour, lui, nous trouble toujours. La plupart des suiveurs ont paraît-il perdu leur innocence au gré des scandales, de la surmédiatisation et des intérêts financiers croissants. Il en reste heureusement pour s’étonner et s’émouvoir qu’on ait pu, à ce point, martyriser une institution unique en son genre – l’une des dernières épopées humaines authentiquement populaires.
lundi 22 juillet 2013
Tour : Froome, le voyage extraordinaire
Le Britannique succède à son compatriote Bradley Wiggins. À la tête d’une intrigante équipe Sky, il a dominé, à vingt-huit ans, l’un des Tours les plus difficiles de l’ère contemporaine et ne sera jamais parvenu à vaincre les doutes des suiveurs.
Le chronicoeur se retourne sur les traces-sans-traces de son Tour et déjà, au hasard de sa traditionnelle balade dans le Paris des héros de Juillet, comme pour ne pas quitter trop brutalement le cliquetis des dérailleurs et le son furtif et fuyant des roues sur l’asphalte, il se demande s’il n’a pas trop joué avec ses nerfs durant trois semaines éprouvantes. Les questions, en effet, se sont accumulées. Vingt et une étapes d’un scénario (presque) trop prévisible, au moins pour le vainqueur final, et d’amoncellements de doutes qu’il convient de ne pas taire, sauf à trahir son authentique amour de la Grande Boucle qu’aucun événement tragique n’a encore remis sérieusement en cause.
Ainsi donc, un coureur dégingandé au squelette apparent, originaire du Kenya âgé de vingt-huit ans, ex-étudiant en Afrique du Sud, citoyen britannique et résident monégasque, pense avoir donné le bon exemple sous la férule d’une équipe surpuissante qui aurait tellement professionnalisé sa manière de préparer ses champions qu’elle parviendrait à l’excellence absolue en toutes choses. Christopher Froome succède à son compatriote Bradley Wiggins, absent, et ses façons uniformes de planter son personnage laissent poindre un tempérament sinon mécanique du moins programmé pour assumer un destin qu’aucun spécialiste digne de ce nom n’aurait imaginé si brillant voilà trois ou quatre ans.
Le chronicoeur se retourne sur les traces-sans-traces de son Tour et déjà, au hasard de sa traditionnelle balade dans le Paris des héros de Juillet, comme pour ne pas quitter trop brutalement le cliquetis des dérailleurs et le son furtif et fuyant des roues sur l’asphalte, il se demande s’il n’a pas trop joué avec ses nerfs durant trois semaines éprouvantes. Les questions, en effet, se sont accumulées. Vingt et une étapes d’un scénario (presque) trop prévisible, au moins pour le vainqueur final, et d’amoncellements de doutes qu’il convient de ne pas taire, sauf à trahir son authentique amour de la Grande Boucle qu’aucun événement tragique n’a encore remis sérieusement en cause.
Ainsi donc, un coureur dégingandé au squelette apparent, originaire du Kenya âgé de vingt-huit ans, ex-étudiant en Afrique du Sud, citoyen britannique et résident monégasque, pense avoir donné le bon exemple sous la férule d’une équipe surpuissante qui aurait tellement professionnalisé sa manière de préparer ses champions qu’elle parviendrait à l’excellence absolue en toutes choses. Christopher Froome succède à son compatriote Bradley Wiggins, absent, et ses façons uniformes de planter son personnage laissent poindre un tempérament sinon mécanique du moins programmé pour assumer un destin qu’aucun spécialiste digne de ce nom n’aurait imaginé si brillant voilà trois ou quatre ans.
dimanche 21 juillet 2013
L'ère du bio-Tour : ou la fin des purs sangs
Comment un certain type de dopage, celui de années 1990, a totalement modifié l'histoire du cyclisme et du Tour de France. Et pourquoi il ne faut surtout pas comparer les époques...
Quelqu’un questionne l’Italien Pierre Brambilla, troisième du Tour en 1947:
-Pierre, il se dit dans le peloton que tu aurais, un jour, enterré ton vélo dans ton jardin.
-Je l’ai fait.
-Et pourquoi l’as-tu fait ?
