Si la sagesse et la raison critique gagnent (enfin) du terrain dans cette campagne électorale, le Front de Gauche n’y est pas pour rien.
Gauche. Drôle de dépaysement en notre pays lui-même, où le simplisme devient expédient, où tout se transforme en vérité, où la paresse d’esprit – et le minimum d’informations – s’érige en fréquentation publique. Lu cette semaine dans un grand magazine populaire, cette citation de François Mitterrand datant de 1986: «J’affirme que pour la France hospitalière les immigrés sont chez nous chez eux.» La justesse du propos, nous renvoyant vingt-cinq ans en arrière, n’est évidemment pas en cause. Ce qui chagrine le lecteur toujours munis de lunettes double-foyers? Le commentaire qui suit cette noble évocation. Ainsi peut-on lire ces mots: «Quel candidat oserait aujourd’hui prononcer une telle phrase?», demande la journaliste, visiblement peu informée des propositions et des paroles des acteurs du Front de Gauche, par exemple… Et celle-ci d’ajouter: «La gauche rivalise de prudence pour défendre les derniers entrants contre une xénophobie d’Etat de moins en moins refoulée.» Notre irritation atteignit alors des sommets. Car de quelle «gauche» parle-t-on là, sinon de la gauche dite «socialiste» incarnée par son candidat François Hollande, qui, en ce domaine comme en bien d’autres, ne dispose ni du monopole de la gauche et encore moins du passeport des idées aux estampilles «progressistes».
Signe. A plein régime, la machine à câliner qu’est devenue la communication se déchaîne à tous les échelons d’une société sens dessus dessous. D’un côté, les instrumentalisations des peurs du matin au soir, les manoeuvres ordurières des Nicoléon, Guéant, Hortefeux et autres Le Pen, papa et fifille-la-voilà, dont l’axiome dénominateur reste la division des citoyens entre eux pour les maintenir dans un état de dépendance morale et subjective. De l’autre côté, cette satanée «prudence» érigée en camp, celui dit de «gauche», réduit, pour l’instant, à sa fraction hégémonique: le parti socialiste. Cette espèce de fuite du réel révèle la panique des «élites» et sa déconnexion du monde tel qu’il est. D’autant qu’elle ne résiste pas à une double observation.
mardi 28 février 2012
samedi 18 février 2012
Front(s): éloge militant à Jean-Luc Mélenchon...
Le candidat à la présidentielle est devenu ce que certains souhaitaient et ce que d’autres n’imaginaient pas: un accélérateur de dynamisme.
Idéal. Mais quel est, comme disait Jaurès, «l’idéal supérieur» qui éloignerait le nihilisme tout en chassant le «parlementarisme mesquin, absorbé par des besognes incohérentes ou égaré dans de misérables intrigues»? Comment le nommer, sinon «société nouvelle», proclamée de tout temps par les traditions socialistes et/ou communistes, portant en elles le plus noble effort de combat des nécessiteux et des travailleurs, et l’une des plus essentielles contributions de pensée depuis des siècles? En ces temps de tempêtes, ici-et-maintenant, comment revivifier l’idéal marxiste de propriété sociale des moyens de production, donnant un fondement réel, concret, à la liberté de tous harmonisée aux activités collectives, en le mariant avec la flamme républicaine, celle par laquelle la nation se constitue en tant qu’idéal commun?
Mélenchon. Que les lecteurs pardonnent la vivacité trop solennelle de ces mots. Voyez-vous, le bloc-noteur se trouve parfois, trop rarement, porté par un enthousiasme qu’il ne saurait cacher, faute de trahir la cause à laquelle nous nous assignons tous, nous autres héritiers de l’Idée: le progrès de l’humanité. En l’espèce, le candidat à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, suscite en nous un optimisme qui dépasse de beaucoup le strict cadre des seuls partisans engagés du Front de gauche. Favorisant dans un même mouvement la mobilisation des militants de toutes les organisations de la coalition du Front (tous plus enclins, rappelons-le au passage, à défendre des idées qu’à jouer les supporters d’un guide suprême) et la diffusion par capillarité dans le corps social d’un discours commun de très haute ampleur, parvenant à la fusion entre l’idéal communiste-marxien et l’idéal républicain, Mélenchon est devenu ce que certains souhaitaient et ce que d’autres n’imaginaient pas: un accélérateur de dynamisme. Et c’est peu dire.
