La remise du prix. |
Jean-Emmanuel Ducoin. Un grand honneur. J’ai déjà reçu des prix journalistiques dans ma vie, mais recevoir un prix littéraire dépasse de loin toutes les émotions que je pouvais imaginer. Au moins pour trois raisons. La première raison, c’est évidemment cette forme de reconnaissance d’un genre littéraire devenu rare en France, le roman-docu, et je remercie vivement les membres du jury d’avoir osé défendre cette littérature-là, à la manière d’un roman-américain. J’ai donc l’impression que ce travail a été récompensé en grande partie en raison de la structure même de ce roman, qui s’attache à faire comprendre une réalité dans toutes les complexités d’un personnage. « Le roman, cette clef des portes closes », disait Aragon. C’est exactement ce qui a guidé mon écriture, ouvrir la porte secrète d’un certain Lance Armstrong, que tout le monde croit connaître, mais qui, en réalité, est un homme plus complexe qu’imaginé. Les avis sur mon livre sont souvent contradictoires : certains disent que je suis impitoyable avec Armstrong, d’autres affirment au contraire que je suis en totale empathie. Ce n’est en vérité ni l’un ni l’autre, juste le récit d’une ambition démesurée, d’un rêve américain qui était trop beau pour être vrai. C’est d’ailleurs le propre du roman : chacun fait sa propre histoire…