mardi 11 janvier 2022

Surenchère

Macron vante son «bilan» en matière de sécurité dans la bonne ville de Nice. Le mano a mano avec la droite et son extrême se poursuit, s’intensifie.

Ainsi donc, le prince-président-candidat entre en campagne exactement là où nous l’avions laissé la semaine dernière : par la surenchère. Après avoir lancé une pathétique joute contre certains citoyens catégorisés, sinon exclus de l’idée que nous nous faisons de la République, Emmanuel Macron est allé vanter son «bilan» en matière de sécurité dans la bonne ville de Nice, experte hors normes dans l’application de mesures liberticides. Pas de hasard. Le mano a mano avec la droite et son extrême se poursuit, s’intensifie. D’un côté, certains citoyens n’en seraient plus vraiment ; de l’autre, on ressort le Kärcher ; tandis que les néofascisants jubilent dans l’antihumanisme…

Ce déplacement du chef de l’État s’inscrit dans la suite logique de cette infâme course à l’échalote ultrasécuritaire dont Macron, depuis cinq ans, est devenu l’un des thuriféraires exemplaires et actifs. Autant de soudures sur l’arc du temps, entre le discours sur le «séparatisme» ou le «Beauvau de la sécurité», qui témoignent de l’ordolibéralisme assumé de l’hôte de l’Élysée. Et que nous promet-il cette fois? La même chose à l’horizon 2030, en pire.

Cette dérive politico-idéologique puise ses racines loin en arrière, une trentaine d’années d’un processus de droitisation et de libéralisme infernal, plus ou moins lent d’abord, puis vécu en accéléré en raison des crises sociales, du terrorisme, du Covid et de tant d’autres facteurs provoqués par toutes les propagandes démagogiques, loin, très loin des vraies préoccupations, des souffrances populaires, de la situation effarante des services publics. Le but? Étouffer les forces de gauche et progressistes, les organisations syndicales, tous ceux qui savent que «la France qui vient» ne sera pas celle qu’on nous promet.

À trois mois de la présidentielle, la réponse ne viendra que d’en bas, depuis les tréfonds de ces colères dues aux crises successives qui s’accumulent. Si les peurs nourrissent le pire, les luttes, elles, rassurent et rassemblent. «J’ignore où se livrera le combat entre le vieux monde et le nouveau, mais peu importe: j’y serai», disait Louise Michel. Et elle ajoutait: «Et quelque part que ce soit, l’étincelle gagnera le monde ; les foules seront debout, prêtes à secouer les vermines de leurs crinières de lions.» L’espoir ne nous abuse jamais!

[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 11 janvier 2022.]

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