Huit ans plus tard, le Suisse s’adjuge un prologue dans le Tour. Le cinquième de sa carrière.
Depuis Liège (Belgique).
Le cyclisme a-t-il à ce point du mal à se renouveler qu’il lui faut, périodiquement, comme on offre à ses plus sympathiques contempteurs des bâtons pour se faire battre, ressortir les mêmes histoires à cauchemarder debout? Chacun le savait, le Suisse Fabian Cancellara a toujours eu l’habitude de marquer d’une pierre blanche la date du prologue du Tour dans son calendrier. N’en doutons pas. Jusque-là, le rouleur de RadioShack (équipe orpheline d’Andy Schleck) avait déjà remporté quatre victoires dans l'exercice (en comptant le contre la montre d'ouverture de Monaco en 2009, disputé sur 15,5 km). Et avec l’énorme pancarte de favori à la place du dossard, que croyez-vous qu’il arriva? Juste ce qui devait arriver…
Ajoutons que les organisateurs avaient fait ce qu’il fallait, en réservant au «Spartacus» d'opérette des pelotons un parcours identique à celui de 2004 (Liège avait déjà accueilli le Grand Départ). Cette année-là, Cancellara s’était révélé au grand public en atomisant un certain Lance Armstrong sur un parcours quasi identique et déjà tracé sur les bords de la Meuse. Huit ans plus tard, huit ans déjà, comme figé dans un obscur cauchemar d’une époque maudite, le Suisse s’est rappelé à notre mauvais souvenir. Cinquième victoire dans un prologue du Tour. Il y aurait sûrement de quoi lever notre verre: nous avons laissé le geste aux dizaines de milliers de Belges massés sur le parcours. Eux au moins n’avaient pas besoin d’un exploit de Cancellara pour se fêter eux-mêmes.
Voilà, le Suisse endosse le énième maillot jaune de sa carrière, avec sept secondes d’avance sur le Britannique Bradley Wiggins et les suiveurs, plutôt impassibles, n’ont pas brillé pas par la passion des mots. Signalons pour être honnête que «Spartacus» n'a pas flanché pour prendre une revanche quelques mois après sa désillusion au Tour des Flandres: une chute lui avait causé une triple fracture de la clavicule… Notons au passage la belle performance du Français Sylvain Chavanel, troisième, mais il est vrai à moitié adopté par le royaume depuis qu’il émarge dans une formation belge, Omega Pharma-Quick Step, avec son folklore, ses mœurs et ses soirées baraques à frites…
Enfin, lorsque le chronicoeur vous aura dit que le tenant du titre, l’Australien Cadel Evans, a quand même concédé 16 secondes sur les 6,4 kilomètres, il pourra rejoindre le « peuple belge du Tour », tellement heureux et honoré d’accueillir la caravane, qu’il en a presque oublié, l’espace de quelques heures, qu’il était lui aussi constitutif de cette histoire. Franchement, que serait le cyclisme sans la Belgique?
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