mercredi 2 janvier 2019

La chasse

Un petit décret, paru in extremis, dimanche 30 décembre, juste avant le passage à l’an 2019, lance une nouvelle chasse aux chômeurs...

Chassez le naturel, il revient toujours en marche! L’exécutif n’a donc pas pu s’en empêcher, comme si la méthode, par son caractère inné, en disait tout autant que le fond de la question elle-même. Cette fois, ce sont les chômeurs qui vont trinquer… mais pas au champagne, eux! Alors que patronat et syndicats négocient actuellement une nouvelle «refonte» du régime d’assurance-chômage, le gouvernement vient de concocter une surprise qui n’a rien d’un cadeau de fin d’année pour les plus démunis. Il s’agit d’un petit décret de derrière les fagots, paru in extremis, dimanche 30 décembre, juste avant le passage à l’an 2019. Pour justifier cette méthode une nouvelle fois autoritaire, le but était tout trouvé: renforcer les sanctions encourues par les chômeurs qui ne «recherchent pas suffisamment un emploi». Encore et toujours la stigmatisation des sans-emploi, accusés d’être des fraudeurs. Mais sachez-le, ce serait une cause de salubrité publique à en croire la porte-parole des députés LREM, Aurore Bergé, qui n’hésite pas à évoquer une «logique de justice» pour justifier ce coup de bâton. Lors de ses vœux, Macron avait prévenu: «Le gouvernement dans les prochains mois devra poursuivre ce travail pour changer en profondeur les règles de l’indemnisation du chômage afin d’inciter davantage à reprendre le travail.»

Nous y voilà déjà. En plus des critères de géographie ou de qualification, qui ne comptent plus dans les décisions de Pôle-Emploi, le décret restreint désormais les possibilités de refuser une proposition parce qu’elle est mal rémunérée. Le diable se niche dans les détails, puisque le texte abroge en effet la définition du «salaire antérieurement perçu», qui jusque-là était pris en compte pour déterminer le caractère «raisonnable» de l’offre. Bref, ce sera la prime aux emplois dégradés, ou rien!

Résultat? La chasse est ouverte et les radiations vont s’enchaîner, aggravant la précarisation des chômeurs. Petit rappel: la fraude patronale représente 20 à 25 milliards d’euros par an…

[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 3 janvier 2018.]

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire