Ahed Tamimi, qui aura 17 ans le 31 janvier et qui, par la grâce des réseaux sociaux, a cessé d’être une simple résidente du village de Nabi Saleh, en Cisjordanie, croupit dans la prison militaire d’Ofer, en territoire occupé par les Israéliens...
Elles et ils n’ont que leurs mains pour se défendre. Et même projetées en oriflammes, emplies de colère et de rage, ce ne sont pas des armes, mais des cris assourdis par les humiliations subies dont les échos nous parviennent chaque jour. Depuis leur pays occupé par les troupes israéliennes, femmes et hommes de Palestine témoignent à leur manière. Il y a même, parmi eux, les nouveaux visages de la résistance, des visages poupons à peine sortis de l’enfance, dépourvus de rire et de joie, comme si leurs traits affichaient déjà les souffrances d’une lutte sans repos, comme si leurs yeux se muraient dans le désastre.
C’est cette jeunesse palestinienne que le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, veut briser coûte que coûte, quitte à entraver toutes les règles du droit international en assumant d’enfermer dans ses geôles des prisonniers politiques mineurs. Des gamins, des gamines. Comme Ahed Tamimi, qui aura 17 ans aujourd’hui et qui, par la grâce des réseaux sociaux, a cessé d’être une simple résidente du village de Nabi Saleh, en Cisjordanie. Depuis un maudit jour de décembre dernier, elle a intégré l’iconographie héroïque, avec sa frimousse d’adolescente, son regard accusateur et ses longs cheveux bouclés. Arrêtée pour avoir bousculé deux soldats israéliens avec sa petite cousine, elle croupit et attend son procès dans la prison militaire d’Ofer, en territoire occupé. Ce sont ces mêmes militaires qui avaient tiré à bout portant dans la tête de son cousin de 15 ans, Mohammed, miraculeusement vivant mais défiguré.
Le procureur a requis douze chefs d’inculpation contre Ahed Tamimi, elle encourt sept ans d’emprisonnement! Le zèle punitif de l’armée à son endroit rappelle que la jeunesse paie un lourd tribut. Entre 500 et 700 jeunes sont ainsi jetés en prison chaque année en Cisjordanie. Actuellement, au moins 350 mineurs restent emprisonnés dans les cachots de Netanyahou, la plupart accusés d’avoir lancé des pierres. Ils subissent des violences physiques lors de leur arrestation, transfert ou interrogatoire, ils sont soumis à la torture, à l’isolement. Autant de crimes contre les droits humains… qui s’ajoutent à tous les autres.
[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 31 janvier 2018.]