La reconnaissance en tant qu’État permettra à la Palestine de replacer le droit international au centre des discussions.
Dans la vie des observateurs engagés que nous sommes, par la grâce
de l’actualité et l’imagination
du monde renouvelée, il est des moments très particuliers où se croisent l’Histoire avec un grand H et l’émotion de tout ce qui nous constitue. Il faut alors que les mots utilisés pour le dire s’engrènent dans une étonnante succession de simplicités, à tâtons, avançant ainsi dans la prudence, instruits
du passé et sans rien ignorer de l’ampleur du chemin à parcourir. Ce qui va pourtant se passer à l’ONU dans les prochaines heures devrait rester comme
un moment important de ce début de XXIe siècle. Tout indique que l’admission de la Palestine comme État observateur au sein des Nations unies sera votée
par l’Assemblée générale. Comment ne pas s’en réjouir?
De même, comment ne pas se réjouir que la singularité historique de la politique étrangère française, malmenée ces dernières années, soit de nouveau à l’œuvre dans ce dossier ? Après quelques hésitations, Laurent Fabius a en effet confirmé que la France voterait en faveur de cette admission. Cet engagement solennel trouvera un écho favorable chez tous ceux qui, depuis des mois, se mobilisent au fil des initiatives de solidarité envers les Palestiniens. Sans cet élan populaire, que nous avons vu grandir, François Hollande aurait-il aujourd’hui le même courage?
jeudi 29 novembre 2012
vendredi 23 novembre 2012
Peine(s) : quand Derrida enseignait la déconstruction de l'échafaud
Les éditions Galilée publient le premier volet de «Séminaire. La peine de mort» (vol. 1, 1999-2000, 402 pages). Un événement philosophique.
Derrida. Comme les fragments d’un registre sans date arrachés à une longue nuit, l’envie s’invite parfois par effraction ou par nécessité. Ainsi l’autre soir, saisis par un élan irrépressible qui nous a entraînés loin dans l’insomnie, il nous fallut revisionner une fois encore le formidable documentaire D’ailleurs Derrida, de Safaa Fathy (éditions Montparnasse, 2000), et de nouveau se laisser bercer par le verbe, l’image et la voix – mon Dieu, cette voix ! – de Jacques Derrida, comme un retournement du temps d’autant plus nécessaire qu’à chaque «actualité» éditoriale post-mortem du philosophe, l’émotion de sa disparition et de son manque nous étreint comme au premier jour. Ses premiers mots, dans D’ailleurs Derrida, restent gravés dans le marbre de notre mémoire fondamentale: «Ce qui vient à moi, depuis longtemps, sous le nom de l’écriture, de la déconstruction, du phallogocentrisme, etc., n’a pas pu ne pas procéder à une étrange référence à un “ailleurs”. L’enfance, l’au-delà de la Méditerranée, la culture française, l’Europe finalement. Il s’agit de penser “à partir de” ce passage de la limite. L’ailleurs, même quand il est très près, c’est toujours l’au-delà d’une limite. Mais en soi. On a l’ailleurs dans le cœur, on l’a dans le corps. L’ailleurs est ici. Si l’ailleurs était ailleurs, ce ne serait pas un ailleurs.»
Mort. L’actualité éditoriale principale de Jacques Derrida ce mois-ci nous provient (sans surprise) des remarquables éditions Galilée, qui publient le premier volet de «Séminaire. La peine de mort» (vol. 1, 1999-2000, 402 pages, 35 euros).
Derrida. Comme les fragments d’un registre sans date arrachés à une longue nuit, l’envie s’invite parfois par effraction ou par nécessité. Ainsi l’autre soir, saisis par un élan irrépressible qui nous a entraînés loin dans l’insomnie, il nous fallut revisionner une fois encore le formidable documentaire D’ailleurs Derrida, de Safaa Fathy (éditions Montparnasse, 2000), et de nouveau se laisser bercer par le verbe, l’image et la voix – mon Dieu, cette voix ! – de Jacques Derrida, comme un retournement du temps d’autant plus nécessaire qu’à chaque «actualité» éditoriale post-mortem du philosophe, l’émotion de sa disparition et de son manque nous étreint comme au premier jour. Ses premiers mots, dans D’ailleurs Derrida, restent gravés dans le marbre de notre mémoire fondamentale: «Ce qui vient à moi, depuis longtemps, sous le nom de l’écriture, de la déconstruction, du phallogocentrisme, etc., n’a pas pu ne pas procéder à une étrange référence à un “ailleurs”. L’enfance, l’au-delà de la Méditerranée, la culture française, l’Europe finalement. Il s’agit de penser “à partir de” ce passage de la limite. L’ailleurs, même quand il est très près, c’est toujours l’au-delà d’une limite. Mais en soi. On a l’ailleurs dans le cœur, on l’a dans le corps. L’ailleurs est ici. Si l’ailleurs était ailleurs, ce ne serait pas un ailleurs.»
