lundi 4 septembre 2017

Code du Travail: prenons date !

Dans quelques jours, quelques semaines, avant et après la Fête de l’Humanité, quand les vrais textes des ordonnances sur le Code du Travail auront circulé de main en main et que les salariés prendront conscience de l’ampleur de la démolition en cours et des conséquences sur leurs vies, le front anti-Macron essaimera dans toute la société.

Ainsi donc, les feux de la rentrée politique et sociale brûlent bien des cerveaux. Tandis que les cotes de popularité d’Emmanuel Macron et d’Édouard Philippe n’en finissent plus d’éventrer de nouveaux planchers, peu de commentateurs, pour ne pas dire quasiment aucun, évoquent la casse du Code du travail pour expliquer la vertigineuse chute de confiance de l’exécutif, comme si les «faiseurs d’opinion» feignaient d’ignorer la portée historique de cette contre-réforme et l’inquiétude grandissante qu’elle occasionne jusque dans les endroits les plus isolés du monde du travail. Voilà un grand péché d’orgueil, celui de méconnaître par omission l’attachement des citoyens à leurs droits conquis. Depuis des semaines et des mois, afin de préparer les esprits à la loi travail XXL concoctée par le chef de l’État, le fameux «modèle social français», du moins ce qu’il en reste, a été accusé de tous les maux, singulièrement d’obsolescence. Depuis le 31 août, l’annonce des ordonnances a comme scellé l’ambition libérale extrême. Au prix de sacrifices pourtant inopérants, puisque de nombreux chefs d’entreprise affirment que cette «réforme» n’aura «aucun effet sur le chômage»… De légitime, la peur est devenue simple réalité: se dessine un Code du travail transformé en passoire, protégeant davantage les employeurs que les salariés. Bref, une régression sans précédent au bénéfice du seul patronat. Le Medef en rêvait, Macron l’a réalisé.

Chez tout ultralibéral assumé sommeille un apprenti sorcier. De la pire des manières, le gouvernement a ouvert les hostilités qui occuperont l’automne. Sachant que la bataille syndicale, politique et citoyenne commence à prendre forme, mais débute à peine, osons prendre date. Dans quelques jours, quelques semaines, avant et après la Fête de l’Humanité, quand les vrais textes des ordonnances auront circulé de main en main et que les salariés prendront conscience de l’ampleur de la démolition en cours et des conséquences sur leurs vies, le front anti-Macron essaimera dans toute la société. On ne joue pas impunément avec plus d’un siècle d’histoire sociale. N’est-ce pas?

[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 5 septembre 2017.]

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