Idéal. Mais quel est, comme disait Jaurès, «l’idéal supérieur» qui éloignerait le nihilisme tout en chassant le «parlementarisme mesquin, absorbé par des besognes incohérentes ou égaré dans de misérables intrigues»? Comment le nommer, sinon «société nouvelle», proclamée de tout temps par les traditions socialistes et/ou communistes, portant en elles le plus noble effort de combat des nécessiteux et des travailleurs, et l’une des plus essentielles contributions de pensée depuis des siècles? En ces temps de tempêtes, ici-et-maintenant, comment revivifier l’idéal marxiste de propriété sociale des moyens de production, donnant un fondement réel, concret, à la liberté de tous harmonisée aux activités collectives, en le mariant avec la flamme républicaine, celle par laquelle la nation se constitue en tant qu’idéal commun?
Mélenchon. Que les lecteurs pardonnent la vivacité trop solennelle de ces mots. Voyez-vous, le bloc-noteur se trouve parfois, trop rarement, porté par un enthousiasme qu’il ne saurait cacher, faute de trahir la cause à laquelle nous nous assignons tous, nous autres héritiers de l’Idée: le progrès de l’humanité. En l’espèce, le candidat à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, suscite en nous un optimisme qui dépasse de beaucoup le strict cadre des seuls partisans engagés du Front de gauche. Favorisant dans un même mouvement la mobilisation des militants de toutes les organisations de la coalition du Front (tous plus enclins, rappelons-le au passage, à défendre des idées qu’à jouer les supporters d’un guide suprême) et la diffusion par capillarité dans le corps social d’un discours commun de très haute ampleur, parvenant à la fusion entre l’idéal communiste-marxien et l’idéal républicain, Mélenchon est devenu ce que certains souhaitaient et ce que d’autres n’imaginaient pas: un accélérateur de dynamisme. Et c’est peu dire.
jeudi 16 février 2012
La droite extrême de Nicolas Sarkozy
Lorsque le chef de l'Etat claironne «liberté, égalité, fraternité», nous avons la douloureuse impression qu’il pense «travail, famille, patrie»…
Élysée, son beau Palais: quand l’annonce du minable remplace la promesse d’un destin, l’être-ensemble désintéressé s’efface pour céder la place à un océan de haines démonté. Palais, son beau miroir: quand la démocratie ne désigne plus la capacité à mener collectivement des luttes pour le bien commun mais à imposer avec violence des luttes entre personnes, pour rien, sauf le profit de quelques-uns. Oui. La pente est à l’odieux. Et si Nicolas Sarkozy, depuis cinq ans, nous a familiarisés avec l’infâme à tous les étages, il a franchi ces derniers jours une nouvelle frontière de l’inacceptable en choisissant ses thèmes de précampagne – et le pire reste sûrement à venir.
Dans sa ligne de mire: les chômeurs, la famille traditionnelle et les étrangers. Sa longue explication dans le Figaro Magazine donne la nausée. Le prince-président y évoque les «valeurs» (sic), celles d’une droite extrême architecturées comme sur un champ de bataille. Officiellement décryptée, la feuille de route ressemble à la suivante : travail, responsabilité, autorité. Autant de marqueurs qui obscurcissent l’horizon et nous confirment dans notre conviction que cette droite-là, prise dans un mouvement d’involution qui stupéfie d’effroi, n’en a décidément pas fini avec la vieille France rance et réac. Que voulez-vous. Lorsque Sarkozy claironne «liberté, égalité, fraternité», nous avons la douloureuse impression qu’il pense «travail, famille, patrie»…
Élysée, son beau Palais: quand l’annonce du minable remplace la promesse d’un destin, l’être-ensemble désintéressé s’efface pour céder la place à un océan de haines démonté. Palais, son beau miroir: quand la démocratie ne désigne plus la capacité à mener collectivement des luttes pour le bien commun mais à imposer avec violence des luttes entre personnes, pour rien, sauf le profit de quelques-uns. Oui. La pente est à l’odieux. Et si Nicolas Sarkozy, depuis cinq ans, nous a familiarisés avec l’infâme à tous les étages, il a franchi ces derniers jours une nouvelle frontière de l’inacceptable en choisissant ses thèmes de précampagne – et le pire reste sûrement à venir.
