Tyson. «J’ai trouvé Hemingway déprimant. Je me suis identifié au personnage principal de Dumas dans le Comte de Monte-Cristo. En lisant Mao et le Che, je suis devenu encore plus anticonformiste.» Quand Mike Tyson évoque son séjour en taule, après le viol de Desiree Washington pour lequel il fut condamné à six ans d’emprisonnement, il ne cache rien. Ni l’insondable sentiment de relégation – «on n’y traite pas les gens comme des êtres humains» –, ni le long chemin d’introspection vers «la vérité», qui, selon lui, fut une bénédiction, car il apprit alors à se plonger dans la pensée des autres, Nietzsche étant devenu son «maître préféré». Les philosophes? Parce qu’«ils sont politiquement incorrects» et «remettent en cause le statu quo». L’ex-boxeur, plus jeune champion des poids lourds de l’histoire (à vingt ans), parle même du viol en question, donne sa version des faits et évoque des détails d’une intimité telle qu’il enfonce les frontières du sordide. Cet épisode l’éloigna des rings pendant trois ans.
«Avant l’application de la peine, explique-t-il, j’en ai profité pour prendre du bon temps avec mes différentes petites amies. Partout où j’allais, des femmes m’accostaient: “Allez viens! Je ne dirai pas que tu m’as violée, tu n’as rien à craindre avec moi.” Blessé, je les repoussais avec rudesse. Même si elles cherchaient à me consoler, j’étais trop meurtri pour m’en rendre compte. J’étais un gamin ignorant, fou et amer, qui avait terriblement besoin de grandir.»
KO. De ring et de fureur. Vous l’avez compris: Mike Tyson a quarante-sept ans et il raconte tout avec la manie scrupuleuse de ceux qui n’ont plus rien à perdre à force d’avoir martelé le désastre. C’est à la fois fascinant et terrifiant. Vous sortez littéralement KO de la lecture de "La Vérité et rien d’autre" (éditions Les Arènes, 600 pages), sans savoir si vous avez lu l’une des plus grandes et des plus savoureuses confessions de l’histoire de la littérature sportive, ou si, par voyeurisme primal, vous n’auriez pas par hasard participé à l’exaltation de la mise en scène d’un ex-salaud qui regrette tout ou presque, mais ne laisse rien dans l’ombre. Il parle ainsi de sa carrière, ombrageuse, de sa jeunesse, de l’alcool, de la drogue, du dopage, de la violence et du goût du sang dans la bouche. Puis aussi des femmes, auxquelles il aimait faire mal pendant l’amour, les entendre crier de douleur, ou des innombrables prostituées pour lesquelles il dépensa des millions de dollars. Enfin, il parle de ses passions pour la méditation, pour l’islam, et surtout pour les livres, qu’il dévore depuis comme un boulimique. Habitué jadis à exécuter ses adversaires sans sommation, le boxeur américain n’esquive aucun coup dans cette autobiographie qui fera date, coécrite par Larry Sloman (la plume de Houdini, Red Hot Chili Peppers, Dylan, etc.).
Le résultat est troublant et magistral. Tyson y joue le plus mauvais rôle, celui de sa vie. Ça commence par l’enfance, qui n’est pas sans nous rappeler celle de Lance Armstrong. Son beau-père, Eddie, et sa mère se battaient sans arrêt. «Quand ma mère avait des copines à la maison, toutes beurrées, et qu’elle était dans les vapes, Eddie les baisait. Après, ils se foutaient sur la gueule. C’étaient vraiment des barbares: ils se pourchassaient avec des armes et se traitaient de tous les noms.» Ça continue par les conseils de Cus D’Amato, son entraîneur et mentor, qui deviendra aussi son tuteur. Il lui parlait «de sentiments, d’émotions, de la philosophie de la boxe». «Le combat est la seule réalité qui importe, lui disait-il. Tu dois apprendre à imposer ta volonté et à prendre le contrôle de cette réalité.» Ça se poursuit par la drogue, la coke et l’herbe prises avant les combats, et l’utilisation d’«un faux pénis où on met l’urine saine de quelqu’un d’autre» pour franchir les contrôles antidopage. Et ça s’achève par la rechute dans l’alcool et la drogue, peu après avoir terminé le travail sur ce livre, en avril 2013: «J’ai fait une rechute, la première depuis janvier 2010. Je suis sorti un soir et j’ai bu un verre. Puis un autre. Et encore un autre. J’ai l’alcool très mauvais. J’avais honte, mais pas assez pour que ça m’empêche de répéter cette erreur à plusieurs reprises en juin et juillet. J’ai basculé à nouveau.»
Toxique. Tyson, à qui sa mère n’a jamais dit «je t’aime», confesse sans pudeur: «Je suis un fils de pute.» Et puis: «Je suis sur le point de mourir, parce que je suis un alcoolique pervers. Bon Dieu, ça devient intéressant.» Ses mots ne changeront pas son image, bien au contraire. Ils nous aident juste à comprendre le destin d’un sportif hors norme, qui s’étonne encore de ne pas avoir terminé avec «une balle dans la peau». Il relate aussi que, à plusieurs reprises, il malmena son manager et promoteur, le sulfureux Don King. Un jour, un proche lui a dit: «Fais gaffe, tu vas te faire buter.» Pour Tyson, Don King « était toxique ». Mais Don King, « c’était la boxe »…
[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 20 décembre 2013.]
Je suis un peu comme JED, je n'arrive pas à détester ce type. Pourtant, y aurait de quoi.
RépondreSupprimerle boxe c'est belmondo e alain tyson ,vous me comprendre ,vous etes de boxer -philosopher ,nietczthe est bom ,mais marx est le meilheure ,parle à stallone en amerique ,c'est merveilhez jorginho em medicine .ufmg .la máfia .bom jour ,daniel kiefer oliveira lage sousa fantinatti
RépondreSupprimerMerci à Ducoin de nous faire partager ses coups de cœur !
RépondreSupprimerDucoin, un journaliste top ? Décidez http://www.topjournaliste.com/consultez.php?journID=974