L’immense succès de la Fête de l’Humanité – n’en déplaisent aux médias dominants – a permis de cristalliser l’ampleur des débats en cours et, sait-on jamais, d’accélérer la conscience d’un tournant politique.
Singulier «après-Fête». Mélange de rêveries concrètes et de profondes envies d’en découdre avec la matière politique dans ce qu’elle a de plus noble, comme si nous étions tous, déjà, les dépositaires d’une gigantesque chaîne d’union de centaines de milliers de mains, gonflés par un souffle porteur, poussés dans le dos, en quelque sorte… Ce ne sont pas que des mots. Dans un contexte de désarroi dramatique du peuple de gauche, sidéré et exaspéré par la politique de Hollande-Valls, l’immense succès de la Fête de l’Humanité – n’en déplaisent aux médias dominants – a permis de cristalliser l’ampleur des débats en cours et, sait-on jamais, d’accélérer la conscience d’un tournant politique. Face au chantier d’une refondation de la «gauche alternative» et de la gauche tout court, le temps passe et presse. Des forces immenses dans le pays «cherchent la nouvelle voie», comme le soulignait Pierre Laurent lors de son discours. Ouvrir cette nouvelle voie est désormais une urgence absolue.
Pas de hasard, c’est précisément au lendemain de la Fête que Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du Parti socialiste, a décidé d’adresser une «lettre ouverte» dans laquelle il réclame une alliance pour une «nouvelle gauche politique et citoyenne». Rassembler la gauche: une tâche historique qui nous a toujours importé, n’est-ce pas? Mais au service de quelle politique? Pour M. Cambadélis, la seule menace, certes réelle, d’assister au triomphe d’un «bloc identitaire» de droite et d’extrême droite suffirait à transformer le libéral François Hollande en candidat naturel de toute la gauche pour 2017. Fumisterie tacticienne! Prenant appui sur quelques sondages, le patron du PS déclare: «Comme on dit en cyclisme: le trou est fait.» Que M. Cambadélis se méfie des métaphores cyclistes. Faute de quoi il apprendra à ses dépens que son cher président a tellement sucé la roue du libéralisme qu’il a fini par se retrouver en chasse-patate. Et connaît-il le destin d’un «chasse-patate»? Se faire inexorablement rattraper par le gros de la troupe, à condition que celle-ci s’organise et collabore. Ça tombe bien, le gros de la troupe en question est en colère. Il s’appelle «peuple de gauche».
[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 15 septembre 2015.]
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