Ceux qui pensent au bien commun... et les hideux qui veulent faire taire la CGT.
La France vibre de colères si puissantes, si annonciatrices d’une crise sociale majeure, que l’avenir en pointillé se dessine entre espoirs et craintes. Ce que certains appellent «le retour du social dans la rue» a pu en surprendre plus d’un. En pleine pandémie, environ 150.000 personnes ont donc manifesté dans le pays à l’occasion de la Fête des travailleurs. Autant dire un énorme écho qui remonte des tréfonds de la vraie vie, témoignant avec éclat de la vitalité des mobilisations visibles… et souvent invisibilisées. Les cortèges de ce samedi ont produit une sorte d’électrochoc dans toutes les consciences solidaires capables d’imaginer l’ardeur des luttes en cours : emplois, salaires, services publics, appauvrissement global de la société, etc. Les raisons de mécontentement ne manquent pas. D’autant que le temps de l’action est là, encore devant nous, pour que le «quoi qu’il en coûte» du président ne se transforme pas en coup de massue sur les plus faibles, les chômeurs, les retraités, tous ceux des «première» et «seconde lignes» qui attendent toujours la promesse des Jours heureux…
Évidemment, ce 1er Mai fut aussi très politique. Comment pouvait-il en être autrement, à quelques semaines des élections régionales et départementales, et à un an tout juste de la présidentielle ? Tout est à rebâtir, alors que l’exécutif ne nous annonce que des «réformes structurelles» et une nouvelle cure d’austérité comme corollaire à son plan de relance. Ainsi, prolonger cette démonstration de force syndicale, en tant qu’étape exemplaire, s’avère indispensable pour bousculer l’ordre établi. Aucun scénario n’est écrit à l’avance, même si le climat médiatico-politique a de quoi nous inquiéter.
Comme nous inquiètent grandement les exactions à l’égard de la CGT. Comment qualifier l’attitude de cette «horde» d’individus, à la fin du défilé parisien, venue s’attaquer violemment à des militants cégétistes ? La confédération déplore 21 blessés, dont 4 graves. Images effarantes de ce groupuscule façon milice, prêt à tout pour faire taire un syndicat – pas n’importe lequel –, cognant aveuglément et proférant la pire des insultes pour l’un des hauts représentants historiques du Conseil national de la Résistance : «CGT collabo.» Ces hideux ne sont pas la France. Cette France qui lutte pour le bien commun.
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 3 mai 2021.]
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