Le livre que j'ai publié sur Armstrong, en 2009 (éditions Michel de Maule). |
Le cyclisme avait-il besoin de la mondialisation d’abord, d’Armstrong ensuite, pour sombrer dans le produit du modèle anglo-saxon? Jusqu’au dopage «scientifique» des années 1990, avec sa substance phare, l’EPO, le vélo avait plus ou moins préservé son onctuosité poétique, protégeant jusqu’à l’orgueil cette fraîche bataille des «hommes de loin qui vivent près de chez nous», comme l’écrivait Blondin. Ce fameux Tour d’enfance projetait encore sur ces champions une part de nos fantasmes d’émancipation. Pour le chronicœur-suiveur, ayant quelques bouteilles au compteur, comment ne pas croire qu’Armstrong et ses congénères, complices ou semblables, nous ont trahis? Prenons bien conscience de ce que furent les années «Armstrong»: avec ces hommes sans foi ni loi, qui ont raturé la définition même de la légende des Géants de la route, le cyclisme a cessé d’être un sport spectaculaire pour devenir un spectacle sportif, symptôme et produit d’une société capitaliste qui ne vit que pour (se) vendre. Tôt ou tard, les imposteurs de l’histoire doivent rendre des comptes.
[ARTICLE publié dans l'Humanité du 15 juin 2012.]
DUCOIN, fidèle à lui-même.
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