Le principe universel de protection sociale, pilier de la République, est menacé.
Puisque les membres de l’exécutif ne donnent pas dans la demi-mesure ni dans la moitié d’un reniement avec ce qu’ils ont appelé un jour «la gauche», rien n’échappe aux décisions mutilantes. Ainsi en est-il de la protection sociale «à la française», qui fut érigée en pilier de la République ayant pour vocation de couvrir les risques qui affectent l’existence des personnes. Ce principe universel, adossé à la redistribution des revenus sur la base des valeurs de solidarité et de justice, garantit la sécurité économique au moyen de prestations compensatoires et évite aux familles de plonger dans la misère. Croyez-le ou non, ce principe aurait quelque chose de dépassé. Alors que débute la discussion budgétaire au Parlement, certains voudraient en effet laisser croire que la philosophie même de ce «conquis social» majeur, en tant qu’objectif d’organisation de société, serait devenue obsolète... N’ayons pas peur des grands mots: c’est une certaine idée de la France qu’on tente de renvoyer dans les catacombes de l’histoire !
Jeudi 16 octobre, une journée de mobilisations interprofessionnelles vise à alerter sur les projets de démantèlement du droit à l’accès aux soins, pour reconquérir une Sécurité sociale digne de notre pays. Car l’enjeu de civilisation que constitue l’exigence d’une santé répondant aux besoins mérite mieux que de nouvelles coupes budgétaires, qui frapperont en particulier l’hôpital public, asphyxié par la tarification à l’activité, les restrictions financières et la précarisation des personnels. La Santé n’est pas malade de trop de dépenses, mais d’un manque de recettes. Le pacte de responsabilité, signé entre Hollande et Gattaz, va amputer la Sécu de près de 20 milliards d’euros supplémentaires, quand le Medef tente de masquer la part des richesses prélevées sur le travail et reversée sous forme de dividendes aux actionnaires, sommes gigantesques qui échappent à la solidarité nationale. Accepter passivement de ne plus être à la hauteur d’une des missions les plus sacrées de notre vivre-ensemble – l’égalité des soins et les moyens d’atteindre l’excellence médicale – serait une honte. Chacun peut, doit le comprendre. La bataille idéologique n’est pas perdue.
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 15 octobre 2014.]
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