Dans sa ligne de mire: les chômeurs, la famille traditionnelle et les étrangers. Sa longue explication dans le Figaro Magazine donne la nausée. Le prince-président y évoque les «valeurs» (sic), celles d’une droite extrême architecturées comme sur un champ de bataille. Officiellement décryptée, la feuille de route ressemble à la suivante : travail, responsabilité, autorité. Autant de marqueurs qui obscurcissent l’horizon et nous confirment dans notre conviction que cette droite-là, prise dans un mouvement d’involution qui stupéfie d’effroi, n’en a décidément pas fini avec la vieille France rance et réac. Que voulez-vous. Lorsque Sarkozy claironne «liberté, égalité, fraternité», nous avons la douloureuse impression qu’il pense «travail, famille, patrie»…
mardi 14 février 2012
Les "affaires" en Sarkozye: la République salie
Les «affaires», elles aussi, sont emblématiques du sarkozysme: la domination des intérêts privés sur l’intérêt général.
De quoi le cas Éric Woerth est-il le nom? Au-delà de l’homme et de son pitoyable destin de porte-tiroir-caisse de la Sarkozye triomphante, la trajectoire de l’ex-trésorier de l’UMP donne à voir l’abîme vertigineux entre les postures et les actes de ceux qui nous gouvernent depuis trop longtemps, subordonnés à des puissances qui n’ont qu’un lointain rapport avec les vertus républicaines. Suspecté d’avoir perçu de la milliardaire Bettencourt des sommes dépassant le plafond légal, lors de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, Éric Woerth est aujourd’hui un ancien ministre déchu, qui n’a pourtant pas perdu l’oreille du président. Et que nous dit la bande-son de ce monde caché? Que la République agonise. Mortellement blessée d’avoir été salie de fond en comble depuis cinq ans…
dimanche 12 février 2012
Civilisation(s): Claude Guéant ou l'odieux sentiment de supériorité
En flattant les penchants les moins civilisés (précisément) de nos concitoyens et en réactivant le «choc des civilisations», les nicoléoniens réitèrent en grand l’opération de l’«identité nationale».
Mots. Pour aller «au bout de la possibilité misérable des mots» (Bataille), à l’épreuve de la cruauté ressentie au-delà de l’âme, nous savons que toutes les formes de totalitarisme débutent par des mots... Pour Nicoléon et son aboyeur à pas de Guéant, il y aurait donc des civilisations «supérieures» à d’autres. La question – absurde mais récurrente dans notre tradition ethnocentrique occidentale – est à nouveau posée dans le cadre d’un processus électoral. Au nom d’un supposé «relativisme de gauche», elle serait taboue. Or, ce n’est ni par relativisme ni par tabou que nous refusons l’intitulé même, mais par Raison. Cette Raison qui, au XXIe siècle, devrait nous inviter à considérer toute volonté classificatrice comme une aberration et l’expression ultime du sentiment de supériorité, dont on sait, par l’histoire, qu’elle déclenche la foudre et attise les excès. Guéant veut nous dire: «Je suis supérieur à toi, donc je te domine.» En flattant les penchants les moins civilisés (précisément) de nos concitoyens en manque d’estime d’eux-mêmes et en réactivant le «choc des civilisations», au moment où la crise sociale atteint des sommets de destruction des vies, les nicoléoniens réitèrent en grand l’opération de l’«identité nationale» avec pour but de ressouder l’électorat ultra-droitier tout en éloignant les Français de l’essentiel. Stratégie électoraliste? Oui. Mais pas seulement. L’implacable mécanique de la logique des «boucs-émissaires» par temps de crise est désormais une marque de fabrique de la droite umpéiste et frontiste. Leur fond de commerce? Ni la crise sociale, ni les injustices, ni les inégalités... mais la peur de l’autre.
