Pour la bonne bouche, presque comme une parabole de fin, il fallait lire, dans le Journal du Dimanche, le point de vue de Daniel Cohn Bendit sur Lance Armstrong. Nous savions que l’homme politique, depuis ses renoncements successifs aux fondamentaux de Mai-68, possédait un don peu commun pour se fondre dans le moule libéral actuel, mais pas au point de perdre tout sens critique. Vous en doutez ? Voici quelques extraits, digne des pires cafés du commerce qu’ils vous arrivent probablement de fréquenter de temps à autre…
« Voir Lance Armstrong et ses 37 ans revenir comme un minot sur les premiers dans le col du Petit-Saint-Bernard, j'ai trouvé ça marrant, déclare l’ex-idole des jeunes. Je n'y crois pas mais ça me fait bien sourire. Le problème du sport, c'est qu'on ne peut plus jouir d'un exploit sans suspecter immédiatement son auteur. »
Et Cohn Bendit poursuit : « Alors voici ma position : chapeau Armstrong et arrêtons de pleurnicher ! Moi je m'en fous qu'un vieux croulant comme lui soit dopé et même un plus jeune coureur comme Contador. Parce qu'on s'extasie sur le retour d'Armstrong, mais l'Espagnol a largué tout le monde sur un kilomètre en grimpant vers Arcalis... Ce jour-là quel exemple a-t-il donné ? »
Besoin d’une respiration avant de lire la suite. Car Cohn Bendit propose ni plus ni moins une perspective quasi « philosophique » au problème du dopage. Jugez par vous-mêmes : « La société qui développe une idéologie de la compétition est complètement hypocrite par rapport au dopage, dit-il. Regardez Laurent Fignon : son livre fascine tout le monde - avec raison - mais lui aussi était dopé. Du coup, je ne trouve la présence d'Armstrong ni positive ni négative. Etait-il drogué à son apogée ? Oui, mais les autres aussi. Donc le plus fort, c'était lui. Après, tracer un Tour comme celui-ci, où on enchaîne les Alpes et un contre-la-montre en trois jours, c'est aussi pousser les gars à se doper. Mais pourquoi ne dénoncer que les cyclistes ? Et les combinaisons des nageurs, alors ? »
Outre que je suis bien placé pour savoir que le dopage de Laurent Fignon (un peu de cortisone dans les grandes compétitions et des amphétamines sur certaines épreuves) a peu à voir avec celui des cyclistes depuis quinze ans, le profil d'un Tour, comme sa longueur finale, n'ont jamais incité au dopage, ni le contraire...
Quant à la référence aux combinaisons des nageurs, franchement, elle se passe de commentaire...
Mais bon. Cohn Bendit a parlé. Place au grand penseur qui sait tout sur tout. Après, à chacun de faire son tri dans ce galimatias idéologique où tout se vaut, même les évidences qui ne conduisent à rien...
Cela étant, ces mots de Cohn Bendit nous incitent à poser une question sérieuse : après avoir renoncé à changer le monde, l’homme a-t-il également renoncé à s’attaquer aux puissants du monde capitaliste actuel, dont Lance Armstrong est l'une des pièces avancées ?
A plus tard…
Au début,on disait Dany le Rouge(l'a-t-il été une fois dans sa vie?),après,c'était Dany le vert. Moi je l'appelle plutôt Dany le vert de gris,ce qui me semble plus proche de la réalité.Quand au Tour,lui il ne le voit que par les espèces sonnantes et trébuchantes qui tombent dans l'escarcelle des vampires de la finance,en bon libéral qu'il est.Pour lui,gagner sans tricher,ça ne peut et ne doit pas exister.
RépondreSupprimer