Mort. L’actualité éditoriale principale de Jacques Derrida ce mois-ci nous provient (sans surprise) des remarquables éditions Galilée, qui publient le premier volet de «Séminaire. La peine de mort» (vol. 1, 1999-2000, 402 pages, 35 euros).
mercredi 21 novembre 2012
Communes en difficulté : égalité territoriale ?
Sevran n’est pas un cas isolé. D’autres villes connaissent le même désengagement financier de l’État…
Parfois, le sentiment de sombrer dans un gouffre où l’ombre seule domine et grandit sur le sol même où se portent vos pas vous contraint à agir autrement. Nous pouvons penser ce que nous voulons de l’action choisie par le maire de Sevran, Stéphane Gatignon. Pour certains, il y eut de l’indécence dans sa grève de la faim, en raison de la violence désespérante du geste, de son symbole ultime, et aussi parce qu’il occultait mécaniquement sa propre responsabilité dans la gestion de quelques dossiers dans sa ville. Pour d’autres, au contraire, l’acte extrême fut l’expression d’un courage politique et citoyen ne visant qu’à un but : s’affamer pour sauver sa ville de la déroute financière. Quelle que soit son opinion, une chose est sûre. Cette escalade dans le mode opératoire aura au moins eu l’intérêt d’attirer l’attention sur la situation dramatique de certaines communes. Et singulièrement de leurs populations, souvent les grandes oubliées.
Prenons la mesure. Venue des territoires, grands ou petits mais surtout de plus en plus pauvres, nous remonte une inquiétude de moins en moins sourde et d’autant plus urgente que cette «crise dans la crise» accélère ce que nous pouvons appeler désormais des «fractures territoriales». Pour bien se faire comprendre et ne pas évoquer uniquement les communes, prenons l’exemple simple et presque absurde de la Seine-Saint-Denis.
Parfois, le sentiment de sombrer dans un gouffre où l’ombre seule domine et grandit sur le sol même où se portent vos pas vous contraint à agir autrement. Nous pouvons penser ce que nous voulons de l’action choisie par le maire de Sevran, Stéphane Gatignon. Pour certains, il y eut de l’indécence dans sa grève de la faim, en raison de la violence désespérante du geste, de son symbole ultime, et aussi parce qu’il occultait mécaniquement sa propre responsabilité dans la gestion de quelques dossiers dans sa ville. Pour d’autres, au contraire, l’acte extrême fut l’expression d’un courage politique et citoyen ne visant qu’à un but : s’affamer pour sauver sa ville de la déroute financière. Quelle que soit son opinion, une chose est sûre. Cette escalade dans le mode opératoire aura au moins eu l’intérêt d’attirer l’attention sur la situation dramatique de certaines communes. Et singulièrement de leurs populations, souvent les grandes oubliées.
Prenons la mesure. Venue des territoires, grands ou petits mais surtout de plus en plus pauvres, nous remonte une inquiétude de moins en moins sourde et d’autant plus urgente que cette «crise dans la crise» accélère ce que nous pouvons appeler désormais des «fractures territoriales». Pour bien se faire comprendre et ne pas évoquer uniquement les communes, prenons l’exemple simple et presque absurde de la Seine-Saint-Denis.
dimanche 18 novembre 2012
Oubli(s) : de la "Der des ders" au mélange des genres...
Connaissez-vous les poilus Jean Lambert et Jean-Julien-Marie Chapelant, tous les deux honorés le 11 novembre dernier? De quoi réfléchir, à l'heure des confusions mémorielles.
