Rémy Di Grégorio. |
Le chronicœur avait les cheveux en bataille et les idées toutes chiffonnées. Triste routine. Pour une impression de déjà-vu. Hier matin, des policiers et des gendarmes de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement (Oclaesp) ont profité de la journée de repos pour débarquer sans prévenir à l’hôtel de l’équipe Cofidis, à Bourg-en-Bresse, à la demande du juge d’instruction du pôle santé de Marseille, Annaïck Le Goff. Dans leur filet, le coureur Français Rémy Di Grégorio, vingt-sept ans, interpellé et placé en garde à vue pour une «affaire présumée de dopage». Le dossier, ouvert l’an dernier, « connaît une actualité ces derniers jours », ce qui vaut à deux autres hommes d’avoir été, eux aussi, placés en garde à vue, à Marseille (1).
Et patatras! traînée de poudre sur le Tour. Pour quelques heures, les suiveurs ont oublié le questionnement sur la surpuissance de l’équipe Sky et de son leader, Bradley Wiggins. C’était l’heure revenue des petites affaires et des ambiances d’interrogatoires. Pour une fois, un Français en première ligne…
Rémy Di Grégorio ne le savait pas, il avait un fil à la patte: son téléphone. En effet, il aurait été trahi par un coup de fil passé depuis son portable à destination d’un potentiel trafiquant de produits interdits. Le grimpeur de poche, troisième du Tour des Asturies cette année, était sur écoute pour «une présomption de dopage» dans le cadre d’une enquête concernant Astana, l’équipe kazakhe au sein de laquelle il courait en 2011. Les deux hommes placés concomitamment en garde à vue, à Marseille, seraient des trafiquants présumés, «connus du milieu». Autant dire que cette enquête pourrait vite prendre de l’ampleur et atteindre de plein fouet l’équipe Astana, présente sur le Tour avec Vinokourov, Brajkovic, Fofonov, etc. Avouer notre étonnement serait mentir. Les mœurs de l’équipe kazakhe font régulièrement l’objet de commentaires sucrés-salés parmi les suiveurs. Astana, prochaine cible de la police?
Selon certaines sources, l’interpellation de Rémy Di Grégorio serait liée à l’utilisation de substances interdites, en particulier de stéroïdes. La commission rogatoire, ouverte en juin 2011, a d’ailleurs pour motif: «Trafic de produits dopants en bande organisée.» L’Oclaesp enquête donc depuis un an sur le coureur français, recrue hivernale de l’équipe Cofidis. Manquait un flagrant délit. Pour y parvenir, les gendarmes ont organisé l’opération d’hier matin, en présence d’un agent d’Interpol. Simple comme un coup de fil.
Le tout nouveau manager de la formation nordiste, Yvon Sanquer, a évidemment annoncé que le coureur était suspendu et qu’il serait licencié si les accusations se vérifiaient. Les autres coureurs de l’équipe prendront le départ, ce matin, pour que «ce cas isolé» ne pénalise pas «ceux qui n’ont rien à se reprocher». Pour Sanquer, qui a succédé à Éric Boyer, limogé avant le Tour, «cela ne remet pas en cause l’équipe et (nous) garderons la volonté éthique qui est la sienne». À suivre.
(1) Né dans la citée phocéenne, Di Grégorio a débuté sa carrière au Vélo Club La Pomme Marseille.
[ARTICLE publié dans l'Humanité du 11 juillet 2012.]
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