lundi 19 mai 2014

Petite analyse psycho-tactique...

Nous entrons dans une semaine décisive pour l’avenir de l’Europe, donc de la France, avec le scrutin des élections européennes dimanche 25 mai.
 
Les «gestes» tardifs laissent toujours une impression d’opportunisme, surtout à quelques jours d’une élection. Ainsi procéderions-nous intellectuellement s’il fallait établir une analyse psycho-tactique de la décision de baisser certains impôts sur le revenu, annoncée par Manuel Valls. Accordons-nous sur le fait qu’il convient plutôt de se féliciter de cette mesure de rattrapage, qui ne fera que réparer une injustice puisque des centaines de milliers de foyers très modestes avaient été mis fiscalement à contribution. Mais ne négligeons pas l’essentiel. Ce «geste» n’ouvre en rien le chemin du combat social. Car cette petite baisse pèsera peu, comparée aux augmentations de la TVA et au blocage des retraites et des prestations sociales qui liquéfieront bientôt la consommation. Ne nous étonnons donc pas des commentaires enthousiastes des éditocrates du business qui ignorent les nécessités vitales du peuple et oublient un peu vite qu’une société humaine comme la nôtre reste un amoncellement de mémoire et de poches à rancune. Et là, ce sera le cas. Des hausses d’impôts bien plus considérables sont encore à venir. Ils le cachent. Et pour cause…
 
Nous entrons en effet dans une semaine décisive pour l’avenir de l’Europe, donc de la France, avec le scrutin du 25 mai. Prenons bien la mesure. Non seulement, nous traversons plusieurs crises majeures – crise de civilisation, crise de l’économie globalisée, crise morale, etc. –, mais tout est mis en œuvre pour nous détourner d’une réelle contestation de la domination de la finance. Peu ou pas de débats, aucune controverse véritable sur les enjeux sociaux. Comme si les élections européennes n’existaient pas, ou à la marge, réduites à un passage obligé. Les libéraux de tout poil espèrent secrètement, sans oser le dire, un fort niveau d’abstention des milieux populaires afin d’échapper à la sanction qu’ils méritent. Eux le savent: plus nombreux seront les députés de la Gauche européenne, avec Alexis Tsipras, plus l’austérité reculera.
 
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 19 mai 2014.]

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