Mots. Pour aller «au bout de la possibilité misérable des mots» (Bataille), à l’épreuve de la cruauté ressentie au-delà de l’âme, nous savons que toutes les formes de totalitarisme débutent par des mots... Pour Nicoléon et son aboyeur à pas de Guéant, il y aurait donc des civilisations «supérieures» à d’autres. La question – absurde mais récurrente dans notre tradition ethnocentrique occidentale – est à nouveau posée dans le cadre d’un processus électoral. Au nom d’un supposé «relativisme de gauche», elle serait taboue. Or, ce n’est ni par relativisme ni par tabou que nous refusons l’intitulé même, mais par Raison. Cette Raison qui, au XXIe siècle, devrait nous inviter à considérer toute volonté classificatrice comme une aberration et l’expression ultime du sentiment de supériorité, dont on sait, par l’histoire, qu’elle déclenche la foudre et attise les excès. Guéant veut nous dire: «Je suis supérieur à toi, donc je te domine.» En flattant les penchants les moins civilisés (précisément) de nos concitoyens en manque d’estime d’eux-mêmes et en réactivant le «choc des civilisations», au moment où la crise sociale atteint des sommets de destruction des vies, les nicoléoniens réitèrent en grand l’opération de l’«identité nationale» avec pour but de ressouder l’électorat ultra-droitier tout en éloignant les Français de l’essentiel. Stratégie électoraliste? Oui. Mais pas seulement. L’implacable mécanique de la logique des «boucs-émissaires» par temps de crise est désormais une marque de fabrique de la droite umpéiste et frontiste. Leur fond de commerce? Ni la crise sociale, ni les injustices, ni les inégalités... mais la peur de l’autre.
jeudi 9 février 2012
Sacré(s): quand Régis Debray nous parle de symbolisme...
Le nouveau livre du médiologue se penche sur la propension de l'humanité à nimber le périssable d'un voile d'éternité. Et il demande : "Qu'est-ce que les hommes qualifient de sacré?"
Debray. «Nous savons ce qu’il entre d’artifice dans le hissage d’un individu ou d’une date en clé de voûte mythique, qui fait tenir la charpente.» Régis Debray ne plaisante pas avec le sacré. Le sacré le lui rend bien. Dans un univers débauché de simagrées télévisuelles et de deuil capital – celui du père comme symbole, par exemple – que les peuples ne parviennent pas à compenser, nous constatons l’effacement de l’Idée de grandeur ou d’incarnation dans quelque chose qui nous dépasse. Quelques hurluberlus d’arrière-salles républicaines traînent heureusement le pas et ne se lassent pas du sacré, qui «porte encore beau, si l’on en croit les lieux et moments que l’on continue de qualifier ainsi». Avec son dernier livre au titre évocateur, Jeunesse du sacré (Gallimard), le philosophe, médiologue et désormais membre de l’Académie Goncourt se penche sur les représentations du sacré, bien au-delà de la sphère religieuse, et la propension de l’humanité à nimber le périssable d’un voile d’éternité. Précaution utile, Régis Debray prévient d’emblée: «Sacré n’est pas divin.» Avant de nous resituer dans l’épaisseur du temps : «Dieu, c’est –700 avant J.-C., le sacré,
-100.000: la première sépulture.» Dans sa longue entreprise visant à déconstruire, au sens derridien du verbe, ce qui, au cœur de notre société, se délite et perd de sa substance, Régis Debray tente de répondre à une question: «Qu’est-ce que les hommes qualifient de sacré? Où, quand et pourquoi?»
-100.000: la première sépulture.» Dans sa longue entreprise visant à déconstruire, au sens derridien du verbe, ce qui, au cœur de notre société, se délite et perd de sa substance, Régis Debray tente de répondre à une question: «Qu’est-ce que les hommes qualifient de sacré? Où, quand et pourquoi?»
mardi 7 février 2012
Cyclisme: Alberto Contador avait une date de péremption...
En toute logique, le coureur espagnol est suspendu et déchu de ses titres gagnés depuis deux ans. Dont le Tour 2010...
«Tant qu’on ne m’aura pas démontré que le boucher est coupable, je ne pourrai pas croire en son innocence.» Au-delà de l’ironie dont il a le secret, Cyrille Guimard résume bien la situation. Autant le dire, nous partageons le sentiment de l'ancien directeur sportif de Hinault et Fignon: la ligne de défense d’Alberto Contador ne tenait pas la route et les vieux briscards du vélo, qui, pour la plupart, ont perdu leur innocence au gré des scandales et des intérêts croissants d’investisseurs pharmaco-mafieux, avaient depuis longtemps choisi leur camp sans attendre les dix-huit mois d’une procédure interminable et la lecture des 4 000 pages du dossier.
En toute logique, les trois juges du TAS n’ont donc pas retenu l’argument du coureur espagnol, qui, sans preuves ni témoignages, avait évoqué une intoxication alimentaire à la viande contaminée par le clenbutérol pour expliquer son contrôle positif subi à Pau, en juillet 2010. Un mensonge de plus? Et le mythe du Tour une nouvelle fois profané? Face à un public qui réclame désormais une transparence non négociable, ne nous plaignons pas que le TAS ait eu la main lourde. S’abat ainsi sur Contador une espèce de justice immanente que nous n’attendions plus: suspendu et déchu de tous les titres accumulés pendant deux ans, dont le Tour 2010, récupéré par Andy Schleck. Le Luxembourgeois pourra s’enrouler dans son beau maillot jaune dont il rêvait tant… Il rejoint au palmarès un certain Lance Armstrong: pour ceux qui veulent encore y croire, ce dernier restera en effet l’homme ayant gagné sept Tours sans se doper, puisque la justice américaine – à la surprise générale – vient d’abandonner toute poursuite à son encontre…
Pendant que d’autres sports refusent de remuer les ordures et se pincent le nez en regardant ailleurs, le cyclisme trace sa route: il ne nous offre que de faux vainqueurs avec une date de péremption ne dépassant pas les dix ans. La dernière victoire d’Armstrong sur le Tour remonte à 2005. Gardons espoir.
«Tant qu’on ne m’aura pas démontré que le boucher est coupable, je ne pourrai pas croire en son innocence.» Au-delà de l’ironie dont il a le secret, Cyrille Guimard résume bien la situation. Autant le dire, nous partageons le sentiment de l'ancien directeur sportif de Hinault et Fignon: la ligne de défense d’Alberto Contador ne tenait pas la route et les vieux briscards du vélo, qui, pour la plupart, ont perdu leur innocence au gré des scandales et des intérêts croissants d’investisseurs pharmaco-mafieux, avaient depuis longtemps choisi leur camp sans attendre les dix-huit mois d’une procédure interminable et la lecture des 4 000 pages du dossier.
Pendant que d’autres sports refusent de remuer les ordures et se pincent le nez en regardant ailleurs, le cyclisme trace sa route: il ne nous offre que de faux vainqueurs avec une date de péremption ne dépassant pas les dix ans. La dernière victoire d’Armstrong sur le Tour remonte à 2005. Gardons espoir.
[ARTICLE publié dans l'Humanité du 7 février 2012.]
(A plus tard...)
samedi 4 février 2012
La Commune de Paris, selon Karl Marx...
Contemporain actif de l’insurrection de 1871, l’auteur du Manifeste et du Capital rallie rapidement la cause des communards sans jamais oublier le traumatisme de 1848. Sur le moment,
Marx propose aussi un «bilan» de la Commune inscrit dans la question de l’État.
«Jusqu’à présent, les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de diverses manières ; ce qui importe, c’est de le transformer.» (1) Philosophe jusqu’au bout de l’âme, Karl Marx a toutefois élaboré un travail d’historien politique moins déterministe qu’on ne le dit parfois. Pleinement contemporain des événements de 1871, l’homme, né en 1818, affiche avec volupté et gourmandise sa force de l’âge comme sa maturité théorique – mâtinée d’un soupçon de méfiance à l’endroit des mouvements compulsifs. Plutôt circonspect pour ne pas dire hostile dans un premier temps au surgissement des événements qui couvent depuis plusieurs mois dans cette France belliqueuse, Marx écrit en février 1871: «La classe ouvrière se trouve placée dans des circonstances extrêmement difficiles», et l’insurrection «serait une folie désespérée». Comment et pourquoi l’homme du Manifeste se montre-t-il si prudent face à la révolte grondante ?