-Ce vélo avait des jantes en bois, et je voulais faire pousser des peupliers.
-Dommage que tu n’aies pas enterré ta topette : tu aurais fait pousser une pharmacie.
A la fin des années quatre-vingt, la vieille anecdote se transmettait encore de génération en génération, comme un trophée jalousement préservé entre mecs, bonne blague pour les fins de soirées arrosées. Accepter ce folklore – non sans orgueil – valait alors tous les adoubements et nul n’était besoin d’en discuter les codes. Et pour cause. Les liens entre le cyclisme et le dopage ont toujours été consubstantiels. Aucune époque n’a dérogé à la règle et seule une poignée de champions a échappé aux posologies de son temps. Beaucoup par contre se sont fourvoyés jusqu’à l’écœurement. Telle est l’histoire peu glorieuse de ces «cornues pédalantes», comme le dira ironiquement le président du tribunal de Lille, qualifiant ainsi les cyclistes de l’équipe Festina lors du célèbre procès, en 2000, où Richard Virenque avait fini par se mettre à table après deux années de dénégations. Il n’était pas le premier. Ni le dernier.
Quelqu’un questionne l’Italien Pierre Brambilla, troisième du Tour en 1947:
-Pierre, il se dit dans le peloton que tu aurais, un jour, enterré ton vélo dans ton jardin.
-Je l’ai fait.
-Et pourquoi l’as-tu fait ?
-Ce vélo avait des jantes en bois, et je voulais faire pousser des peupliers.
-Dommage que tu n’aies pas enterré ta topette : tu aurais fait pousser une pharmacie.
A la fin des années quatre-vingt, la vieille anecdote se transmettait encore de génération en génération, comme un trophée jalousement préservé entre mecs, bonne blague pour les fins de soirées arrosées. Accepter ce folklore – non sans orgueil – valait alors tous les adoubements et nul n’était besoin d’en discuter les codes. Et pour cause. Les liens entre le cyclisme et le dopage ont toujours été consubstantiels. Aucune époque n’a dérogé à la règle et seule une poignée de champions a échappé aux posologies de son temps. Beaucoup par contre se sont fourvoyés jusqu’à l’écœurement. Telle est l’histoire peu glorieuse de ces «cornues pédalantes», comme le dira ironiquement le président du tribunal de Lille, qualifiant ainsi les cyclistes de l’équipe Festina lors du célèbre procès, en 2000, où Richard Virenque avait fini par se mettre à table après deux années de dénégations. Il n’était pas le premier. Ni le dernier.
samedi 20 juillet 2013
Tour : à Semnoz, Quintana était imbattable
Le Colombien Nairo Quintana (Movistar) a remporté la dernière étape de
montagne, samedi 20 juillet. Cette victoire lui offre le maillot à pois et la
deuxième place du général derrière Froome. Contador tombe du podium... juste avant les Champs.
Depuis Annecy-Semnoz (Haute-Savoie).
Nous y voici donc, à la fin de cette centième édition. Comme prévu, il fallait bien attendre l’ultime ascension dans les Alpes pour avoir une idée définitive du podium final. Signalons d’entrée que nous avons vu Christopher Froome serrer le poing au passage de la ligne d'arrivée, tout là-haut dans la station de Semnoz. Sur les hauteurs d'Annecy, avec une vue plongeante sur le lac éponyme et toute la chaîne du Mont-Blanc, le grimpeur de Sky a donc officialisé sa victoire avant la dernière étape-parade vers les Champs-Elysées, dimanche. Avouons-le: il n'y avait pas de suspense. Peut-être même aurait-il pu aller chercher une nouvelle victoire d’étape. Mais à quoi bon.
La bataille - la plus intéressante - se disputait ailleurs. Les 125 km du jour et la montée finale classée hors catégorie ont en effet bouleversé la hiérarchie après 20 jours de course: l'étape a consacré l'émergence du Colombien Nairo Quintana, vainqueur du jour, et le déclin d'Alberto Contador (7e à 2'27''), qui est tombé du podium (4e à 7'10'' de Froome). A 23 ans, pour son premier Tour de France, le petit Quintana a été le seul grimpeur capable de tenir tête à Froome.
