samedi 25 avril 2015

Vous avez dit "dialogue social"?

La loi Rebsamen ressemble bel et bien à une arme contre les représentants du personnel!
 
Il y a quelques jours, le journal le Monde, comme souvent dans ces cas-là, tentait de rassurer l’establishment médiatico-politique à propos du projet de loi Rebsamen sur le «dialogue social», présenté ce mercredi en Conseil des ministres. Pour le quotidien du soir, ledit texte ne «fâcherait personne» et serait même «équilibré». Même tonalité du côté de Libération, qui évoquait un «toilettage plus qu’une révolution». Tout irait donc pour le mieux dans la meilleure des France. On croit rêver. Car la CGT, FO et même la CGPME ne partagent pas du tout ce point de vue laudateur et mensonger. Si le ministre du Travail, François Rebsamen, reconnaît timidement la nécessité de doter d’une représentation les salariés des très petites entreprises, il veut en affaiblir d’emblée les prérogatives en fusionnant les instances représentatives des entreprises de moins de ­
300 salariés. À la plus grande joie des dirigeants du Medef qui ne détesteraient pas se débarrasser des comités d’entreprise et autres CHSCT, sans lesquels nous savons ce qu’il adviendrait des droits des salariés et du fameux «dialogue social». Cette extension de la délégation unique du personnel (DUP), déjà expérimentée çà et là, s’avère mortifère, d’autant que le Medef caresse un rêve: que cette loi soit un coup d’essai, avant une extension plus vaste encore, à l’ensemble des entreprises. La loi Rebsamen ressemble bel et bien à une arme contre les représentants du personnel!
 
Comme chacun peut le constater, les socialistes 
au pouvoir ont balayé l’idée d’une vraie démocratie sociale, alors que de nouveaux droits et pouvoirs d’intervention des salariés et de décision dans la gestion des entreprises seraient plus que jamais indispensables pour réorienter les choix stratégiques désastreux… Il paraît que ces idées faisaient partie des thèmes de campagne d’un certain Hollande, en 2012. Le voilà depuis trop occupé à insulter la mémoire des années 1970, celle des communistes français et celle des socialistes par la même occasion. Nous n’oublions pas, nous, que c’est ensemble qu’ils avaient élaboré à l’époque un programme commun à toute la gauche. Un programme qui parlait encore de sens politique et d’horizon social...
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 22 avril 2015.]

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