mardi 23 janvier 2018

Capital-travail

Le capital décide, le travail subit. Macron est le héros des multinationales: dans le partage des richesses, il veut accélérer le processus en cours depuis trente ans au nom de la fable du «ruissellement». Le bénéfice au capital, plus jamais aux travailleurs.
À Versailles, loin des journalistes, incapables sans doute de saisir la complexité de sa démarche, Emmanuel Macron a donc régalé les milliardaires, se chargeant d’incarner le lien avec 140 PDG de l’hyperpuissance capitalistique mondiale en route sur le chemin pavé d’or de Davos, où ils se retrouveront tous, main sur le cœur, afin de tracer la bonne marche de la finance globalisée. L’ancien banquier n’est pas le moins légitime pour mettre en cohérence son attention portée aux «premiers de cordée» et une opération de com de prestige, fût-elle quelque peu gênante pour le peuple, assez convaincu que ce président des riches fait-ce-qu’il-dit-et-pense, mais qu’ils resteront, eux, les derniers maillons de la chaîne. Demandez aux salariés de Carrefour. Le géant de la distribution réalise 1 milliard de profits en 2017, mais supprime 4500 postes… Le capital décide, le travail subit. Macron est le héros des multinationales: dans le partage des richesses, il veut accélérer le processus en cours depuis trente ans au nom de la fable du «ruissellement». Le bénéfice au capital, plus jamais aux travailleurs. Tout pour certains, rien pour les autres. Un choix de classe, non?
 
À propos de capital-travail, les idées marxistes et communistes pourraient «retrouver une nouvelle jeunesse», passer «d’une image surannée à un retour progressif», car elles seraient désormais «portées par les nouvelles générations». Un sondage Viavoice pour la Fondation Gabriel-Péri en témoigne et éveille notre curiosité, sinon notre (prudent) enthousiasme. L’institut révèle en effet «un clivage générationnel important et non dénué de sens»: 26% des 18-24 ans et 21% des 25-34 ans déclarent avoir une «image positive» de Marx. Dans la même étude, les trois quarts des Français disent qu’il existe toujours des classes sociales dans la société (76%) et, pour une majorité d’entre eux, que la «lutte des classes» reste d’actualité pour décrire les rapports sociaux actuels (56%). Intéressant, non? «Toute classe qui aspire à la domination doit conquérir d’abord le pouvoir politique pour représenter à son tour son intérêt propre comme étant l’intérêt général.» C’est du Karl Marx. On croirait pourtant lire une définition du macronisme…
[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 24 janvier 2018.]

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