Toutes les personnes de conscience le savent désormais. Nicolas Sarkozy et ses affidés, qui contrôlent un appareil d’État clanique, ont enfoncé au pas de charge toutes les frontières de l’ensauvagement français contemporain, installant l’un des pires néoconservatismes de l’Occident, n’hésitant pas à puiser sa semence idéologique dans les pires caniveaux de la réaction, tout en voulant déchirer, cela va de soi, les dernières pages de notre pacte social républicain. Cible prioritaire : notre emblématique système des retraites. Jadis, il était l’un des piliers intergénérationnels de notre vivre-ensemble solidaire. Mais depuis peu, par la volonté de l’UMP et le diktat des marchés financiers, il ne serait devenu qu’un odieux bénéfice, une déchirure, une méfiance, bref l’objet de toutes nos peurs… La perversité du discours dominant a atteint un tel degré d’infamie que même l’espérance de vie, ce bien commun de l’humanité, a été présentée comme un handicap nécessitant d’abattre l’âge légal de nos retraites…
Faut-il pourtant rappeler que la contribution financière pour «sauver» notre système actuel représenterait au pire 3% des richesses des années futures ? Qui osera contester que cela se situe bien loin des dix points de richesse qui se sont déplacés des poches du travail vers celles du capital en un peu plus de vingt ans ? Au fond, quelle civilisation souhaitons-nous laisser en héritage à nos enfants ? Cette question devrait hanter chaque citoyen. Selon un sondage Ifop publié par Ouest-France, une large majorité des Français (70%) «approuve» la journée de mobilisation syndicale organisée ce mardi, cette approbation culminant même chez les 18-24 ans (87%). Cette étude d’opinion répond en partie à ladite question. Mais en partie seulement.
En choisissant l’inhumain et le populisme teinté de xénophobie, en rompant définitivement avec le mythe gaulliste d’un État au-dessus des intérêts particuliers, la droite dominante connaît une crise politique et morale sans précédent, comme en témoignent les rassemblements de ce samedi pour défendre une certaine idée de la République. Mais pour que cette crise se transforme en rapport de forces favorable aux oppositions politiques et sociales, un échelon dans la mobilisation doit être franchi. Alors que le projet de loi sera débattu au Parlement dès mardi en procédure d’urgence – un déni de démocratie –, tout indique que les manifestations dépasseront le cap symbolique du 24 juin dernier. Si tel est le cas, le prince-président ne pourra plus nier que le climat a changé et que les tentatives de manipulation de l’opinion n’auront pas suffi à faire triompher sa guerre sociale. Les jeux ne sont donc pas faits. L’Histoire l’exige : personne ne doit faire défaut.
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 6 septembre 2010.]
(A plus tard...)
Voilà quelque chose très bien écrit : la France des luttes est face à son destin. Rien à ajouter à ces mots !!!
RépondreSupprimerQue de monde, que de monde dans les manifs partout en France. Tant mieux, le peuple continue de prendre conscience. On l’a faite cette manif, on a été plus nombreux que la dernière fois! C’est bien! Mais après? Oui, et maintenant? On reprend nos occupations demain et le projet de loi suit son cours? Sarko annonce quelques modifications et certains se couchent?
RépondreSupprimerMichel M.