Et Quintana s'en va... |
Nous y voici donc, à la fin de cette centième édition. Comme prévu, il fallait bien attendre l’ultime ascension dans les Alpes pour avoir une idée définitive du podium final. Signalons d’entrée que nous avons vu Christopher Froome serrer le poing au passage de la ligne d'arrivée, tout là-haut dans la station de Semnoz. Sur les hauteurs d'Annecy, avec une vue plongeante sur le lac éponyme et toute la chaîne du Mont-Blanc, le grimpeur de Sky a donc officialisé sa victoire avant la dernière étape-parade vers les Champs-Elysées, dimanche. Avouons-le: il n'y avait pas de suspense. Peut-être même aurait-il pu aller chercher une nouvelle victoire d’étape. Mais à quoi bon.
La bataille - la plus intéressante - se disputait ailleurs. Les 125 km du jour et la montée finale classée hors catégorie ont en effet bouleversé la hiérarchie après 20 jours de course: l'étape a consacré l'émergence du Colombien Nairo Quintana, vainqueur du jour, et le déclin d'Alberto Contador (7e à 2'27''), qui est tombé du podium (4e à 7'10'' de Froome). A 23 ans, pour son premier Tour de France, le petit Quintana a été le seul grimpeur capable de tenir tête à Froome.
vendredi 19 juillet 2013
Grande Boucle : le retour de Da Costa... et des affaires
Le Portugais l'emporte au Grand-Bornand. Une étape très décevante malgré cinq difficultés sur le parcours:
il ne s’est rien passé entre les favoris… Côté dopage, Damiano Cunego (présent
sur le Tour) et 26 autres cyclistes vont être traduits par
la justice italienne.
Depuis le
Grand-Bornand (Haute-Savoie).
Rien n’y a fait, Rui Alberto Faria Da Costa (Movistar) a doublé la mise. Le Portugais de 26 ans, déjà vainqueur à Gap il y a trois jours, a remporté ce vendredi 19 juillet la 19e étape du Tour, courue entre Bourg-d'Oisans et Le Grand-Bornand (204,5 km), sur un parcours pourtant promis aux plus grands grimpeurs qui accumulait pas moins de cinq difficultés majeures, dont deux cols classés hors-catégorie, le Glandon et la Madeleine, toit du Tour 2013 (2000 mètres).
Da Costa, bien au chaud dans un groupe de poursuivants tout au long de l'étape, est allé chercher son petit triomphe dans le Col de la Croix-Fry, dernière difficulté de la journée, en rattrapant puis en débordant le Français Pierre Rolland, grand animateur de cette étape. Le chef de file d'Europcar s'est extirpé du peloton dès les premiers kilomètres, rejoignant des coureurs partis à la recherche de deux coureurs, Jon Izagirre et Ryder Hesjedal. Dans le Col du Glandon, Rolland a notamment eu à ses côtés son compatriote Christophe Riblon, héros de l’Alpe d’Huez la veille.
Le vainqueur au Grand-Bornand. |
Rien n’y a fait, Rui Alberto Faria Da Costa (Movistar) a doublé la mise. Le Portugais de 26 ans, déjà vainqueur à Gap il y a trois jours, a remporté ce vendredi 19 juillet la 19e étape du Tour, courue entre Bourg-d'Oisans et Le Grand-Bornand (204,5 km), sur un parcours pourtant promis aux plus grands grimpeurs qui accumulait pas moins de cinq difficultés majeures, dont deux cols classés hors-catégorie, le Glandon et la Madeleine, toit du Tour 2013 (2000 mètres).
Da Costa, bien au chaud dans un groupe de poursuivants tout au long de l'étape, est allé chercher son petit triomphe dans le Col de la Croix-Fry, dernière difficulté de la journée, en rattrapant puis en débordant le Français Pierre Rolland, grand animateur de cette étape. Le chef de file d'Europcar s'est extirpé du peloton dès les premiers kilomètres, rejoignant des coureurs partis à la recherche de deux coureurs, Jon Izagirre et Ryder Hesjedal. Dans le Col du Glandon, Rolland a notamment eu à ses côtés son compatriote Christophe Riblon, héros de l’Alpe d’Huez la veille.