lundi 8 mai 2017

Combattre

Avec Macron, les rendez-vous cruciaux pour le monde du travail vont s’accumuler à la vitesse grand V. À commencer par le plus emblématique de tous, annoncé comme la promesse de sang et de larmes: une sorte de loi travail XXL, taillée sur mesure pour le Medef… 
 
Alors que se profile l’élection la plus importante qui installera au Parlement celles et ceux qui voteront les lois de la République, difficile de croire que tout soit déjà joué, plié comme du papier mâché. Le nouveau chef de l’État peut parader autant qu’il veut dans les pas de son mentor François Hollande, la lisibilité de ce qui se passera dans six semaines est à peu près aussi limpide qu’un marc de café aux petits matins brumeux. Au moins, une chose s’affirme très clairement après cette séquence politique digne d’un tremblement de terre: les rendez-vous cruciaux pour le monde du travail vont s’accumuler à la vitesse grand V. À commencer par le plus emblématique de tous, annoncé comme la promesse de sang et de larmes: une sorte de loi travail XXL, taillée sur mesure pour le Medef… Vous avez détesté le dispositif El Khomri? Vous allez honnir ce que prépare l’élu de la finance. Et c’est peu dire: inversion généralisée de la hiérarchie des normes, priorité absolue laissée à la négociation par entreprise, référendum à l’initiative des employeurs, refonte de l’assurance-chômage, plafonnement des indemnités prud’homales, etc. Le futur hôte de l’Élysée entend aller beaucoup plus loin dans la casse de ce qu’il reste du Code du travail. Et très vite, puisqu’il compte user d’ordonnances dès cet été. Nous rêvons légitimement d’une VIe République ; nous revoilà dans le plein exercice de la monarchie de la Ve. Peut-être en pire…
 
Mais, attention! Le Code du travail, voilà bien un sujet qui a l’art de déclencher les passions. Macron s’engage sur un terrain dangereux, le même qui aggrava la fracture idéologique au sein du PS. D’autant que le monarque de 39 ans, élu par défaut et à peine soutenu, sur le plan programmatique, par 20% de son électorat, est bien plus faible qu’il n’y paraît. D’où sa volonté de mener une guerre éclair. C’est la raison pour laquelle les législatives vont se transformer en mère de toutes les batailles politiques. Alors, autant le dire: l’espérance d’une nouvelle gauche née le 23 avril ne saurait être dévorée par des contingences d’appareils ou des divisions inconséquentes. L’élan doit se poursuivre, s’amplifier, dans le rassemblement, pour que nous élisions un maximum de député(e)s de résistance. Qui pourrait, sinon, combattre vraiment la régression sociale?  
[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 9 mai 2017.]

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