14-18. Qui étais-tu, toi qui as traversé le siècle dans le silence des morts disparus, pour un long temps oublié des mémoires officielles, comme anéanti aux hommes par des souvenirs enfouis sous le chaos matriciel? Qui étais-tu, toi l’enfant de Bésingrand, petit village béarnais coincé sur la rive gauche du gave de Pau dont les flots lèchent l’esprit des âmes fortes, à Luz-Saint-Sauveur, à Argelès-Gazost, à Pau, avant de se jeter dans l’Adour. Qui étais-tu, toi, fils d’une famille de métayers, les Lambert, toi qui te prénommais Jean? Si l’on en croit ceux qui ont établi tes derniers instants, tu as été porté disparu le 23 août 1914, bien loin de tes Pyrénées natales. Ton dernier souffle, tu l’as poussé à Gozée, en Belgique, et tes yeux, dans un ultime sursaut de terreur ou de poésie de survie, ont sans doute aperçu des herbes folles dont tu ne connaissais pas les noms. Tu es tombé, sur cette terre de mâchefer martelée par la mitraille, le cœur ouvert aux sangs mêlés. Peut-être as-tu poussé un cri d’horreur, un cri tôt englouti par la fureur du néant, un cri qui, sache-le, nous parvient si clairement que, quatre-vingt-dix-huit ans plus tard, nous avons passé des heures à tenter d’exhumer les faits, à les imaginer, dans un travail si ingrat et ridicule d’imprégnation qu’il nous a accaparés jusque tard dans la nuit, faisant de nous le témoin anachronique d’une tragédie universelle.
14-18. Qui étais-tu, toi qui as traversé le siècle dans le silence des morts disparus, pour un long temps oublié des mémoires officielles, comme anéanti aux hommes par des souvenirs enfouis sous le chaos matriciel? Qui étais-tu, toi l’enfant de Bésingrand, petit village béarnais coincé sur la rive gauche du gave de Pau dont les flots lèchent l’esprit des âmes fortes, à Luz-Saint-Sauveur, à Argelès-Gazost, à Pau, avant de se jeter dans l’Adour. Qui étais-tu, toi, fils d’une famille de métayers, les Lambert, toi qui te prénommais Jean? Si l’on en croit ceux qui ont établi tes derniers instants, tu as été porté disparu le 23 août 1914, bien loin de tes Pyrénées natales. Ton dernier souffle, tu l’as poussé à Gozée, en Belgique, et tes yeux, dans un ultime sursaut de terreur ou de poésie de survie, ont sans doute aperçu des herbes folles dont tu ne connaissais pas les noms. Tu es tombé, sur cette terre de mâchefer martelée par la mitraille, le cœur ouvert aux sangs mêlés. Peut-être as-tu poussé un cri d’horreur, un cri tôt englouti par la fureur du néant, un cri qui, sache-le, nous parvient si clairement que, quatre-vingt-dix-huit ans plus tard, nous avons passé des heures à tenter d’exhumer les faits, à les imaginer, dans un travail si ingrat et ridicule d’imprégnation qu’il nous a accaparés jusque tard dans la nuit, faisant de nous le témoin anachronique d’une tragédie universelle.
vendredi 9 novembre 2012
Panique(s) : pourquoi J.K. Rowling m'a convaincu
Avec "Une place à prendre" (Grasset), l'auteur d'Harry Potter nous embarque dans l'autopsie d’un monde en perdition. C'est une réussite. Et voilà pourquoi...
Rowling. Pour lutter – malgré soi – contre le scepticisme dominant qui s’octroie les mérites de toutes opinions préétablies sur tout et n’importe quoi, il n’est jamais trop tard pour ne pas taire ses faiblesses (assurément considérées comme telles) et pourquoi pas passer aux aveux, même les plus incongrus, quitte à s’attirer les foudres de la « critique » instituée en oligarchie journalistique (propre aux personnages d’anciens régimes)... Livrons ainsi sans détours la plus improbable des confessions qu’il se puisse imaginer par les temps qui courent : oui, le bloc-noteur a aimé le dernier livre de J.K. Rowling. Voilà, c’est dit. Avec d’autant plus de sincérité qu’il y a comme une évidence à imaginer que toutes les précautions d’usage ne serviront ni de caution morale ni de paratonnerres à toutes les diatribes possibles et imaginables, et au fond assez légitimes si l’on n’a pas lu les 680 pages du livre en question. «Comment ? Il a osé lire ça, lui, et en plus il a aimé? Inconcevable, mon dieu!» Inconcevable peut-être, mais bien réel. «Une place à prendre», publié chez Grasset pour l’édition française, s’avère non seulement digne d’intérêt mais passionnant à plus d’un titre, à condition de vouloir dépassionner la discussion sur le buzz médiatique ayant précédé la sortie mondiale du livre (pas simple), mais surtout à condition de parvenir à oublier «Harry Potter», la première oeuvre qui fit connaître J.K. Rowling (encore moins simple). L’auteur avait prévenu: ce texte «destiné aux adultes» ne ressemblerait en rien à sa série blockbusterisée pour la jeunesse. Elle n’avait pas menti.
