dimanche 24 septembre 2017

Le problème Macron

Ce qui se passe dans le pays témoigne des ravages d’une détresse collective qui menace de s’amplifier. La casse du Code du travail a servi de détonateur. Un détonateur à plusieurs coups.

Emmanuel Macron peut bien parader et singer absurdement les présidents américains en mettant en scène, face caméra, la signature de ses ordonnances, il a désormais un problème de taille. Les coups de talon autoritaires et les traits de stylo grandiloquents n’y changeront rien. Ce qui se passe dans le pays témoigne des ravages d’une détresse collective qui menace de s’amplifier. La casse du Code du travail a servi de détonateur. Un détonateur à plusieurs coups, car il a fallu du temps pour que chacun s’empare des textes de la loi travail XXL, les décrypte, les comprenne jusque dans le détail afin de percevoir l’étendue des dégâts. Trois grandes mobilisations se sont déjà déroulées, les 12, 21 et 23 septembre, avec des modes d’action démultipliés, qui, tous, débouchent sur une conviction : la bataille commence à peine. Et le chef de l’État le sait. Il veut aller d’autant plus vite qu’il a peur de la traînée de poudre. Combien de citoyens, samedi encore lors du rassemblement initié par Jean-Luc Mélenchon, ont-ils d’ailleurs signifié l’essentiel? À savoir, comme le disait l’un des manifestants: «Il est grand temps qu’on s’unisse tous. Si on laisse passer ça, après, tout le reste passera, la Sécurité sociale, les retraites, etc.»

Certains s’en étonneront, mais une bonne nouvelle est venue s’additionner, hier, à ce paysage anti-Macron en cours de structuration globale. Les «grands électeurs» votaient pour renouveler la moitié des sièges au Sénat: non seulement les macronistes n’ont pas brillé, au point que nous devons parler d’une défaite électorale pour les candidats LREM, mais, surtout, les communistes ont préservé l’existence d’un groupe. Cette réelle victoire, que les commentateurs ne manqueront pas de qualifier de «petite», signifie bien des choses. Le groupe communiste fut jusqu’alors le seul à s’opposer à Macron au sein de la Haute Assemblée et à défendre les collectivités locales face au dépérissement généralisé. Quoi qu’il arrive, ce sera un levier politique supplémentaire pour les semaines décisives qui s’annoncent. Un levier parmi d’autres, certes. Mais celui-là comptera beaucoup dans la construction d’un nouveau rapport de forces.
 
[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 25 septembre 2017.]

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