Alors que la quatrième vague laisse planer le doute, l’ampleur des inégalités vaccinales est éloquente. Le gouffre se creuse entre les quartiers populaires et les communes riches de nos métropoles.
Nous voilà donc au cœur d’un été chamboulé par ce que les autorités scientifiques nomment «la quatrième vague». Loin des théâtres sportifs, une tout autre course contre la montre s’engage sans que nous ne sachions, à l’étape actuelle, quelles seront les conséquences du variant Delta sur la crise sanitaire et l’ampleur des répercussions sur nos hôpitaux, déjà exsangues. Une constatation s’impose: la relance de la pandémie, dans ses ressorts les plus brutaux, est évidemment le résultat de l’imprévoyance au plus haut sommet de l’État, tandis qu’un homme concentre tous les pouvoirs, toutes les décisions, quitte à multiplier les choix contradictoires jusqu’à s’opposer aux recommandations du conseil scientifique. À grand renfort de communication, l’exécutif nous avait annoncé «la liberté retrouvée». Résultat, le Parlement se voit contraint – une fois encore – de voter des textes en urgence, au mépris de la représentation nationale. Et au détour d’une loi sur le passe sanitaire, de nouvelles libertés se trouvent malmenées, et le Code du travail modifié au détriment des salariés…
Parlons-en, de cette course contre la montre entre cette «quatrième vague», d’un côté, et la vaccination, de l’autre – seule susceptible de créer les conditions d’une immunité collective dont la France a urgemment besoin. Nous le savons, l’accélération de la vaccination accessible à tous ne dépend pas que de la bonne volonté des citoyens. Une passionnante étude du géographe Emmanuel Vigneron, publiée par Le Monde, révèle sans surprise l’ampleur des inégalités vaccinales. Les données sont éloquentes. Le territoire national est ainsi «morcelé» entre les centres urbains, au-dessus de la moyenne, et les périphéries. Sans parler, bien évidemment, du gouffre qui sépare les quartiers populaires et les communes riches de nos métropoles. Les plus vaccinés? L’Ouest parisien et francilien, par exemple, ou les cinquième et septième arrondissements marseillais, et les beaux quartiers lyonnais. Les moins vaccinés? La Seine-Saint-Denis, les arrondissements populaires du nord-est de Paris, les quartiers Nord de Marseille, les villes périphériques de la région lyonnaise, Vénissieux, Vaux-en-Velin, Givors, etc. L’impitoyable constat d’une France malade de ses fractures sociales.
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 26 juillet 2021.]
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