vendredi 25 juillet 2014

Tour : un Lituanien... en attendant le verdict de la montre

Victoire de Ramunas Navardauskas au terme d'une étape dantesque, traversée de part en part sous des trombes d'eau... Ce samedi, contre-la-montre décisif pour le podium.

La chute de Romain Bardet.
Ramunas Navardauskas, premier Lituanien à s'imposer dans une étape du Tour de France, a fait patienter, vendredi 25 juillet, à Bergerac, à la veille du verdict d'un contre-la-montre décisif pour l'attribution des places du podium. Sous une pluie diluvienne (l'expression est presque faible, croyez-en le chronicoeur qui vit là l'un de ses Tours les plus pluvieux), le maillot jaune, l'Italien Vincenzo Nibali, et les prétendants au podium (Pinot, Péraud, Valverde) ont dû redoubler de vigilance. Ils ont surtout cherché à éviter la chute qui a fait perdre toute chance au maillot vert, Peter Sagan. A moins de 3 kilomètres de la ligne, Sagan a été pris dans un empilage sur la route détrempée, à côté de Romain Bardet et de quelques autres coureurs. "J'ai été le premier à tomber, je ne sais pas ce qui s'est passé, c'était très glissant, je n'arrivais pas à m'arrêter", a déclaré Sagan, dépité d'être passé une nouvelle fois à côté de la victoire. Entre les trois coureurs désireux d'accompagner Nibali sur le podium, cantonnés dans une fourchette de 15 secondes, les positions sont restées identiques. Thibaut Pinot et Jean-Christophe Péraud, qui pourraient devenir les premiers coureurs français à monter sur le podium des "Champs" depuis... 17 ans, ont confiance. Tout comme Alejandro Valverde, leur adversaire espagnol, avant de s'élancer sur le parcours reliant Bergerac à Périgueux.

Pinot, qui a terminé le plus fort dans la dernière arrivée au sommet, jeudi, à Hautacam, a pour lui la fraîcheur physique en fin de Tour. Péraud affiche les meilleures références (ex-champion de France de la spécialité) dans les contre-la-montre. Valverde, sensiblement au même niveau, voire mieux, a pour lui l'expérience et la solidité mentale. Mais aucun des trois ne présente de vraies garanties dans un "chrono" de 54 kilomètres qui doit sourire logiquement au champion du monde de la discipline, l'Allemand Tony Martin. Pas plus Péraud, qui a surtout travaillé ses qualités de grimpeur pour parvenir à ce niveau, que Pinot, en progrès mais encore dans l'attente d'une grosse performance dans l'exercice.
Quant à Valverde, qui a gagné le contre-la-montre des Championnats d'Espagne le mois dernier, il a contre lui la lassitude de la fin du Tour. Il est apparu très fatigué au sommet de Hautacam. Aura-t-il récupéré quarante-huit heures plus tard sur le parcours annoncé rugueux? "C'est un chrono long et exigeant. J'espère que ça va bien se passer. Je l'ai déjà reconnu, mais je vais retourner le voir", a annoncé Valverde. "On va le voir en voiture pour savoir à quelle sauce on va être mangé", a déclaré Péraud qui s'est dispensé d'une reconnaissance au printemps. "J'ai un programme de courses et j'ai aussi une famille", expliquait l'ingénieur, très pince-sans-rire, en début de semaine. Malgré sa chute sans gravité à l'entrée de Bergerac, l'ingénieur de 37 ans a eu le coeur à plaisanter, en faisant référence à sa chute à l'entraînement dans le chrono du Tour 2013 à Chorges: "Ce ne sera pas comme l'an dernier. Comme je vais le repérer en voiture, si je tombe, ce sera en course."

Nibali a annoncé pour sa part ses intentions. Avec fierté: "Je courrai le contre-la-montre en leader. Je me dois d'honorer mon maillot, mon équipe, le Tour de France." De Maubourguet à Bergerac (208,5 km), vendredi, le champion d'Italie a joué la prudence. A cause des risques augmentés par les orages. Le Néerlandais Tom-Jelte Slagter, rescapé d'une longue échappée (menée avec Gautier, Gérard, Elmiger et Taaramae), a tenu jusqu'aux 13 derniers kilomètres, pour assurer un dernier relais à son coéquipier, Navardauskas, parti en contre-attaque. "J'ai fait un contre-la-montre jusqu'à l'arrivée. J'espérais seulement ne pas connaître ce qui est arrivé à Jack Bauer l'autre jour", a déclaré ensuite le champion de Lituanie du contre-la-montre.

Le rouleur de grand gabarit (1,90 m) a eu plus de réussite que son coéquipier néo-zélandais, repris dans les 50 derniers mètres dimanche dernier à Nîmes. Pour 7 secondes, le retard de l'avant-garde du peloton. A 26 ans, Navardauskas a étoffé un palmarès qui comptait surtout une étape du Giro (2013) et le maillot rose durant deux journées (2012). Lancé dans le grand bain du Tour dès sa première saison chez les professionnels en 2011, il s'est fendu à Bergerac, la cité de Cyrano, d'une inévitable tirade: "C'est un grand jour pour la Lituanie, pour moi et pour l'équipe".

[Avec AFP.]

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