«Jusqu’à présent, les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de diverses manières ; ce qui importe, c’est de le transformer.» (1) Philosophe jusqu’au bout de l’âme, Karl Marx a toutefois élaboré un travail d’historien politique moins déterministe qu’on ne le dit parfois. Pleinement contemporain des événements de 1871, l’homme, né en 1818, affiche avec volupté et gourmandise sa force de l’âge comme sa maturité théorique – mâtinée d’un soupçon de méfiance à l’endroit des mouvements compulsifs. Plutôt circonspect pour ne pas dire hostile dans un premier temps au surgissement des événements qui couvent depuis plusieurs mois dans cette France belliqueuse, Marx écrit en février 1871: «La classe ouvrière se trouve placée dans des circonstances extrêmement difficiles», et l’insurrection «serait une folie désespérée». Comment et pourquoi l’homme du Manifeste se montre-t-il si prudent face à la révolte grondante ?
jeudi 2 février 2012
Modèle allemand : le leurre de Merkozy...
Depuis dix ans, les dirigeants allemands ont mis en place un cocktail parfaitement néolibéral. Le mythe ne résiste pas à l'examen critique...
À l’image des civilisations, les genres déclinent et disparaissent. Pas les habitudes… Il en est une qui nous revient périodiquement et constitue l’un des jeux favoris de tous les éditocrates libéraux en mal d’inspiration (double pléonasme): le goût pour les modèles politiques et économiques. Souvenez-vous. Ce fut d’abord le petit dragon celtique irlandais, présenté comme le «paradis fiscal» des entreprises à la mode. Puis ce fut le mirage espagnol, l’«eldorado» de la croissance. Les critiquer valait condamnation immédiate. Ces deux exotismes économiques ayant fait long feu, pour le plus grand malheur de leurs peuples, nos donneurs de leçons ont depuis trouvé leur nouveau viatique: l’Allemagne. Depuis plus d’un an, les petits serviteurs de la finance récitent leur leçon bien gentiment devant tous les micros: «Le libéralisme, ça marche. Voyez l’Allemagne!»
Pour endiguer les effets de la crise, Nicolas Sarkozy a donc transformé l’Allemagne en argument de campagne électorale. L’Allemagne comme unique référence. Le récit fantasmé que nous sert à souhait le chef de l’État aurait d’ailleurs de quoi irriter les proches du candidat François Hollande, si certains n’étaient eux aussi attirés par l’encombrant modèle dont le mythe fonctionne comme alibi.
À l’image des civilisations, les genres déclinent et disparaissent. Pas les habitudes… Il en est une qui nous revient périodiquement et constitue l’un des jeux favoris de tous les éditocrates libéraux en mal d’inspiration (double pléonasme): le goût pour les modèles politiques et économiques. Souvenez-vous. Ce fut d’abord le petit dragon celtique irlandais, présenté comme le «paradis fiscal» des entreprises à la mode. Puis ce fut le mirage espagnol, l’«eldorado» de la croissance. Les critiquer valait condamnation immédiate. Ces deux exotismes économiques ayant fait long feu, pour le plus grand malheur de leurs peuples, nos donneurs de leçons ont depuis trouvé leur nouveau viatique: l’Allemagne. Depuis plus d’un an, les petits serviteurs de la finance récitent leur leçon bien gentiment devant tous les micros: «Le libéralisme, ça marche. Voyez l’Allemagne!»
Pour endiguer les effets de la crise, Nicolas Sarkozy a donc transformé l’Allemagne en argument de campagne électorale. L’Allemagne comme unique référence. Le récit fantasmé que nous sert à souhait le chef de l’État aurait d’ailleurs de quoi irriter les proches du candidat François Hollande, si certains n’étaient eux aussi attirés par l’encombrant modèle dont le mythe fonctionne comme alibi.