Le résultat du vote en première lecture. |
Cette victoire parlementaire aura été assombrie par la bataille d’arrière-garde menée par l’opposition, qui, adossée à ce qu’il y a de pire dans l’Église catholique, a parfois réactivé un vieux fond d’homophobie, au sens le plus élémentaire de rejet et de haine de l’homosexualité. Soyons-en sûrs: dans un futur plus ou moins éloigné dans le temps, selon le degré d’imprégnation de notre universalisme collectif, quand les idées auront chassé le langage, les historiens se demanderont comment certains Français ont pu, lors d’un débat proposant l’extension d’un droit à tous, se montrer à ce point réactionnaires. En sacralisant un «ordre familial immuable», ces néo-réacs auront, en vérité, défendu ce qu’ils considèrent comme le socle fondamental de la vie sociale. Seulement voilà, la «norme» est instituée par le droit: changer le droit permet donc de desserrer l’étau des contraintes normatives...
Voyons-y un présage. C’est au lendemain de la démission de l’ultra-conservateur Benoît XVI que cette loi a été adoptée par la fille aînée de l’Église. Réjouissons-nous! Car ce progrès démontre avec quelle force la gauche peut se rassembler sur ses promesses dès lors qu’elle est mise sous surveillance citoyenne. L’exemple doit servir, car, en raison même de son incapacité à montrer le même zèle pour réorienter la politique économique, le gouvernement a alimenté la tentation d’opposer les luttes sociales aux luttes sociétales. Ce serait prétendre que les questions de couple, de la famille, de la filiation n’auraient rien à voir avec les questions économiques et sociales. Ce serait même oublier qu’un chômeur ou un précaire peuvent avoir besoin de la couverture sociale de leur partenaire, et vouloir protéger juridiquement le statut de leurs enfants. L’émancipation réclame la multiplicité des combats!
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 13 février 2013]
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