Je dois vous dire mon trouble, mon grand trouble, à la lecture de Libération, ce lundi d’après-Tour. Comme vous le savez, chers internautes, nous n’avons, à l’Humanité, aucune leçon de lutte contre le dopage à recevoir de qui que ce soit. Tout notre travail depuis bien avant « l’affaire Festina » (les archives en attestent) témoigne de notre fidélité à une certaine idée du sport. Mais ce matin, en lisant l’éditorial de Laurent Joffrin dans Libé, je n’ai pas pu m’empêcher de penser que la pire des solutions étaient bel et bien de répondre par le cynisme au cynisme de certains personnages du cyclisme (ils existent toujours en nombre). Or, je suis désolé d'avoir à l'écrire, mais j’ai eu ce sentiment ce matin.
Petits extraits de Joffrin : « A moins d’avoir créé un spécimen d’homme nouveau, le Superman à roulettes, le cyclisme ne peut expliquer ces performances surnaturelles que par l’usage d’adjuvants chimiques. » Avec Joffrin nous revoilà donc dix ans en arrière : tout le monde dans le même sac !!! La réalité, croyez-nous, est toute autre désormais. Il y a dix ans, en effet, nous pouvions dire que sur 180 coureurs du Tour il y avait environ 140 gros tricheurs. Aujourd’hui, sur 180 coureurs, nous pouvons sérieusement dénombrer entre 20 et 40 gros tricheurs, des bandits qu'il faudra éradiquer coûte que coûte. Cette statistique n’est pas scientifique : elle est juste le fruit de mon expérience personnelle et des différentes discussions que j’ai pu avoir au fil des jours, en coulisses, avec des observateurs privilégiés.
L’amalgame à la Joffrin - le "tous pourris - a donc un relent de populisme. J'ose donc le dire. Car Joffrin s'attaque aussi à la chair du Tour : « Le public répugne, au fond, à jeter un regard lucide sur ces géants de la route qui sont en fait des géants du shoot. Les compétitions de cyclisme sont d’abord des courses au cynisme. » Ne vous y trompez pas. Je suis l’inventeur d’une formule choc, qui, en son temps, avait pu surprendre : « les Néants de la Route ». Difficile d'être plus violent... Je persiste et je signe, dans la dénonciation des abus en tout genre. Mais pas au point de tout oublier, les efforts d’une grande majorité des coureurs d’un côté, le formidable témoignage d’amour du « peuple du Tour » d’un autre côté. La dialectique devrait nous inciter à un peu d’intelligence dans les commentaires. Même si le cyclisme a beaucoup déçu, l'exigence à son égard est parfois plus sévère - et plus sincère ? - venant de ceux qui veulent vraiment le sauver des pires mafieux.
Alors oui, mille fois oui, pour dénoncer les salauds du vélo (je ne les appelle pas autrement). Mais à une condition : qu'on accepte que certains le fassent également par amour du cyclisme, ce qui est mon cas. Jamais aveugle. Mais toujours passionné, impliqué, acteur aux côtés de ceux qui veulent que les choses changent...
Telle est ma différence.
Telle est notre différence.
Ce pourrait être le mot de la fin, non ?
A plus tard…
"Les compétitions de cyclisme sont d'abord des courses au cynisme.."
RépondreSupprimerVoilà bien du populisme de bazar, d'un gars qui n'a toujours pas compris que la lutte anti-dopage, en cyclisme, était trés nettement en avance par rapport à des sports comme l'athlétisme, la natation, le ski nordique, et j'en passe.
Comme vous le dites, les "gros tricheurs" sont redevenus minoritaires, contrairement aux années 94/99 ou l'EPO était généralisé.
On en revient au début des années 90, ou les bandits étaient tellement visibles ( les italiens, quelques hollandais, Indurain ), qu'ils en étaient ridicules !!!
Actuellement, on en est là. Ils sont peu nombreux, mais ils sont trés visibles. Ils appartiennent essentiellement à certaines grosses formations à la pointe du progrès ( Astana,CSC,Garmin,Columbia,Rabobank voire Liquigas), mais on trouve aussi les "grosses" individualités dans des équipes moins fortes ( Valverde, Boonen,Ballan, etc ).
Malheureusement, Bernard Kohl a confirmé que les coureurs les mieux "préparés" avaient toujours une molécule d'avance, et savaient se jouer facilement de ce fameux "passeport sanguin"..
Une autre belle bêtise de Joffrin, c'est lorsqu'il prétend que "le public répugne à jeter un regard lucide sur les coureurs.."
RépondreSupprimerFaux, archi-faux !!! Le public est de moins en moins dupe, les sondages le montrent. Il sait pertinement que les meilleurs ne marchent pas à l'eau minérale,il y a déjà quelques saisons qu'il a compris que les meilleurs performances étaient réalisées grace à du dopage sanguin.
Mais le public continue à voir le Tour, pour plusieurs raisons:
-c'est un spectacle populaire gratuit
-Il permet d'admirer la géographie française
-Et sur le plan sportif, les spectateurs persisent à penser, à tort ou à raison, que les "meilleurs" utilisent la même "potion magique". Donc, que le meilleur des "dopés" gagne..
