mardi 1 décembre 2020

Notre indépendance

Attention, le fleuron EDF est menacé de démantèlement...

Et pendant ce temps-là, à bas bruit, l’indépendance énergétique «à la française» est gravement menacée. À tel point que, dans une lettre ouverte que nous publions en exclusivité dans les colonnes de l'Humanité, les quatre principales fédérations syndicales représentatives du secteur (CGT, CFE-CGC, CFDT et FO) lancent un cri d’«alerte» et s’adressent en ces termes aux élus de la République: «Les projets de désorganisation et de démantèlement des deux énergéticiens français EDF et Engie s’accélèrent bien qu’ils ne reposent sur aucun fondement politique sensé. (…). C’est tout le service public de l’énergie qui est aujourd’hui en danger, subissant les conséquences de ces Meccano strictement capitalistiques.» On ne saurait mieux le dire…

Comme souvent dans ces cas-là, l’attaque vient de l’intérieur, et les menaces directement de Bruxelles. Comme si une coalition s’organisait dans le dos des Français, semblable à celle qui commença à dépecer la SNCF et les transports publics en son temps. Comprenons bien l’enjeu: la «réorganisation» d’EDF serait en effet sur le point d’aboutir et risque de désintégrer par bouts ce qui fut jadis un fleuron national.


Lancée quasiment depuis l’entrée en fonction d’Emmanuel Macron à l’Élysée, la finalisation du terrifiant projet baptisé «Hercule» est imminente. Mais l’accélération du calendrier n’est pas tout. La Commission européenne – un document en atteste – entend également imposer à l’État français une sorte de destruction encore plus massive du groupe EDF, au nom, bien sûr, du sacro-saint «respect des règles de la concurrence». Le projet Hercule allait déjà loin dans la dispersion de notre service public de l’énergie ; la «réforme» de Bruxelles, considérée par EDF comme un préalable à sa «réorganisation», risquerait de laisser le secteur le plus déficitaire – le nucléaire – à l’État, donc au contribuable, tandis que les activités les plus rentables – renouvelables et distribution – seraient privatisées…


Cette scission du groupe en plusieurs parties signifierait la fin de l’entreprise EDF d’origine et l’anéantissement de notre industrie électrique et gazière d’intérêt général, quand bien même ses salariés démontrent chaque jour leur rôle central. Tout doit être mis en œuvre pour empêcher cette catastrophe. L’avenir de la nation en dépend. 


[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 2 décembre 2020.]

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