Carlos Ghosn. |
Le cynisme des dirigeants de l’ex-Régie pourrait figurer au palmarès du genre. Les syndicalistes ont en effet appris cette terrible saignée en plein milieu de la sixième réunion de négociation sur la compétitivité. Ça ne vous dit rien? Quelques jours à peine après la signature entre le Medef et la CFDT qui entérine les «accords compétitivité» pour «éviter les licenciements», Carlos Ghosn applique à la lettre l’impitoyable logique du texte: un moyen de restructurer à bon compte. N’y voir aucune coïncidence. Pour tester la flexibilité, le constructeur, membre actif de l’UIMM, a joué les éclaireurs. Et pour le Medef, il a servi de cheval de Troie.
Dans la lignée de «l’accord de la peur» conclu avec les syndicats espagnols en novembre dernier, qui a tiré les salaires et les conditions de travail dans un moins-disant social historique, les syndicats français sont sommés d’accueillir sans moufter les conditions qui leur sont proposées. Autrement dit, d’accepter la mise en concurrence entre les sites du groupe, donc entre les peuples, en validant la coupe des effectifs. Faute de quoi, les dirigeants menacent de fermer un site en France, tout en continuant de verser des millions d’euros aux actionnaires… Un chantage inqualifiable!
Arnaud Montebourg roule en Zoé électrique. |
Alors que le marché de l’occasion explose, personne ne peut contester les difficultés d’un secteur automobile où les constructeurs français ne sont pas épargnés. Mais d’où viennent ces difficultés? Du sacro-saint «coût du travail» ou de la crise du pouvoir d’achat? En 2012, les immatriculations en Europe ont reculé de plus de 8%. Et quels sont les pays où le marché a le plus sombré? La Grèce et le Portugal (–40%), l’Italie (–20%), l’Espagne (–13%). Pas besoin de sortir de l’ENA ou d’HEC pour comprendre que là où l’austérité frappe le plus, les niveaux de vie s’effondrent…
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 17 janvier 2013.]
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