vendredi 9 juillet 2010

Tour : Cavendish retombe de son nuage... et regagne !

Il avait jadis l’arrogance des crâneurs auxquels tout réussis. Mais cette arrogance enfantée dans le talent strict (ne l’oublions jamais quand même) n’était qu’une façade, qu’une fragilité immense. En deux jours, l’Anglais Mark Cavendish a prouvé que, sportivement du moins, il était toujours à la hauteur de sa réputation: capable du meilleur comme du pire. Nous n’avons aucune excuse. Nous ne nous étions pas seulement habitués, mais carrément attachés, à son côté bad boy, à son côté vraiment méchant, à ses sorties verbales, à ses entourloupes de petit merdeux, à ses sprints hallucinés…

En effet, personne n’oubliera désormais son bras d’honneur et ses deux doigts montrés bien haut à ses détracteurs, après l’une de ses rares victoires de la saison, au Tour de Romandie. Et puis, comme une apothéose, nous nous passons en boucle ce strike invraisemblable lors d’une arrivée au Tour de Suisse, qui lui valut d’être pénalisé.

Le bad boy, dont le frère a été condamné à la prison, devenait incontrôlable, énervé en toutes circonstances avec ses manières de chasseur de primes que rien n'apaise. Et puis, mercredi soir, après sa première victoire à Montargis, l’homme s’est rappelé au cycliste. Enfin l’homme: il n’a que 25 ans… et derrière cet âge se devine encore la juvénilité de l’ado attardé, gâté par la vie et le sport, harcelé par les médias, noyé de fric…

Bob Stapleton, le manager du sprinter de l’île de Man, analyse: «L’image de bad boy, c’est pratique pour tout le monde, pour les fans et la presse. De l’intérieur, nous savons qui Mark est vraiment.» Sous-entendu: nous avons affaire à un vrai sensible… Et Stapleton ajoute: «Nous lui avons toujours conseillé d’être lui même, de dire ce qu’il a sur le coeur, d’être spontané. C’est le coureur à la personnalité la plus intéressante, dans un milieu où la plupart des coureurs disent ce qu’on attend d’eux et sont, pour l’essentiel, ennuyeux à mourir.»

Alors, mercredi soir, qu’a donc fait Cavendish ? Il a été lui-même et il a pleuré. Disons même qu’il a carrément chialé, comme un gamin que sa grand-mère vient de tancer, ce qui ne manquait pas de paraître suspect à beaucoup d'entre nous. En conférence de presse, il expliquait: «L'équipe avait réalisé de belles choses depuis le départ mais les choses n'avaient pas tourné dans le bon sens. Le cyclisme c'est si spécial pour moi. J'adore cela, c'est ma vie. Plus vous aimez quelque chose et plus vous vous investissez dedans. C'est à double tranchant: le côté positif, c'est que quand ça marche, on est sur un nuage et tout le monde attend encore plus de vous. Le côté négatif, c'est que tout le monde veut vous faire revenir sur terre en utilisant la moindre chose pour vous faire tomber. Et quand cela se passe mal, la chute est dure. Je suis retombé de mon nuage.»

Ce vendredi, après avoir gagné sa deuxième victoire de rang à Gueugnon, il a de nouveau confessé que son comportement le mettait parfois en difficulté: «Je pense qu'il n'y a pas de fumée sans feu, avoue-t-il. Et que parfois quand certaines personnes ont attisé la polémique sur ma personnalité, moi j'ai aussi jeté de l'huile sur le feu. Je pense que c'est ce qui s'est passé.» Pour un peu, on serait d'accord avec Bob Stapleton: Cavendish est un type intriguant. Non?

(A plus tard…)

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