Riis et Armstrong ont peut-être été des exceptions trop flagrantes. L'un était surnommé Monsieur 64°/° et a profité d'une adversité moindre ( Indurain diminué,Pantani absent, Ullrich équipier ) pou réaliser son hold-up.
L'autre est revenu métamorphosé de sa maladie, et sans doute trés avantagé par la médecine qui s'en est suivi ( liste de médicaments autorisés à l'américain, interdits aux autres ). C'est en tout cas ce que laissait sous-entendre un médecin de l'UCI, lors du Tour 2002, dans un reportage de "l'Equipe TV"..
Merci pour ces commentaires. Je n'ai rien à ajouter, même concernant Armstrong. Une grande partie de mon livre aborde précisément cette question de son retour après la maladie, et, en effet, de sa "métamorphose" due à la sur-médication.
RépondreSupprimerJED
Jed un salut de Guyaquil, je me suis regale avec ton blog, bises et a bientot a Saint Denis, serge:
RépondreSupprimerSi pour Joffrin tout le monde est à mettre dans le même panier,qu'il mexplique pourquoi on trouve Yauheni HUTAROVICH à 4h16'27 de CONTADOR,Samuel DUMOULIN à 3h30'23,ou même Thierry HUPOND à 2h22'58.J'en conclue que Joffrin a la même logique que son journal,c'est à dire incompréhensible.Mais tant que l'UCI règnera sur le cyclisme,des équipes comme Astana,Saxo Bank,Garmin,Columbia,etc...auront encore de beaux jours deavant elles au niveau de la triche. Jean-Emmanuel,merci et continue,on est derrière toi,et longue vie à l'Huma,et rendez-vous à la fête les 11,12,13 septembre.
RépondreSupprimerCet article est hors sujet !
RépondreSupprimerlaurent joffrin , candidat à l'ouverture sarkozienne , aurait sûrement du ne pas parler de cyclisme ! mais ca ne justifie en rien cet article ! autrement dit ! que ce soit pour joffrin ou vous ! le cyclisme a deja ses maux ! n'en lui rajouter pas svp ! et surtout pas de politique !
Il y a une autre chose qu'il ne faut pas oublier, et là je parle plutôt d'Antoine Vayer.
RépondreSupprimerVayer s'appuie sur la montée de Verbier pour "pourrir" Contador et ses suivants , mais cette étape, n'était qu'une simple course de côte...On sait trés bien que c'est lors de ces courses de côte que les performances les plus étonnantes sont réalisées.
Antoine Vayer sait-il que Federico Bahamontès a escaladé les 12,5 km du Puy de Dôme, en 1959, en 36'15", à la vitesse moyenne de presque 21 km/ h ???
Oui, le Puy-de-Dôme, depuis Royat, avec sa pente moyenne de 8,2 °/°, et ses 4 derniers km à...13 °/° !!!
Pour le manichéen Vayer, le coureur qui monte le plus vite est forcément le plus dopé, ce qui est d'une bêtise affligeante.
Il n'a toujours pas compris, ou ne veut pas comprendre, qu'un coureur de 55kg qui monte un col de 10km à 8°/° en 28' est sans doute moins dopé qu'un coureur de 80kg qui escalade ce même col en 29'..
Vayer n'a qu'à aller faire un tour dans les petits clubs de cyclisme, même cyclotouristes.
Il se rendra mieux compte de l'influence du poids dans les performances et les qualités de chaque individu.
Ou alors, qu'il s'intéresse un peu plus à l'histoire du Tour, d'avant amphétamines.
Il constatera que les coureurs qui montaient le plus vite s'appelaient Trueba, Vietto,Ezquerra,Verwaecke,Gianello,Goasmat, Berrendero, Barral, Maes, Faure, Bartali, Camusso.Presque tous des poids légers, voire ultra-légers.
C'était avant le début des amphétamines.
l y aurait eu l'avant et l'après 91... Le dopage à l'ancienne et l'affreuse chimie sanguine... Tonton, Tintin, et l'EPO homrones de croissance... Fignon Lemond, et Indurain Armstrong... Le dopage des gentils et le dopage des mêchants... Le dopage qui fait gagner les bons et le dopage qui fait gagner les mauvais...
RépondreSupprimerMes amis Pensec, Mottet, et Boyer sont passés pro dans les années 80. Ils ont fait le mêtier... S'ils étaient passés pro en 95, auraient ils renoncés à leur rêves???
Les méchants ne sont pas Indurain, Riis , Armstrong : ce sont les Dottore Conconi, Ferrari, Padilla, Fuentes, etc.
RépondreSupprimerCe ne sont pas les sportifs qui ont lancé l'EPO dans les sports d'endurance, ce sont des médecins sans scrupules !!
Et c'est vrai que cette molécule appelée EPO a complètement bouleversé le sport de haut-niveau. Les anciens repères ont explosé..