Le syndicat des professionnels exige du Sénat qu’il ne publie
pas la liste nominative des dopés à l’EPO en 1998,
mercredi prochain. Pendant ce temps-là les affaires continuent. Damiano Cunego (présent sur le Tour) et 26 autres cyclistes vont être traduits par la justice italienne...
Depuis Annecy (Haute-Savoie).
On s’en souvient: la Commission d'enquête du Sénat sur
l'efficacité de la lutte contre le dopage avait décidé, contre toute attente,
d'ajourner la publication de son rapport, du 18 au 24 juillet. C'était l'une
des demandes des coureurs du peloton, via leur syndicat. Mais le geste des hôtes
du Palais du Luxembourg ne saurait suffire aux yeux des responsables du CPA (Cyclistes
professionnels associés). Le communiqué publié jeudi soir après l’arrivée du
Tour de France à l’Alpe d’Huez ne laisse aucune place au doute. Le CPA affirme
en effet son «opposition» à toute publication d'une liste de noms
de coureurs du Tour 1998, «prétendument contrôlés positifs à l'EPO», «en raison
de la grave violation des droits fondamentaux des coureurs qu'elle engendrait.»
Du coup, nous sommes en droit de
nous demander si Laurent Jalabert ne sera pas le seul à pâtir du rapport de la
Commission d'enquête du Sénat? Accusé de s'être dopé en 1998 après des fuites
émanant de la Commission d'enquête du sénat, l’ancien coureur avait préféré ne
pas suivre l’épreuve en tant que consultant pour France Télévision et RTL.
En vérité, le syndicat des coureurs aimerait que le nom de Jaja soit le seul et
le dernier à sortir de ce rapport. Dans un communiqué, le CPA indique avoir
écrit à la Commission, via ses avocats, «pour
faire part de ses très vives préoccupations car cette publication engendrerait
des conséquences graves et irrémédiables pour les coureurs dont le nom serait
cité, en violation de leurs droits fondamentaux.» Nous connaissons
les arguments, puisque ce sont toujours les mêmes: la liste ne serait pas «fiable»
car ces tests ont été «réalisés il y a de nombreuses années, à des fins
exclusivement scientifiques et non de contrôle anti-dopage».
Le syndicat fait néanmoins valoir un argument de poids, le
seul réellement valable: les tests de l'époque ne portant «que sur un faible
nombre de coureurs», la divulgation des noms pourrait «conduire à incriminer
certains» et, a contrario, «en blanchir d’autres qui pourraient s'être dopés». Le
CPA, présidé par l’ancien cycliste italien Gianni Bugno, explique enfin qu’une
telle publication «serait par elle-même une sanction sans aucun droit de
défense», ce qui aboutirait à «des répercussions indéniables et irrémédiables
sur la réputation des coureurs incriminés, voire sur leur activité
professionnelle actuelle et future».
Résumons: les coureurs refusent la transparence, mais il n'est
pas certain que la Commission accède à leur demande. Rendez-vous mercredi 24
juillet à 10h30. Franchement, si les sénateurs renonçaient à communiquer cette
liste, il est à craindre, hélas, que les conclusions du rapport sur la lutte antidopage
en France passent inaperçues.
Et pendant ce temps-là? Les affaires du passé ressurgissent toujours. Nous avons appris, ce vendredi 19 juillet, que vingt-huit personnes (athlètes, dirigeants sportifs et médecins), dont le cycliste Damiano Cunego, présent sur le Tour, viennent d'être renvoyées en justice dans le cadre de l'enquête pour dopage sur l'équipe cycliste italienne Lampre, selon le Parquet de Padoue. Outre Cunego, seront convoqués 26 autres cyclistes dont l'ex-champion Alessandro Ballan, et les responsables de l'équipe, comme Giuseppe Saronni, Guido Bontempi et Maurizio Piovani, ainsi que le pharmacien Vittorio Nigrelli, présenté comme "le cerveau" de l'opération de dopage. Heureusement que la justice est là, parfois...
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