lundi 9 janvier 2017

Les mots

La stratégie illusionniste du «coup de barre à gauche» pendant une campagne afin d’endormir les consciences ne fonctionnera plus, cette fois, quels que soient les arguments et les mains sur le cœur.
 
À en croire de nombreux commentateurs depuis deux jours, tous les protagonistes de gauche, du moins ceux qui aspirent à jouer un rôle lors des échéances électorales à venir, auraient donc retrouvé le sens du «travail» au point de mettre cette thématique «au centre» de leurs campagnes. Ce serait le cas des candidats à la primaire socialiste, qui, nous dit-on, «savent très bien» que celle-ci se gagnera sur des idées de gauche, l’un des proches de Manuel Valls affirmant d’ailleurs qu’il ne fallait «pas confondre la primaire avec l’élection présidentielle». L’aveu ne nous étonnera pas, même s’il convient, avec sérieux, de ne pas accuser tous les candidat(e)s en question d’insincérité. Mais enfin, quand l’ex-premier ministre ose mentir et se répudier sur son propre usage du 49-3, tout en déclarant qu’il veut «incarner un modèle républicain et social», on nous permettra de montrer les dents. La stratégie illusionniste du «coup de barre à gauche» pendant une campagne afin d’endormir les consciences ne fonctionnera plus, cette fois, quels que soient les arguments et les mains sur le cœur. Le discours du Bourget, c’était il y a bientôt cinq ans. Et depuis? Hollande et Valls n’ont pas rendu leur dignité aux plus faibles. Au contraire, ils ont enclenché, au nom de la gôche, une dynamique de mépris et d’humiliation des classes populaires, dont le point d’orgue aura été précisément la «loi travail»… Les mots rabâchés tactiquement comme autant de tours de passe-passe, c’est fini! 
 
Face aux incertitudes et aux vulnérabilités qui touchent des millions de citoyens, l’heure est au courage et au sens, à l’intelligence et à la reconstruction d’ampleur. L’enjeu est là, à portée de main. D’abord modifier la nature même du débat, puis convaincre qu’il faut imaginer non pas une simple «sortie de crise» mais un changement radical de société. La candidature de Jean-Luc Mélenchon porte ce projet de transformation, nécessairement nourri d’un front large qui permettra d’élire à l’Assemblée nationale des députés garants de changements réels. Pour s’éviter une terrible réalité qui ressemble à un éternel retour: une espérance suivie d’une désillusion. 
 
[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 10 janvier 2017.]

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire