mardi 16 septembre 2014

La confiance, mais quelle confiance?

Le premier ministre Manuel Valls va donc réclamer la «confiance», lors d’un vote qui ne devrait réserver aucune surprise. Pressions et basses manœuvres n’ont pas manqué depuis des jours pour empêcher que la défiance, écrasante dans tout le pays, s’exprime pleinement jusqu’au Parlement.

Parce qu’il diffuse de la mémoire vigilante et du «partage» qui nous hisse au-delà de nous-mêmes, l’après-Fête est notre meilleur allié pour trouver la force du grand retournement de la conscience collective. Trois jours de succès populaire et d’espoir revisité, durant lesquels la liberté, l’authentique liberté, a tenté de chasser la paralysie et la peur. Dans le contexte de désarroi dramatique du peuple de gauche, sidéré et exaspéré par la politique libérale de Hollande-Valls, le rendez-vous de La Courneuve, terre défrichée du «nulle part ailleurs où il faut être», a peut-être marqué un tournant politique.

Car l’heure est grave pour la gauche. Le premier ministre Manuel Valls va donc réclamer la «confiance», lors d’un vote qui ne devrait réserver aucune surprise. Pressions et basses manœuvres n’ont pas manqué depuis des jours pour empêcher que la défiance, écrasante dans tout le pays, s’exprime pleinement jusqu’au Parlement. En effet, ceux qu’il faut paraît-il nommer «frondeurs» risquent uniquement de s’abstenir et ainsi de ne pas assumer à cent pour cent leur contestation du cap gouvernemental. Pourtant l’occasion serait belle, de changer de premier ministre. Un vote de défiance. Et tout serait possible! Car un tel scénario ne signifierait pas mécaniquement une dissolution, ce chiffon rouge agité par l’Élysée, avec la menace de dérouler le tapis à la droite et son extrême. Changer de politique, en revanche, est possible. Hélas, si quelque trois cents députés se transforment en godillots, le vote de cet après-midi deviendra un blanc-seing supplémentaire.

Chacun sait toutefois que la confiance est perdue pour Valls. La confiance à gauche, la vraie confiance, est désormais ailleurs, dans ces rencontres vues à la Fête de l’Humanité entre communistes, socialistes, écologistes, syndicalistes, citoyens. Ils ont conjugué trois verbes à tous les temps: résister, rassembler, reconstruire. Cette espérance ainsi posée comme l’idéal d’un nouveau rapport de force n’a rien d’insensé. Personne n’est jamais condamné à l’errance, à l’attente du pire. Bien au contraire.

(EDITORIAL publié dans l'Humanité du 16 septembre 2014.)

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