Rowling. Pour lutter – malgré soi – contre le scepticisme dominant qui s’octroie les mérites de toutes opinions préétablies sur tout et n’importe quoi, il n’est jamais trop tard pour ne pas taire ses faiblesses (assurément considérées comme telles) et pourquoi pas passer aux aveux, même les plus incongrus, quitte à s’attirer les foudres de la « critique » instituée en oligarchie journalistique (propre aux personnages d’anciens régimes)... Livrons ainsi sans détours la plus improbable des confessions qu’il se puisse imaginer par les temps qui courent : oui, le bloc-noteur a aimé le dernier livre de J.K. Rowling. Voilà, c’est dit. Avec d’autant plus de sincérité qu’il y a comme une évidence à imaginer que toutes les précautions d’usage ne serviront ni de caution morale ni de paratonnerres à toutes les diatribes possibles et imaginables, et au fond assez légitimes si l’on n’a pas lu les 680 pages du livre en question. «Comment ? Il a osé lire ça, lui, et en plus il a aimé? Inconcevable, mon dieu!» Inconcevable peut-être, mais bien réel. «Une place à prendre», publié chez Grasset pour l’édition française, s’avère non seulement digne d’intérêt mais passionnant à plus d’un titre, à condition de vouloir dépassionner la discussion sur le buzz médiatique ayant précédé la sortie mondiale du livre (pas simple), mais surtout à condition de parvenir à oublier «Harry Potter», la première oeuvre qui fit connaître J.K. Rowling (encore moins simple). L’auteur avait prévenu: ce texte «destiné aux adultes» ne ressemblerait en rien à sa série blockbusterisée pour la jeunesse. Elle n’avait pas menti.
samedi 3 novembre 2012
Perversion(s) : quand Christine Angot nous désole...
Avec Une semaine de vacances (Flammarion), l'écrivain nous invite à une lecture aussi éprouvante que choquante. Explications.
Angot. «La voiture démarre. Sur les lauzes, qui recouvrent les toits, il y a peu de neige.» Il faut attendre longtemps avant la première éclaircie littéraire. «Ça, ça renforce l’impression d’être dans un endroit hors du monde, à part, et que les vies sont différentes.» Patienter de longues, très longues minutes, dans notre progression, avant la toute première respiration des mots, offrant le moment de répit tant attendu à force d’être restés à bout de souffle. «Il n’y a rien. Pas un rideau qui s’ouvre, pas un visage, pas un enfant, pas un vieillard.» Comme si, enfin, nous venions d’ouvrir une fenêtre pour brasser l’air d’un coup de vent favorable et réparateur. «Il n’y a personne en vue sous cette gamme de gris nuancés à l’infini, en harmonie avec les nuages, nimbés par la lumière céleste qui les transperce.» Nous sommes à la page 58. Il y en a 137 en tout. Peu – et beaucoup à la fois. La lecture du dernier livre de Christine Angot, Une semaine de vacances (Flammarion), est l’une de ces épreuves journalistiques contraintes – quoiqu’un peu tardive – qui laissent des traces indélébiles. De l’ordre de l’indicible. Quelque chose que nous ne savons immédiatement classifier en toute sincérité.
Excitation. Écrit, paraît-il, en deux semaines du côté de l’auteur, destiné à être lu en deux heures du côté des lecteurs (trois heures en vérité, en comptant les pauses salvatrices), le livre de Christine Angot reprend donc le récit de l’Inceste (Stock, 1999) pour mener une expérience d’écriture grave (dans tous les sens du terme), radicale (pour le lecteur non préparé) et dangereuse (quant au procédé littéraire). Comment résumer cette histoire de pédophilie ou d’inceste – allez savoir – pour que chacun puisse, en son âme et conscience, accéder à ce texte en pleine connaissance de cause?
Angot. «La voiture démarre. Sur les lauzes, qui recouvrent les toits, il y a peu de neige.» Il faut attendre longtemps avant la première éclaircie littéraire. «Ça, ça renforce l’impression d’être dans un endroit hors du monde, à part, et que les vies sont différentes.» Patienter de longues, très longues minutes, dans notre progression, avant la toute première respiration des mots, offrant le moment de répit tant attendu à force d’être restés à bout de souffle. «Il n’y a rien. Pas un rideau qui s’ouvre, pas un visage, pas un enfant, pas un vieillard.» Comme si, enfin, nous venions d’ouvrir une fenêtre pour brasser l’air d’un coup de vent favorable et réparateur. «Il n’y a personne en vue sous cette gamme de gris nuancés à l’infini, en harmonie avec les nuages, nimbés par la lumière céleste qui les transperce.» Nous sommes à la page 58. Il y en a 137 en tout. Peu – et beaucoup à la fois. La lecture du dernier livre de Christine Angot, Une semaine de vacances (Flammarion), est l’une de ces épreuves journalistiques contraintes – quoiqu’un peu tardive – qui laissent des traces indélébiles. De l’ordre de l’indicible. Quelque chose que nous ne savons immédiatement classifier en toute sincérité.
