Bonjour à tous !
L’Huma est sur le terrain… Parvenus sans dommage depuis ce matin sur les routes du Tour de France 2009 avec mon collègue et ami Eric Serres, avec qui je partage l’aventure de la Grande Boucle pour la troisième année de rang (j’ai déjà épuisé cinq partenaires depuis 1989 !), je vais donc tâcher chaque jour de vous informer des quelques choses vues et entendues, qui, je l’espère, vous intéresseront. Plutôt côté coulisses d’ailleurs.
Monaco accueille le Grand Départ et l’incroyable barnum du Tour a envahi peu à peu les rues de la principauté. Choc des cultures. Choc social aussi. L’étalage du fric, ici, à chaque coin de rue, est ressenti par beaucoup, dans la caravane, comme un anachronisme avec « l’esprit du vélo », sport populaire s’il en est. Fallait-il donc céder à l’envie du « prestige » monégasque (de quel prestige parlent-ils, d’ailleurs, sinon celui de son grand-prix de Formule 1 ?) au point d’oublier un peu que la famille du vélo avait probablement d’autres valeurs à mettre en avant, et avec d’autres personnes ? Le prince Albert triomphe : étrange impression, quand même, pour un suiveur affichant ses vingt Tours au compteur… déjà.
Sinon, comme prévu, Armstrong est bien là et sera au départ du long prologue, 15,5 km. Mais il n’a pas fait d’apparition en salle de presse ! Il y a quelques minutes, le directeur sportif d’Astana, Johan Bruyneel, donnait une conférence de presse, avec seulement à ses côtés Alberto Contador. Un tête-à-tête curieux. L’Américain, qui n’arrête pas de dire qu’il a « changé », se montre peu pour l’instant. Attendons de le voir sur le vélo…
Pour comprendre d’où je vous écris, sachez, chers internautes, que la salle de presse se situe dans le « Grimaldi Forum », une espèce de centre des congrès climatisé dépourvu de créativité artistique, mais oh combien spacieux pour tous les hommes d’affaires en transit… Pas un repas à moins de 25 euros, de la moquette et du marbre ! Ce matin, un confrère nous racontait qu’il voulait s’acheter une ceinture dans les rues de Monaco, ayant oublié la sienne avant son départ. « Je n’ai même pas pu, trop cher !, pestait-il. Il a fallu que j’aille à Nice… »
Moi, je préfère de loin les ambiances champêtres de nos campagnes, voire les gymnases surchauffés de nos villes de province qui sentent les sports co et la ferveur populaire… mais bon. Les temps changent, paraît-il…
A mes côtés, mon collègue Eric Serres finit à l’instant de retranscrire une interview avec Pierre Bordry, le patron de l’Agence française de lutte contre le dopage. Vous l’avez deviné. Le dopage : nous allons sûrement en reparler beaucoup d’ici les Champs-Elysées…
Quelques mots un peu plus « sportifs » pour terminer cette première intervention. L’équipe Astana de Lance Armstrong et d’Alberto Contador peut-elle tout rafler ? Autour de moi, beaucoup me posent la question. En effet, de cette cohabitation entre les deux hommes dépend une grande partie du suspense sportif de l’épreuve. Entre le septuple vainqueur du Tour, douzième du dernier Giro (où il souffrit beaucoup), et le seul coureur en activité à avoir remporté les trois grands Tours, les liens paraissent distants sinon inamicaux. « Nos relations ? Nous n’en avons aucune », expliquait l’Espagnol il y a un mois. Quant à l’Américain, il ne cachait pas son scepticisme après le Paris-Nice perdu par son jeune successeur : « Alberto a un talent incroyable mais il a encore beaucoup à apprendre. » Avec comme équipier de luxe l’Américain Levi Leipheimer, le leadership entre les deux pourrait bien se régler dès ce samedi au terme des 15,5 km… Contador a de loin la faveur des pronostics.
Pour disputer la victoire finale à Contador et Armstrong (tout pourrait basculer la veille de l’arrivée à Paris lors de la montée vers le Ventoux), plusieurs noms s’imposent. Carlos Sastre (Cervelo), tenant du titre, et Cadel Evans (Silence), régulier dans le Tour mais jamais vainqueur. Ajoutons Denis Menchov (Rabobank), récent vainqueur du Giro, qui peut faire valoir son expérience et une préparation sûrement adéquate. Parmi les surprises possibles, citons le jeune luxembourgeois Andy Schleck (Saxo Bank), capable, par sa fougue et son audace, de profiter d’un parcours atypique durant trois semaines. Les Français, eux, ne viseront que des victoires d’étapes. Moncoutié et Moinard (Cofidis), Fedrigo (Bbox) ou Chavanel (Quick Step) tenteront quelque chose. Le grand espoir tricolore Pierre Rolland (Bbox), 22 ans, découvrira les duretés du Tour. Et plus si affinités…
Ce soir, nous allons rencontrer notre chroniqueur, Jean-René Bernaudeau, à l’hôtel de Bouygues-Telecom. On va refaire le monde, mais surtout parler de l’état du cyclisme en ce moment. On n'a pas fini...
A plus tard.
Bonjour,
RépondreSupprimerJolie arrivée, en effet. Il est juste regrettable qu'aucune référence ne soit faite au sujet du statut de la principauté de Monaco. C'est un paradis fiscal, tout comme Andorre et la Suisse autres étapes de ce tour 2009. Plutôt cocasse, non ?
Une action a d'ailleurs eu lieu ce vendredi au Cap d'Ail et d'autres sont prévues, notamment par Attac. Il serait bienvenu d'en faire écho.
@+
Wilfried