Excitation. Écrit, paraît-il, en deux semaines du côté de l’auteur, destiné à être lu en deux heures du côté des lecteurs (trois heures en vérité, en comptant les pauses salvatrices), le livre de Christine Angot reprend donc le récit de l’Inceste (Stock, 1999) pour mener une expérience d’écriture grave (dans tous les sens du terme), radicale (pour le lecteur non préparé) et dangereuse (quant au procédé littéraire). Comment résumer cette histoire de pédophilie ou d’inceste – allez savoir – pour que chacun puisse, en son âme et conscience, accéder à ce texte en pleine connaissance de cause?
jeudi 1 novembre 2012
Révoltes de 2005 : leçons, mais quelles leçons ?
Les banlieues depuis 2005? Le chômage progresse, la paupérisation galope, les solidarités sociales sont à bout de souffle...
La date peut paraître anodine. Mais celle-ci charrie autant de souvenirs inébranlables que d’amertumes difficiles à dépasser. Voilà sept ans et quatre jours très exactement que Zyed Benna, dix-sept ans, et Bouna Traoré, quinze ans, périssaient électrocutés dans un transformateur EDF, à Clichy-sous-Bois. Le 27 octobre 2005. Prélude à un mouvement inédit de révoltes urbaines, qui prit toutes les formes: spontané, revendicatif, partagé, parfois violent et/ou enflammé. Qu’on se rende compte, ce n’est qu’aujourd’hui, sept ans après, déjà, que la Cour de cassation doit se prononcer sur le pourvoi formé par les familles des victimes. Elles espèrent toujours la tenue d’un procès en correctionnelle pour les deux policiers suspectés d’avoir pourchassé Zyed et Bouna…
À l’époque, une partie des Français découvrait, il était temps, la réalité de la fracture sociale de certaines banlieues et, avec elle, la radicalisation des difficultés socio-économiques. A-t-on tiré les leçons des révoltes de 2005? Mais quelles leçons, quand la paupérisation galope et que 70% des familles vivent sous le seuil de pauvreté, quand le taux de chômage y dépasse les 40%-50%, quand un gamin sur deux vit l’échec scolaire, quand les solidarités sociales sont à bout de souffle? Stigmatisation, discriminations économiques, sociales et culturelles: ici, ce que la République a de meilleur semble avoir reflué, vaincu par on ne sait quelle logique inégalitaire...
La date peut paraître anodine. Mais celle-ci charrie autant de souvenirs inébranlables que d’amertumes difficiles à dépasser. Voilà sept ans et quatre jours très exactement que Zyed Benna, dix-sept ans, et Bouna Traoré, quinze ans, périssaient électrocutés dans un transformateur EDF, à Clichy-sous-Bois. Le 27 octobre 2005. Prélude à un mouvement inédit de révoltes urbaines, qui prit toutes les formes: spontané, revendicatif, partagé, parfois violent et/ou enflammé. Qu’on se rende compte, ce n’est qu’aujourd’hui, sept ans après, déjà, que la Cour de cassation doit se prononcer sur le pourvoi formé par les familles des victimes. Elles espèrent toujours la tenue d’un procès en correctionnelle pour les deux policiers suspectés d’avoir pourchassé Zyed et Bouna…
À l’époque, une partie des Français découvrait, il était temps, la réalité de la fracture sociale de certaines banlieues et, avec elle, la radicalisation des difficultés socio-économiques. A-t-on tiré les leçons des révoltes de 2005? Mais quelles leçons, quand la paupérisation galope et que 70% des familles vivent sous le seuil de pauvreté, quand le taux de chômage y dépasse les 40%-50%, quand un gamin sur deux vit l’échec scolaire, quand les solidarités sociales sont à bout de souffle? Stigmatisation, discriminations économiques, sociales et culturelles: ici, ce que la République a de meilleur semble avoir reflué, vaincu par on ne sait quelle logique inégalitaire...